À travers mes paupières closes, je perçois la lumière du jour qui enveloppe la pièce. Quand j'ouvre les yeux, ils tombent sur les rideaux noirs que je vois tous les matins depuis maintenant une semaine. Je sens un poid peser sur mon ventre. Et, encore à moitié endormie, je tente de le pousser, mais ça ne bouge pas d'un cil.
- Hadès, enlève ton bras de là.
Dis-je dans un semi-murmure.
- Non.
Me répond-il simplement d'une voix encore plus rauque que d'habitude. Il se rendort presque instantanément.
Je n'ai pas revu ma chambre depuis le soir où il m'a exigé de dormir avec lui. Il a demandé à Agathe de déplacer toutes mes affaires dans la sienne. À présent, même dans mon sommeil, j'ai l'impression d'être surveillée. Au moins je suis sûr qu'il ne m'arrivera rien. À part si c'est lui qui décide de me tuer, évidemment ! Je regarde l'immense horloge sur le mur d'en face. Huit heures trente. Cherry devrait arriver dans très peu de temps. Je pousse un long soupir et m'oblige à me lever, envoyant le bras d'Hadès rebondir sur le matelas.
- Putain, Adeliza.
Grogne-t-il en se redressant.
- Tu n'as qu'à respecter mon espace personnel. Je ne te gênerai pas comme ça.
Un rire quitte ses lèvres et il se passe une main sur le visage. Qu'est-ce qui le fait rire ?
- Mesure de sécurité. Je suis sûr que tu ne fais pas de bêtises comme ça.
Son regard exprime clairement qu'il a quelque chose derrière la tête. Ce n'est que quand je le vois glisser le long de mon corps que je comprends. J'avais totalement oublié que, dans la nuit, j'avais retiré mon bas de pyjama à cause de la chaleur. Je pars me réfugier dans la salle de bain et de là l'entend rire de plus belle.
Je me déshabille rapidement et me glisse sous l'eau tiède. Il fait une chaleur accablante dans sa chambre. Dans la mienne, il faisait bon et je pouvais prendre des douches chaudes. Mais dans la sienne, c'est impossible. Je ne comprends pas cette variation de température !
Pendant que le liquide coulisse sur mes cheveux, je me plonge dans mes pensées.
On s'est ignoré durant les trois jours qui ont suivi notre dispute. Il y avait comme une sorte de malaise entre nous qui ne se dissipait pas. À vrai dire, après ce qui s'est passé, c'était plutôt normal. Ça en a dis plus sur nous qu'on ne le voudrait. Mais être dans la même chambre et ne pas se parler n'était clairement pas vivable. On a dû se forcer à se tolérer. C'est lui qui a fait le premier pas, si on peut appeler ça comme ça. Il m'a titillé à plusieurs reprises et j'ai fini par céder. J'ai arrêté de l'ignorer.
Depuis cette fameuse nuit, j'ai l'impression que tout a changé radicalement. Son éternel regard noir ne le quitte pas quand j'ose le provoquer, cependant, il y a comme quelque chose en plus. Son rire, habituellement sarcastique, me paraît limite réel à certains moments. Son narcissisme m'insupporte toujours autant, mais le dégoût que je ressentais à son encontre s'amenuise au fil du temps.
"Je sais que ce que je t'ai dit semble ridicule après ce qu'il s'est passé mais, je maintiens que ce n'est pas un homme mauvais."
Les mots d'Agathe me reviennent en tête. Elle les avait prononcés le lendemain de mon arrivée ici. J'ai l'impression que c'était il y a une éternité. Comme pour me remettre les pieds sur terre, de nombreux souvenirs me reviennent en mémoire. Des images que j'aimerais pourtant oublier. Instinctivement, mes doigts caressent ma cicatrice sur ma cuisse et part ce toucher, je pourrais presque ressentir la douleur qui m'avait traversé. Je sors la tête de l'eau avec une impression d'étouffer. De me noyer. Je crois que je me suis enfermée dans le déni en croyant que j'avais surpassé tout ça. Et bien non. Ces plaies ouvertes restent enfouis à l'intérieur de moi.
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Hadès
Romance« - Où sommes-nous ? Il se penche en avant, posant ses mains sur les accoudoirs de la chaise. Son souffle s'abat sur moi lorsqu'il prononce ces mots, - En enfer. » Les poignets liés, le corps endoloris, Adeliza ne sait pas où elle se trouve. Les qu...