Maxine,
La Nouvelle Orléans. Le berceau de différentes cultures et foyer de la musique afro-américaine comme le Blues et le Jazz. Les pionniers, Louis Amstrong et Sidney Bechet sont nés dans cette ville colorée, vivante et bruyante.
Si j'aime la musique provenant de mon Spotify, celle qui vibre dans les rues de cette ville m'emporte. Chaque note, chaque timbre de voix chanté par les musiciens, installés sur le parvis de la Cathédrale Saint Louis implantée sur Jackson Square au centre du vieux quartier français, résonne en moi, apaise mes maux et mon âme.
L'air est saturé d'humidité à cause de la grisaille, toutefois, rien ne peut altérer la beauté de l'instant. Les touristes, présents pour les fêtes de fin d'année, déambulent le long de la Promenade Moon Walk en rêvant de plantations tout en regardant passer d'authentiques bateaux à aubes sur le fleuve du Mississippi, qui traverse le vieux carré.
Ce quartier est surnommé le joyau de la couronne de la Nouvelle Orléans, et je ne peux qu'être d'accord. Sous mes yeux, s'anime un portrait intemporel fait de lampes à huiles suspendues sur certaines façades, de diseuses de bonnes aventures déversant leurs magie sur les passants, de fantômes défilant devant le manoir de la célèbre et néanmoins folle Madame Lalaurie, dont l'histoire n'a fait que me filer des cauchemars lorsque j'étais gosse.
Alec adorait me raconter cette histoire en cachette. Élégante et respectable, friande de mondanités, Delphine Lalaurie recevait dans son manoir au 1140 rue Royale située au plein centre du vieux carré, les gens de la haute société. Cette demeure magnifique de trois étages et à l'entrée majestueuse où les pires atrocités se sont déroulées.
Cette charmante dame, veuve a deux reprises, s'est remariée à un médecin français, on la disait délicieuse. À l'époque de l'esclavagisme, le Code Noir est en vigueur à la Nouvelle Orléans, autorisant les riches blancs à posséder des esclaves noirs tout en interdisant toute sorte d'atteintes corporelles, hors fers et coups de fouet.
Coudre les lèvres d'un esclave qui a volé un biscuit, ou ouvrir les entrailles d'un autre et lui en faire une ceinture, n'était plus acceptable et valait un passage devant le juge.
Cependant, dans cette ville où reposent mythes et légendes et où se mêlent aristocrates et sorcières vaudous pour des messes étranges, les murmures chantonnés n'avaient guère de valeur.
Alors quand les premières rumeurs ont commencé à courir sur Madame Lalaurie, les notables n'y ont pas prêté plus d'attention. Ses esclaves ont commencé à disparaître mystérieusement, puis les cris d'agonie ont bercé les rues, provenant de ses fenêtres pendant des années.
C'est lors de l'incendie de sa chère demeure que la véritable nature de cette cinglée a été découverte.
Des dizaines de ses esclaves ont été retrouvés entravés, mutilés, torturés. Alec s'est toujours amusé à me raconter que les sévices étaient à base de peau prélevée, d'orifices cousus, de blessures traitées au sel ou au miel, d'articulations brisées, de seaux remplis d'organes. Et tout ça, avec des malheureux encore en vie.
La chère Madame Lalaurie n'a jamais été retrouvée. Certains disent qu'elle s'est réfugiée en France, d'autre que les esprits vengeurs se sont occupés d'elle.
Depuis, la maison est dite hantée et des rumeurs racontent que lorsque la lune est à son zenith, on peut apercevoir un homme noir à la fenêtre du deuxiéme étage, tenant la tête de cette chère Lalaurie entre ses mains.
Un frisson d'effroi remonte le long de ma colonne vertébrale lorsque mon regard dévie sur cette fameuse fenêtre.
— Bouge-toi le cul, Max, me fait sursauter Caze avec un léger coup d'épaule.
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The Sons of Death [Réécriture]
RomansaQuand Maxine Callaghan apprend qu'il ne lui reste plus qu'une année à vivre, elle décide de rentrer chez elle, en Louisiane après cinq ans d'absence. Orpheline et héritière du gang de son père, les Sons of Death, Max décide de mettre ses affaires au...