Utopia

Chapitre 19

Je ne sais pas comment je dois me sentir maintenant, Christian vient de me donner la preuve qu'il m'observe, qu'il sait tout de moi dans les moindre recoins. Il vient de s'en prendre à cette boule de poils que j'ai appris à aimer de tout mon cœur et moi, je reste là les bras croisés dans le salon de mes voisins sans savoir véritablement quoi faire. Mon cœur est incapable de freiner sa descente dans les abysses de l'enfer tandis que mes mains ne cessent de trembler sur le pelage marron de mon chat.

Il est traumatisé, il refuse de manger et son petit museau reste enfoui dans mon pull, mon cœur tombe encore plus et mes sanglots redoublent. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que rien ne va ces derniers temps ? Je pensais que j'allais pouvoir oublier cette histoire et passée à autre chose dans quelques semaines, mais absolument rien de ce que je souhaitais faire ne marchais pour moi. Les garçons me regardent impuissant après m'avoir servi un verre d'eau l'air de dire que cela allait régler tous mes problèmes. Derek était toujours dans la salle de bain, mais je pouvais l'entendre se préparer à descendre.

Il prenait toujours autant de temps à faire sa douche ce que je ne comprenais pas réellement, peut-être qu'il adorait l'eau lui aussi ? Bon sang, je m'en fiche ! Il faut que je me concentre sur les solutions qui étaient en train de s'offrir à moi, je n'allais pas pouvoir rester de manière définitive chez mes voisins qui eux aussi devait rêver de me voir partir.

— On va trouver une solution Esmee, arrête de te ronger les ongles, tu vas finir par te faire mal. Soupire Eric en retirant ma main de mes lèvres.

Qu'est-ce que j'allais faire ? Bon sang, mais qu'est-ce que j'allais faire ? Il avait ouvert mon coffre, il avait pris une seule chose que j'aurais dû garder dans un endroit plus sécurisé. Une clé USB, elle contenait toutes les preuves que j'avais sur les agressions subies par Christian. Cette clé aurait dû être entre les mains de la police depuis longtemps, mais j'avais tellement honte, tellement honte de montrer que j'avais été aussi faible sous son emprise. Sur ses vidéos, il n'y a rien d'humain, il n'y a rien qui me décrit moi, la peur est inscrit sur mon visage et le manque de confiance ma poussée à croire que c'était ce que je méritais après avoir été une méchante fille au lycée.

Si seulement j'avais su voir les gros flaches rouges qui clignotaient au-dessus de sa tête le jour de notre rencontre, si seulement j'avais pu comprendre que ce n'était pas un homme de dix ans de plus que moi qui allais me donner le bonheur que je recherchais depuis des années maintenant. J'avais tout voulu, trop vite et je m'étais retrouvée dans une situation qui me dépassait de toute part. Tout était de ma faute, je ne pouvais m'en prendre à personne, sur mon manque d'estime de moi-même.

Je peux entendre Derek descendre les escaliers rapidement sûrement inquiets à l'idée de ne pas me retrouver dans sa chambre blottie dans ses draps à cette heure-ci. Il était déjà très tard est, tout le quartier devait être endormi tandis que j'étais bien trop agité pour être capable de fermer les yeux.

— Pas un mot sur ce qu'il vient de se passer, Esmee, tu m'entends ? Me prévient Laurent en chuchotant.

Je n'étais pas dans l'optique de le dire à Derek, mais il n'était pas idiot, il finirait par le savoir que l'on lui dise ou non. Je me dépêchais d'essuyer mes larmes en tournant la tête sur le côté quand il entra dans le salon laissant un silence de mort imprégnée les murs de la pièce. Je pouvais sentir son corps s'approchais du mien, comme si j'étais reliée à lui d'une quelconque manière.

Sa main grande main se poser sur ma nuque me forçant à redresser la tête pour croiser son regard. Il m'observait plusieurs secondes alors que tout le monde venait de retenir son souffle, il n'était pas idiot et c'était ce que je redoutais le plus dans ce genre de moment. Il était bien trop loin de l'idiotie humaine. Il relâche ma nuque en prenant une profonde inspirant voyant que je n'allais pas ouvrir ma bouche, il lance un regard à ses autres frères qui eux aussi reste de marbre en détournant leur regard.