Chapitre 22

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Je ne saurais dire combien de temps, je suis resté ici, enfermer dans cette boite en bois qui me donne l'impression de se resserrer autour de moi à chaque seconde. Je lui en veux tellement, il ne se rend pas compte que cette fois-ci, il n'y aura plus jamais de retours en arrière. Il ne comprend donc pas que je serais incapable de lui pardonner ? Il pense sûrement que c'est comme ça que la vie doit marcher, que je continuerais à lui obéir et à lui pardonner après une semaine à lui faire la tronche.

Mais pas cette fois, pas cette fois où il me tourne le dos comme un lâche pour aller récupérer quelque chose qui a l'air d'être bien plus important que moi à ses yeux. Et je lui en veux, je lui en veux parce que j'ai tout fait pour nous. Je me suis écrasé tellement de fois, j'ai laissé passer en pensant que ça arrangerait les choses. Mais non, rien de ce que j'aurais pu faire indéfiniment aurait pu marcher. Rien du tout.

Alors assise, là, sur le sol incapable de voir ce qu'il se passe autour de moi à cause du noir qui habite la cabane dès que la nuit est tombée. J'entends des pas marché dans ma direction et je ne serais pas surprise de voir Anton apparaître avec un grand sourire pensant sûrement que je ne lui en veux plus. La clef tourne dans la serrure ainsi que dans le cadenas avant que la porte ne s'ouvre tout doucement avec difficulté, et laisse apparaître une petite silhouette sur le pas de la porte. Un enfant ?

— Papa a dit qu'on jouait à cache-cache tous les deux, et il m'a demandé de te retrouver. Je m'appelle Aeko, et toi ? Me demande la petite voix en s'inclinant devant moi.

Oh bon sang...

— Salut mon cœur, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es tout seul ? Où est ton père ? Je lui demande doucement en me redressant pour sortir du cabanon.

Je peux voir désormais son visage, il doit avoir huit ans tout ou plus. Il a des cheveux noirs et raides, des yeux bleus en amande et un visage de poupon. Qu'il est beau...

— Papa à du travail, il est parti, mais il a dit que je pouvais jouer avec toi. Mais que d'abord, il fallait que tu prennes sa voiture pour m'emmener manger une glace.

— D'accord, on va manger une glace. Comment est-ce qu'il s'appelle ton papa ?

— Sergeï. Il est aussi grand que les arbres et plus fort qu'une montagne, c'est lui qui m'a dit ou tu étais caché.

Sergeï. Sergeï à un enfant, bon sang ! Je n'étais pas au courant et je ne suis même pas sûr que le reste de ses frères le soient non plus. Il est adorable, poli et il ne ressemble pas du tout à son père mise à part ses yeux bleus.

— Dis-moi Aeko, ou est-ce que tu habites ? Je lui demande en prenant sa main pour me mettre à traverser le jardin.

— En Corée du Sud avec grand-mère, mais grand-mère, est malade en ce moment alors papa à du me prendre avec lui à son travail.

Je ne suis pas sur de ce que je dois faire et encore moins si Sergeï vient de me tendre une perche ou de signer son propre arrêt de mort. Je suis Aeko jusqu'à la voiture noir, un 4X4 garé juste en face de la maison, les clefs sous une des roues de la voiture. J'aide Aeko à y monter avant de lui attacher sa ceinture et monte derrière le volant les mains tremblantes.

Il fait nuit, et je dois être coincé dans ce cabanon depuis des heures maintenant. Je mets le contact et m'engage sur la route en me concentrant sur ce qu'il se passe devant jetant quelques coups d'œil à Aeko derrière moi qui fixe la lune par la fenêtre et les lumières de la ville. Je ne me serais jamais douté une seule seconde que Sergeï puisse avoir un enfant, et encore moins un enfant aussi grand. Et je commence à comprendre pourquoi il a disparu pendant plusieurs mois, il ne cherchait pas à fuir ses frères, mais à retrouver son fils.

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