The Sons of Death [Réécriture]

Chapitre 16 - C'est l'heure [Réécriture]

Maxine,

Déboussolée, je raccroche mon téléphone et ferme les paupières en m'appuyant contre la porte d'entrée. Apprendre que mon frère a mis en danger le gang de notre père, nos amis, notre famille me chamboule. 

Je ne comprends pas ce qui a pu le pousser dans cette direction. Une profonde inspiration plus tard, j'ouvre les yeux et déambule dans le salon. Nos portraits de famille sur les murs, j'observe une photo de Alec. Il devait avoir seize ou dix-sept ans sur celle-ci. Son visage ne ressemble pas au mien, ni la couleur de ses cheveux et de ses yeux. 

Alec a hérité des traits de notre mère, ainsi que de sa tignasse brune et de ses iris noisette. Alors que pour ma part, je suis le portrait craché de mon père. Blonde aux yeux ambrés. Sur ce cliché, il est assis au bord de la piscine, le visage sérieux et la bouche pincée par l'agacement. À vrai dire, Alec ne souriait pas beaucoup, même en étant enfant. 

J'ai toujours pensé que le décès de notre mère l'avait tellement ébranlé, que sourire lui était devenu difficile.

Pour ma part, je n'ai que très peu de souvenirs d'elle. Âgée de trois ans quand elle a succombé à un cancer fulgurant, les images d'elle sont floues, vaporeuses. Si je me concentre, je peux apercevoir son doux sourire, l'odeur de sa peau et la douceur de ses caresses. Elle me manque mais pas comme elle a pu manquer à mon frère. De trois ans mon aîné, il a passé beaucoup plus de moments avec elle, qui lui sont restés gravés.

Il m'est arrivé de demander à Alec de parler d'elle, de me partager ses souvenirs. Il a toujours refusé en prétextant que ces moments lui appartenaient à lui seul. Dans un sens, je le comprends. Cependant, je l'ai toujours jalousé à ce sujet. C'est grâce à mon père que je ne l'ai pas complètement oubliée. Il me parlait d'elle, de sa façon de rire, de marcher, de danser. Elle vivait au travers de ses mots, de ses souvenirs partagés.

Ma relation avec Derek Callaghan a toujours été très fusionnelle, je le suivais partout, que ce soit au complexe des Sons of Death ou en ville. Partout où Derek était, je n'étais pas loin. C'est pour cette raison que mon introduction au sein du gang s'est faite naturellement dès mon plus jeune âge, contrairement à Alec. La relation père-fils était conflictuelle, dure et bercée de disputes durant lesquelles je me bouchais les oreilles. 

Alec aimait jouer les rebelles, mais notre père le recadrait sans même devoir hausser le ton. Son autorité naturelle émanait de lui comme une aura fumeuse. Mon frère savait la boucler, comme la plupart des gens d'ailleurs. Selon mon père, seule ma mère osait l'affronter sans le craindre et j'ai pu constater que c'était le cas aussi de Clegane et Pop's.

Épuisée, je monte les escaliers en zappant le repas et me rend dans ma salle de bain pour prendre une douche rapide et mes médicaments. Le flacon orange posé sur le meuble vasque me rappelle sans cesse que les prendre ne me sauvera pas. Rien ne le pourra. Désemparée, seule et démunie, je laisse l'angoisse, la peur et la peine m'envahir. Mon cœur fatigue de jour en jour alors que mes larmes, elles, ne tarissent jamais.

Je ne veux pas mourir. Je veux pouvoir vivre une vie d'aventures, de passion, de joies et de peines. Faire l'amour avec l'homme que j'aime, réaliser des projets, partir en voyage, me marier. Avoir des enfants. Une douleur lancinante me vrille la poitrine. Une main sur mon sternum, je tente de calmer ma crise de larmes qui dévale mes joues à chaque fois que le soleil se couche pour ne laisser que l'obscurité.

Je viens de retrouver ma famille, mes amis d'enfance, je m'en suis même fait des nouveaux à Chicago. J'ai récupéré ma vie qui va m'être brutalement arrachée dans quelques mois. J'ai conscience que mon état se dégrade, peu importe les traitements qu'Evan me fait ingurgiter. Tôt ou tard, je serais incapable de me lever, marcher ou même respirer toute seule. Un jour ou l'autre, je devrais annoncer la vérité aux SOD.