Chapitre 35

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Point de vue Hadès

- Où est-ce qu'elle logera ?

Me demande Adeliza, appuyée contre l'encadrement de la porte en me regardant me préparer. On est rentré depuis plus de deux heures maintenant et je dois maintenant partir récupérer la fille. Adelio se sert de moi, pour ne pas changer. Je frissonne de satisfaction d'avance à l'idée que ce sera bientôt la fin. Je me tourne vers elle.

- Ici.

Je réponds simplement. Sans pouvoir le cacher, ses sourcils se soulèvent de surprises, voire d'agacement. J'ai bien compris que cette nouvelle danseuse ne l'enchantait pas. Elle fait passer ça pour de la colère envers les pratiques de recrutement du Rosalinda mais je suis persuadé que ce n'est pas ça.

- Vois le bon côté des choses, tu auras de la compagnie.

Je l'entends soupirer longuement.

- Bof. Dobby me suffit amplement.

Sans rien ajouter, elle s'en va. Serait-ce de la jalousie qui a résonné dans sa voix ? Comme un malade, je rigole seul en quittant la chambre à mon tour. Je la retrouve assise ou plutôt affalée dans le canapé, l'oiseau sur son épaule. Keith arrive au même moment.

- Tu m'as pris un baby-sitter ?

S'offusque-t-elle. Il était évident que je n'allais pas la laisser sans surveillance. Elle joue peut-être la petite fille sage depuis quelque temps, mais je ne sous-estime pas pour autant son intelligence. Elle va donc attendre tranquillement mon retour en compagnie de Keith.

- Il y a plus nul comme baby-sitter quand même !

Dit ce dernier en levant deux bières. Je lève les yeux au ciel. Et moi qui croyais que c'était un de mes hommes les plus sérieux !

Préférant ne rien dire, je quitte le domaine tandis que la pression monte douloureusement en moi. Je vais recommencer. Je l'ai fait qu'une fois. Pour Adeliza. Et je n'ai pas franchement envie de réitérer l'expérience. Mais je n'ai a priori pas réellement le choix. Quand Adelio et moi avons signé, je me suis engagé à suivre ses ordres au doigt et à l'œil. Qu'est-ce que je n'aurai pas fait pour Mira ? Finalement, ça n'a servi à rien. J'ai juste vendu mon âme au Diable.

J'entre dans la voiture et démarre sans attendre. Je file tout droit vers le club le plus aimé de la ville. La patronne est dans la confidence, j'ai des parts dans la société qui nous permet à tous les collaborateurs de piocher dedans pour le Rosalinda. En jouant avec les caméras de surveillance et tout ce qui va avec, elle nous protège des regards indiscrets. À la base, pour le show, il ne devait y avoir que trois danseuses, mais la gourmandise d'Adelio a fait qu'elles sont à présent sept. Bientôt huit.

Je vais devoir revêtir mon masque de criminel. Je l'ai laissé dans le tiroir pendant trop longtemps. J'ai été quelque peu déconcentré, mais ça ne doit plus se produire. Je dois faire exactement ce que me demande Adelio si je ne veux pas tout faire foirer. Il ne doit se douter de rien et c'est bien ça le problème. Il a des yeux et des oreilles absolument partout. Mais pour le moment, j'ai réussi à faire tourner ça à mon avantage. Espérons que ça dure.

Je coupe le moteur et sors de l'habitacle en regardant l'établissement qui me fait face. "la tana della perdizione" (le repaire de la perdition). Les néons rouges m'aveuglent lorsque j'y entre. Si la luxure devait être représentée par un endroit, ce serait celui-ci. L'odeur de l'alcool et de la cocaïne flotte dans l'air. Des stripteaseuses déambulent entre les tables. Des mecs sniffent des rails sur ces derniers. Et des personnages en tout genre se dandinent, s'embrassent, ou même sont à la limite de baiser.

Hadès Où les histoires vivent. Découvrez maintenant