CHAPITRE 62 : DÉPLOYER SES AILES

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PDV de Kurt :

La dernière fois a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Je dois dire que je ne me supporte plus. Je n'arriverais plus à me regarder dans un miroir si je continue à jouer avec les sentiments de Blaine comme de Walter. Ce dernier espère tellement qu'il se passe quelque chose entre nous, alors qu'il devrait se douter que je ne cherche pas un homme qui pourrait être mon père. C'est logique non ? Il se raccroche à moi, car il n'a pas eu la vie qu'il rêvait d'avoir et se calque sur ma vie. Je lui ai donné rendez-vous pour arrêter cette mascarade débile et puérile. Il arrive avec un grand sourire scotché sur ses lèvres et je me rends compte que je risque de le briser. Quoi qu'un homme de son âge doit être fort, non ? J'essaie de me rassurer, mais je sais pertinemment que l'âge n'a rien à voir dans tout ça. On s'avance vers le comptoir et la serveuse prend notre commande.

- Je me disais qu'on pourrait aller essayer les costumes dans une boutique que je connais, annonce Walter en ramenant nos cafés.

- Euh... À ce propos, il y a quelque chose dont je voulais parler. Euh... Je vais aller au mariage avec Blaine, dis-je peu sur de moi.

À vrai dire, c'est ce que je souhaiterais par-dessus tout, mais sera-t-il d'accord ? Y a-t-il quelqu'un d'autre qui l'accompagne ? J'en sais strictement rien. Néanmoins, je veux tenter ma chance.

- Ha ! Oui, je vois...

- Je suis vraiment désolé. Je ne pensais pas que ça allait se passer comme ça.

Évidement que je savais comment ça allait se passer. J'ai tout manigancé pour en arriver là. J'ai profité qu'il ait tellement envie d'approfondir notre relation, pour rendre Blaine jaloux. Je voulais faire réagir mon ex sur le fait que moi aussi, je pouvais tourner la page. Le pire, c'est que je ne regrette rien. Je ne regrette pas d'avoir joué avec lui. De toute façon, il est vieux, il a dû déjà voir bien pire !

- Hum... C'est ça les amours de jeunesses, Kurt. Ça fait mal et puis, ça se remet sur pied. C'est une bonne chose.

Il part vers l'une des tables.

- Alors... T'es pas en colère ? demandé-je quand même.

- En colère, non. Jaloux, oui ! Je veux dire, tu es au tout début de ta vie amoureuse.

Il s'installe et je fais de même tout en l'écoutant. Je ne peux pas le planter ici, dans ce café, sans même savoir ce qu'il peut ressentir. Je suis cruel, je le sais, mais pas à ce point-là.

- Quand je te regarde, je me dis que j'aurais pu connaître l'amour tout au long de ma vie, si je ne l'avais pas gâché en faisant semblant d'être quelqu'un d'autre.

Je sens qu'il regrette amèrement de ne pas avoir fait son coming out bien plus tôt, afin de profiter pleinement de sa vie. Il a passé plus de la moitié de son existence à porter un masque. Et Dieu sait que c'est compliqué de vivre comme ça. Moi, je n'ai pas tenu longtemps à ce jeu ! Je me rappelle avoir voulu être comme Finn, pour que mon père passe d'autant plus de temps avec moi, au lieu d'en passer avec mon frère. J'avais cette rage en moi de ne pas simplement être moi-même.

- Tu es chanceux, Kurt, avoue-t-il en me caressant l'épaule. Alors, vas profiter de cette chance. Et quoi qu'il se passe, même si tu souffres à nouveau, n'oublies jamais la seule chose qui doit compter pour toi, c'est de ne pas laisser l'amour t'échapper. Ne perds pas ton temps à tergiverser. Ne perds pas ton temps à essayer d'être sage. Il faut que tu cours, que tu bondisses, parce que l'amour ne t'attendra pas toute la vie. Tu dois le saisir tant qu'il est proche. Quoi que tu fasses, saisis ta chance !

Il a des paroles sages tel un vieux chef indien. Je ne perds pas plus mon temps à cette table et quitte le café sans même le remercier, sans même un regard pour lui. J'ai juste envie d'être face à Blaine et de lui dire ce que j'ai sur le cœur.

Case départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant