Chapitre 45 - L'homme au masque blanc [Réécriture]

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🎵 Besomorph - Sweet Dreams

Maxine,

La gueule de bois que je me coltine depuis mon réveil mouvementé m'assassine le crâne. J'ai la sensation d'avoir un orchestre mal accordé en train de jouer du Beethoven coincé dans ma boîte crânienne.

L'enfer.

Ce n'est rien en comparaison du regard accusateur que Kyle m'envoie depuis vingt bonnes minutes. Il est venu me chercher hier soir au bar pourri dans lequel j'ai échoué. Mais ce n'est pas le pire. Gill a dû le guider puisque je me suis endormie, la joue contre le bois du comptoir et la bave acide dégoulinante de ma bouche. Photo à l'appui, évidemment. Kyle m'a trimballé comme un vieux sac sans aucune douceur.

J'ai atteint mon lit difficilement, pour ensuite être bercée de cauchemars atroces de Bayron. Kyle ne m'a pas lâchée, même quand j'ai vomi mes tripes en chialant que je ne boirai plus jamais. 

Il m'a prise dans ses bras quand mon corps a été secoué de tremblements, de spasmes douloureux et lancinants. La douceur dont il a fait preuve s'est totalement envolée à l'instant où mes lèvres n'ont fait qu'effleurer ma tasse. Assise à ma table de cuisine, je soupire en me massant les tempes et lève les yeux vers lui. 

Adossé contre le plan de travail, il me toise comme si j'étais un misérable cafard qu'il faut achever à grands coups de rangers. Et je ne lui ai même pas dit que j'avais passé la soirée avec Arès Turner. Information que je compte bien garder pour moi, même si je me doute que le jour où je vais le rencontrer officiellement, mon secret éclatera.

Une chose à la fois.

— Tu peux arrêter de me regarder comme si j'étais la dernière des parias ? Grogné-je en fermant les paupières.

C'est plus un orchestre, c'est toute la symphonie bordel.

— Tu m'as foutu la trouille putain !

Je comprends sa colère. Ni lui, ni Evan et Clarke ne se sont inquiétés de mon absence en pensant que j'étais avec Taylor. Quand le SOD a découvert le pot aux roses, il a lancé le FBI à ma recherche. Clarke aurait pu localiser mon téléphone, bien qu'il l'ait sécurisé, il a prestement refusé. Pour garantir mon intimité, mais aussi pour bien emmerder le monde. J'aime ce môme.

Nouveau soupir las, nouvelle oeillade meurtrière.

— Je suis désolée, j'ai juste eu besoin de... Fuir. Admis-je dans un souffle.

Il se détend légèrement, lève les yeux au ciel et me rejoint avec sa tasse fumante.

— Je sais que ces derniers jours ont été merdiques, mais tu ne peux pas filer comme une voleuse sans prévenir qui que ce soit. Parle-moi, pourquoi tu as eu besoin de t'éclipser ? Demande-t-il d'un ton plus doux, son regard noir dans le mien.

Parce que j'ai le cœur pulvérisé. Mais je refuse de lui en parler. Inutile de mettre de l'huile sur le feu dans sa relation avec Taylor, elle est déjà bien assez houleuse comme ça.

Alors, je dépose sur ses épaules une partie de mes démons.

— J'ai juste mal et à chaque fois que je ferme les yeux, je suis de retour au manoir des Dragons...

Ses mâchoires se resserrent, sa main caresse ma joue avec douceur et la compassion dans ses prunelles sombres me met les larmes aux yeux. Je ne suis pas une victime putain. Je me rabroue, inspire un filet d'air et boit mon café malgré l'heure tardive. 

Il est 16h, ce qui signifie que dans 3h je dois être au club de strip. Je refuse de louper une occasion de chopper Madison, cependant, forcée d'admettre que mon corps ne suit plus. Les cicatrices sur mon bas ventre me tiraillent, sont douloureuses autant physiquement que psychologiquement. Me mouvoir sur une barre de pole dance ne va pas être si simple.

The Sons of Death [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant