Chapitre 8

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Cela fait maintenant plusieurs minutes que je cours ne sachant même pas où est-ce que je vais. Mes pas sont uniquement guidés par la volonté de fuir la Bête. Le plus loin possible. La réussite de ma fugue peut vite tourner au drame s'il venait à me retrouver. Il ne faut pas que cela arrive.

Je ne veux pas que ça arrive.

Même si mes chances de le fuir pour de bon se rapproche de zéro.

Ils sont en voiture.
Je suis à pied.
Ils peuvent me rattraper à n'importe quel moment.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine, m'empêchant de respirer correctement. Malgré mes multiples efforts, mes poumons ne veulent pas coopérés. Les muscles de mes cuisses semble avoir pris feu. Rester assise sur cette maudite chaise m'a accablé plus que je ne le pensais. Mes yeux sont aveuglés par des larmes de nerf. Tout ce que j'ai retenu depuis que je suis enfermée au manoir s'est décidé à sortir maintenant. D'une main, je les chasse, me concentrant uniquement sur le fait d'avancer. Courir.

Je suis perdu au milieu de nulle part. Je ne sais pas où je suis. Il n'y a qu'une seule route qui se déroule en ligne droite. Heureusement pour moi, je suis plongée dans de hautes herbes qui me dissimule en grande partie. Il est pratiquement impossible de me voir du premier coup œil. Cependant, de nombreuses branches me lacère les jambes et m'handicape dans ma progression. Mes pieds me font affreusement souffrir. C'est comme s'ils étaient en contact directe avec un brasier.

Je tente de calmer ma respiration haletante.

Inspire.
Expire.

Sous ce soleil de plomb, l'air est lourd. De la sueur perle sur mon front. J'ai horriblement chaud. Je sens mon t-shirt ne faire plus qu'un avec ma peau. C'est une sensation désagréable qui me fait grimacer de dégoût. Seules quelques brises fraîches me procure un peu de répis.

Un cri de surprise quitte mes lèvres lorsque mes orteils percutent un rocher, me faisant basculer en avant. D'une manière lamentable, je m'étale au sol, le visage tapissé de terre. Mes mains désormais parsemé de petits cailloux sont douloureuses, probablement égratignées. Je reste ainsi pendant de longues secondes comme assommée par cette chute. Mais je ne peux pas rester là. Puisant dans mes dernières forces, je me remet doucement debout. Je chancelle légèrement puis pousse un énième long soupire en signe d'encouragement. Et sans perdre d'avantage de temps, reprend ma course. Je pense avoir de l'avance sur eux. Il ne faut pas que je la perde.

A pars le bruit de mes pas qui frappent dans la poussière et quelques oiseaux qui chantent, il n'y a aucun son. L'atmosphère qui m'entoure est silencieuse.

Trop silencieuse.

Je devrais entendre quelques choses. Un bruit de moteur, de pneu qui crissent. Celui d'une voiture qui fend l'air à toute vitesse. Même des grognements de rage, s'il le faut. N'importe quoi.

Ont-ils finalement abandonné ?
Impossible.

Hadès doit être à ma recherche, réfléchissant déjà à ce qu'il me fera subir s'il me rattrape. Toutes les idées les plus tordus sont sûrement en train de se bousculer les unes après les autres dans son esprit de psychopathe. Je peux d'ores et déjà dire adieu à ma potentielle future chambre, j'espère d'ailleurs, ne jamais revoir cette pièce sordide. Si par malheur, il me retrouve...

Non !

Il me suffit de courir, encore.
Encore et encore.
Sans m'arrêter.
Je dois juste tenir un peu.
Juste un peu.

Les rayons ultraviolets qui transpercent le ciel m'aveuglent. De petites tâches blanches encombrent mon champ de vision. Sous la puissance de l'astre de feu, j'ai la sensation de fondre littéralement. Tout paraît au ralenti, épuisé par cette forte chaleur.

Hadès Où les histoires vivent. Découvrez maintenant