Utopia

Chapitre 15

!! WARNING CE CHAPITRE N'EST PAS À LIRE POUR LES ÂMES SENSIBLES !!

Cela fait déjà plusieurs jours que Derek est rentré en ville, il passe toutes ses nuits chez moi en se faufilant par la porte de l'entrée que je laisse désormais ouverte sachant qu'il ne tarderait pas à arriver. Il me rejoint toujours à la même heure sans rien dire à ses frères, on ne se parle pas, il s'allonge avec moi pour me tenir dans ses bras toute la nuit sans jamais bouger. Je ne sais toujours pas ou est-ce qu'il était durant deux semaines et je n'arrive pas à lui poser des questions. À chaque fois qu'il est avec moi, j'ai tout de suite la tête ailleurs, je me sens bien et je n'ai envie de provoquer aucune dispute qui le pousserait à s'en aller et à me laisser derrière lui.

Mais le problème maintenant, c'est que ses frères ne me parlent toujours pas. J'ai essayé de les amadouer avec de la nourriture, mais rien n'y fais, Derek me rapporte toujours les plateaux vides, mais sans aucun signe qu'ils sont prêts à renouer les liens avec moi. J'essaye de m'y faire en passant quelques heures durant la semaine à la bibliothèque de l'université en attendant que mes résultats sortent. La plus grande partie des étudiants se sont réfugiés chez leur famille en attendant les résultats, mais moi je n'ai rien d'autre à faire que rôder autour de chez moi.

J'ai effectué pas mal de promenade en forêt durant les jours qui ont suivi le retour de Derek, mon chat lui continue de me suivre partout ou je vais et j'ai même dû lui achever des petites chaussures pour pas qui se gèle les pattes avec la neige. Mais étrangement plus les jours passent plus je me sens observée. Après ce qui s'est passé avec le cadeau de mon père que Derek a réduit à néant, j'ai de plus en plus de doute sur ma sécurité. Le soir, je me sens bien parce qu'il est là, mais le reste de la journée, j'ai l'impression de me faire suivre.

Comme la maintenant, je pousse mon chariot dans le supermarché en tournant à plusieurs reprises dans les mêmes rayons écoutant les pas dans mon dos. Mais à chaque fois que j'ai le réflexe de me retourner, il n'y a plus personnes, comme si c'était mon imagination qui me jouait des tours. Si j'en parle à Derek, il ne comprendra sûrement pas et il me prendra pour une folle, sans compter que lui aussi à l'air d'avoir des problèmes en ce moment.

À chaque fois qu'il me rejoint dans mon lit le soir, je ressens la tension dans chaque muscle de son corps. Et puis il finit par m'embrasser durant de longues minutes qui me font chavirer dans les méandres du plaisir. Il faut que j'arrête de délirer, il n'y a rien qui pourrait m'atteindre ici. Et d'après le coup de fil que j'ai eu avec ma mère la veille au soir, mon ex n'est toujours pas sortie de prison ce qui me rassure sur ma situation.

De retours à la maison, un sac de course a la main et surtout des nouvelles croquettes pour mon chat qui m'attend sagement assis devant la fenêtre du salon. Je sors mes clefs et tombés nez à nez avec une petite enveloppe sur le pas de ma porte, elle est à mon nom, mais il n'y a aucune adresse d'expédition. Mon père n'a pas d'adresse fixe ces derniers temps alors je suis peu étonnée, je l'attrape un petit sourire sur les lèvres sachant que j'y retrouverais une carte postale et sûrement des photos de son dernier voyage.

J'entre à la maison et dépose les courses sur l'îlot de la cuisine avant de voir mon chat grimper sur la chaise et venir me réclamer des caresses en tapant son museau sur ma cuisse. Je souris et prends quelques minutes pour lui donner toute mon attention et quelques friandises que j'ai pu lui acheter au supermarché au bout de la rue.

— Maman elle ta acheté plein de trucs aujourd'hui, mais vu que c'est une mère ingrate, tu vas continuer de t'appeler petit chat en attendant que je trouve meilleure.

Je n'étais vraiment pas douée pour ce genre de chose, je voulais essayer de trouver quelques choses qui lui correspondaient parfaitement. Et peut-être quelques choses qui avaient un lien avec les plaques rouges qu'il me donnait à longueur de temps. Ma mère avait étonné que j'aie recueilli un chat, et par moments, je me demandais même ce qui m'avait pris de faire une chose pareille au vu des allergies qui me donnait. Et puis quelques secondes plus tard en voyant sa bouille apparaître au bout de mon lit, je me rappelle que sans lui mes journées serait bien triste.