J'observe Hadès en silence. Depuis qu'il a mentionné sa sœur, des dizaines de questions se bousculent dans ma tête. Je n'ai osé lui en poser aucune car après la matinée que nous avons passé, je savais qu'il n'aurait pas eu envie d'en parler. Mais ces interrogations tournent toujours en boucle dans ma tête et je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Il n'avait jamais fait référence à elle auparavant, je n'étais même pas au courant qu'elle existait.
- Arrête de me regarder comme ça.
Dit-il, un sourire au coin des lèvres. Je cligne des yeux à plusieurs reprises afin de me reconnecter à la réalité. Je frémis en sentant un courant d'air passer. Les températures sont plutôt basses ses derniers jours et la pluie n'arrange rien. Il se tourne vers moi, quittant la télévision du regard. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, il m'attire à lui et m'empêche de bouger tandis que ses bras viennent entourer ma taille. La chaleur de mon corps se mêle à la sienne et me réchauffe instantanément. Ma tête se pose sur son épaule. Mon dos plaqué contre son torse, je sens ce dernier se soulever au rythme de sa respiration. Je reste ainsi pendant quelque minute avant d'oser ouvrir la bouche.
- La fille sur la photo dans la chambre, c'était Mira ?
Je demande doucement. Ses muscles se tendent et il ne répond rien durant de longue seconde.
- Oui.
Me répond-il simplement. Je m'en doutais, mais je reste pas moins surprise. La façon dont-il a réagi quand j'ai vu ce cadre me revient en mémoire. Il est entré dans une rage folle et était prêt à exploser. Je ne comprends pas pourquoi il n'a pas voulu m'en parler ce soir là. Qu'est-ce qui a changé entre-temps ?
- Pourquoi tu as attendu aussi longtemps pour en parler ?
Je lève les yeux vers lui pour le regarder mais il reste fixé sur la télévision face à nous.
- Pour ça justement. Pour éviter de répondre à des questions.
Je le sens se refermer de plus en plus et décide de ne rien dire de plus. Sa sœur semble être un sujet très sensible pour lui et je sais pertinemment que ce soir, je n'aurais pas les mots justes. Je préfère donc m'abstenir de faire une quelconque bêtise. Nous restons un moment dans le silence. Un moment qui s'avère plus apaisant que je ne le pensais. Sans vraiment y prêter attention, mes doigts viennent caresser son avant-bras alors que je sens le sommeil me gagner petit à petit.
- Tu penses que je suis quelqu'un de mauvais ?
Sa question me prend au dépourvu. Le ton de sa voix ne me permet pas de savoir ce qu'il ressent. Il est neutre tout comme l'expression sur son visage.
- Je n'en sais rien.
Je finis par répondre. Je l'entends rire comme si je venais de dire la chose la plus drôle qu'il est entendu !
- Non pas que ça me dérange de l'être, mais tu aurais dû répondre non ! Un conseil, ne réconforte personne, tu risques de l'enfoncer !
Je rigole à mon tour, ma réponse manquait effectivement d'un peu de délicatesse !
- Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Je crois que tu es ni l'un, ni l'autre mais les deux. Tu es juste humain. Tu peux essayer de jouer le mafieux sans cœur, il y en a bien un qui bat à l'intérieur de toi. Tu as un métier qui te donne une mauvaise image et t'oblige à adopter certaines valeurs qui ne sont pas forcément les tiennes. Tu t'adaptes. Grandir au milieu du crime ne doit pas être évident tous les jours. Alors te répondre oui ou non, serait probablement mentir. Même si je pense que le véritable Hadès ne peut pas être réellement mauvais. Agathe le pensait aussi.
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Hadès
عاطفية« - Où sommes-nous ? Il se penche en avant, posant ses mains sur les accoudoirs de la chaise. Son souffle s'abat sur moi lorsqu'il prononce ces mots, - En enfer. » Les poignets liés, le corps endoloris, Adeliza ne sait pas où elle se trouve. Les qu...