The Sons of Death [Réécriture]

II. Chapitre 34 - Un cœur à n'importe quel prix

Taylor,

    C'est une chanson à peine murmurer qui m'accueille lorsque j'entre à nouveau dans ma chambre. La voix douce et rocailleuse de Caleb, grave et empli d'angoisse, attise ma peur. Allongé auprès de Maxine, il la tient dans ses bras tout en fredonnant sa chanson favorite.

    What's up des 4 Non Blondes.

    Le tempo est si lent qu'il me fait fermer les yeux. Accoudé sur le chambranle, je m'imprègne à la fois de son espoir et de sa peine avant de les rouvrir. Cal et Max partagent un lien si fort que j'ai la sensation que lui seul peut aller la chercher là où elle s'est perdue.

Avec douceur, il caresse ses cheveux et je remarque que le respirateur qui permettait à Maxine de respirer lui a été enlevé. L'espoir gonfle ma poitrine, j'amorce un pas et me stoppe quand je remarque que les yeux de mon héritière sont toujours hermétiquement fermés.

L'électrocardiogramme continue de bipper à un rythme régulier, un son à la fois rassurant et terriblement inquiétant.

    — Evan est venu lui enlever le tube pendant que tu étais en bas, murmure mon frère en posant ses lèvres sur la tempe de sa meilleure amie. Il dit qu'elle peut respirer toute seule, pourtant, elle ne se réveille pas, Tay.

    Ses iris si froid percutent les miens avec une détresse que Caleb n'arrive plus à cacher.

    — Pourquoi elle ne se réveille pas ? Ça fait deux putains de jours, demande-t-il d'une voix éraillée.

    Je le rejoins sans le quitter du regard et m'installe sur le fauteuil à côté du lit tandis que Kyle se frotte les yeux tout en détournant le regard.

    — Je ne sais pas mon frère, admets-je en avalant difficilement l'émotion m'obstruant la gorge.

    Mon cœur se brise en voyant celui de Caleb paniqué à en crever. Comme lui, j'ai mal et j'aimerai que tout ça s'arrête, que tout s'efface et que l'on recommence à zéro. L'impuissance face à cette situation me compresse la poitrine dans un étau et je ne suis pas certain d'en sortir indemne.

    — Qu'est ce que c'est ? interroge-t-il avec un mouvement du menton vers le dossier sous mon bras.

    — Des infos sur Alec que Pierce à récolter. On en reparlera plus tard.

    Les sourcils froncés, Caleb acquiesce et suis des yeux le dossier que je pose sur la commode derrière moi.

    Les heures passent, les SOA défilent, Ezra s'allonge avec Maxine dans un câlin réconfortant, inquiet lui aussi.

J'ai prétendu qu'elle avait la grippe et qu'elle était très fatiguée mais mon fils possède en lui, une part d'elle. Dans ses prunelles brunes et innocentes, je détecte une lucidité qu'un enfant de six ans ne devrait pas avoir.

    Quand le soleil se couche, je n'ai pas bougé d'un poil. C'est Isa qui m'oblige à manger et à boire en me traitant d'homme des cavernes lorsque je grogne que je n'ai pas faim. Bien évidemment, elle s'en cogne et me fourre un sandwich dans la bouche comme si j'étais un gamin.

    — Grogne autant que tu veux, espèce de néandertal, tu vas bouffer sinon je je crache dans ton whisky écossais avant de le mélanger à de la pisse bon marché.

    La menace fonctionne. Je la fusille du regard en croquant dans son sandwich à la con. Satisfaite, elle m'offre son sourire de lutin démoniaque avant d'encourager Maxine a se reveiller. Elle parle sans arrêt, de tout et de rien. Des anecdotes d'enfance à sa nouvelle théorie sur l'expression "mange tes morts" à laquelle je ne pige rien.