Chapitre 27

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Six mois plus tard.

Chaque secondes est pire que la précédente, la première chose que j'ai ressentie n'était rien d'autre que le néant. Le vide. Le manque d'air. La tête qui tourne. L'impression de sombrer. L'incapacité à faire marcher mes poumons. Chaque membre de mon corps qui ne lâchait pas parce qu'il était sous le choc, mais parce qu'il avait trop enduré pour pouvoir me soutenir une partielle de seconde. On m'a souvent demandé ce que ça faisait ? D'avoir vécu dans le mensonge, d'avoir aimé tellement fort que la douleur était incapable de remplacer cet amour. On m'a demandé des centaines de fois si tomber amoureuse d'un homme qui n'excite pas était égale à tomber amoureuse d'un homme qu'on qualifierait de normal.

Les jours passent, les semaines s'empilent et les mois défilent autant que la terre tourne autour du soleil. Les saisons changent, la température augmente et baisse en fonction de mon humeur. Le besoin de respirer, de chercher de l'air, de se jeter dans la neige sans peur et d'attendre la dernière seconde avant de se redresser et de rentrer à l'intérieur. Mais il n'y a pas de neige ici, que le soleil. La douleur a pris une place immense dans mon cœur et mon corps en a besoin autant qu'il a besoin de moi pour être entretenue.

L'envie de rentrer dans la forêt, de m'y enfoncer, de m'y perdre et de hurler son nom dans l'espérance qu'il viendra de nouveau me sauver. Il m'aime. Je le sais. Ou du moins, il m'aimait... et ça aussi, je le sais.

Les crises d'angoisse se sont multipliées, la perte de poids à aggraver la guérison. Le médecin refuse de me donner plus de calmants et j'en suis à me demander si c'est vraiment ça qui me sauve ? Ou si je dois simplement regarder le temps qui passe. Je n'arrive plus à dormir sur mon lit, son odeur et... l'impression qu'il me regarde se trouve continuellement dans la pièce, alors qu'il n'a jamais été là. Les médecins disent que je vais m'en sortir, ils m'ont trouvé une clinique privée en suisse où je pourrais me reposer selon eux. Une sorte de spa géant si on veut.

Mais je ne peux pas, assise sur ma chaise devant la fenêtre depuis des mois. Je regarde les rares voitures passées en espérant les voir descendre d'une d'entre elle pour m'annoncer qu'ils viennent me chercher. Qu'ils ne m'ont pas oublié finalement, et que cette lettre n'était que mensonge et farce. Mais rien, six mois sont passés et toujours rien.

Je ne crois pas avoir versé de larme cette semaine, j'ai des gouttes à mettre pour mes yeux qui ont brûlé à mesure que j'étais incapable de m'arrêter de pleurer. Par moments, ça me revient et je finis par m'arrêter toute seule quand je me rends compte que si je continue, je vais finir par m'étouffer avec mes propres sanglots.

Mes parents ainsi que les différents psychologues que j'ai accepté de voir ont tous la même question à la bouche. Pourquoi tu n'avances pas ? Ils ne sont plus là. Ils n'ont jamais été là. Mais ils ont tort. Ils ne comprennent pas. Personne ne peut comprendre. J'aurais préféré qu'ils soient tous mort si ça ne tenait qu'à moi. Mais le fait est qu'ils sont toujours vivants, mais qu'ils ont simplement décidé de m'abandonner derrière eux. Ce n'est pas un chagrin d'amour, mais une peine bien plus fort et bien plus difficile à oublier.

S'ils auraient étaient mort, j'aurais été triste quelque temps, mais j'aurais repris ma vie. Ils ne le sont pas, ils sont là, je le sais, ils sont quelque part sur cette terre et ils me rigolent tous les cinq au nez. Je suis incapable de prononcer leur prénom, j'ai le sentiment de dire un gros mot. Que leur prénom est interdit, parce que finalement, c'est le cas.

Le mensonge à commencer de la première fois où je les ai rencontrées jusqu'à la dernière fois où j'ai croisé leur regard quand ils m'ont laissée dans une maison qui prenait feu. J'aurais dû m'en douter, j'aurais dû me douter que quelque chose ne tourner pas rond. Ils venaient d'enterrer un homme dans la forêt, mon ex. Enfin, c'est ce que j'avais cru, avant qu'on ne trouve son cadavre dans ma cheminée. Et aucun des cinq n'avait l'air... chagriner ou bien terroriser à l'idée de cacher un cadavre. C'était presque... naturel. Trop parfait. Ils étaient tous les cinq trop parfaits.

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