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Carlos, mars 2022.

J'ai enfilé ma combinaison, puis je suis entré dans la voiture. Je m'y sentais plutôt bien, elle était mieux que l'année dernière.

Les qualifications étaient sur le point de commencer, alors je faisais quelques tours de chauffe derrière Charles, avant de commencer mon tour rapide.

« P3, Carlos, P3. Box, box, » m'a annoncé Binotto à la radio, et j'ai laissé sortir un petit cri de joie.

Je suis descendu, et un des ingénieurs m'a prévenu que Charles avait fait P2.

Il est d'ailleurs arrivé juste après, alors je suis allé le prendre dans mes bras pour le féliciter.

« Ils m'ont dit que t'avais fait P3, on se met bien hein !, » il est s'exclamé en me rendant mon accolade.
« Ouais, on a intérêt à gérer demain !, » j'ai confirmé alors qu'on s'est tous les deux dirigé vers le vestiaire pour remettre des vêtements propres.

Une fois que j'étais prêt, je suis allé toquer à la porte de la salle de réunion où se trouvait quasiment toujours Rachel, mais je n'ai pas eu de réponse. J'ai ouvert la porte doucement pour y passer ma tête, parce que peut être qu'elle n'avait juste pas fait attention, mais il n'y avait personne.

Je me suis surpris moi-même avec le petit pincement au cœur déçu que j'ai ressenti en voyant la salle vide.

Nous sommes donc rentrés à l'hôtel avec toute l'équipe, tous de bonne humeur grâce à nos résultats, mais toujours aucune trace de Rachel.

Je me suis donc tourné vers Charles, qui s'avançait vers une des voiture que Ferrari nous avait prêté pour ce Grand Prix.
« T'as vu Rachel ?, » j'ai demandé et il a haussé les épaules.
« Nan, tu conduis ou je conduis ?, » il a demandé et je lui ai fait signe d'aller jusqu'à siège conducteur.
« Vas-y, ça me dérange pas, » j'ai souri et il s'est mis derrière le volant tout sourire.

Quand nous sommes rentrés à l'hôtel, nous avons dû passer devant sa porte pour accéder à nos chambres, alors j'ai ralenti un instant pour voir s'il y avait de la lumière sur sa porte, ou du bruit de l'autre côté, mais ça n'avait pas l'air.

« On va boire un verre en ville ?, » Charles a demandé en entrant dans sa chambre alors j'ai accepté, évidemment.
« Allez ! On se rejoint dans le hall dans 20 minutes ?, » j'ai complété et il a hoché la tête en entrant.

J'ai donc pris une douche avant d'enfiler une chemise et un jean, et j'ai rejoint Charles, qui était arrivé avant moi dans le hall.

« J'ai envie d'une bière et d'un match de foot, là, » j'ai affirmé en montant dans la voiture à côté de Charles.
« J'ai pas envie de parler de foot avec un supporter du Real actuellement, Carlos. J'étais pour Paris, moi, » le monégasque a haussé les épaules.
« Désolé, alors, » j'ai ri en lui tapant l'épaule.
« Mais on peut se faire une bière sans alcool, par contre, » a annoncé Charles en se tournant vers moi avec un sourire.
« Ah oui, c'est vrai, ils vendent pas d'alcool ici. Le bar le plus proche est à combien de temps ?, » j'ai demandé.
« 5 minutes, » il a répondu en allumant le contact et on a roulé jusqu'à ce fameux bar.

Personne là bas n'avait l'air de nous reconnaître, et ça me paraissait logique était donné que les Saoudiens étaient sûrement très peu intéressés par la Formule 1.

Nous avons pu nous éterniser au bar sans problème, personne de l'écurie de nous a appelé pendant ce temps là. La bière était bien moins bonne qu'une vraie, mais bon, on faisait comme on pouvait, et j'étais déjà content qu'ils en vendent.

Quand le bar a finit par se vider, nous sommes allés nous reposer à l'hôtel avant le moment important : la course de demain.

J'étais plus que prêt en arrivant sur la piste le lendemain.

En partant en P3, j'aurais l'aspiration de Checo Perez pour m'aider à gagner du temps, et Charles pourrait essayer de l'avoir au virage, alors c'est exactement ce que j'ai fait dès que les feux de sont éteints.

Perez a dégringolé et à fini derrière moi, donc Charles et moi étions P1 et P2 pendant un moment. Sauf que nos arrêts au stand se sont pas passés parfaitement, alors Max a pu passé devant nous deux. Charles se battait pour la pole, et moi je me battais pour conserver mon podium sous la pression de Perez, qui n'était visiblement pas d'accord avec le fait que je l'ai doublé.

Il ne restait qu'un tour quand j'ai mis le coup d'accélérateur nécessaire à le garder à distance une bonne fois pour toutes, et que j'ai passé la ligne en P3. J'ai lâché un cri de joie et j'ai rejoint Charles, que j'ai pris dans mes bras en sautant de joie.

Il n'était pas d'aussi bonne humeur que moi puisque la pole lui avait filé entre les doigts à une demie-seconde près, mais notre deuxième double podium en deux Grands Prix était quand même un sacré motif de satisfaction.

Binotto nous a félicité, tout comme le reste de l'écurie, mais encore une fois, pas de Rachel en vue. Ça commençait à être bizarre, mais je n'avais pas envie de gâcher le moment alors je n'ai pas posé de question.

J'ai toqué à la salle de réunion, et toujours pas de réponse. Gianluca m'a interpellé et m'a donné une liste de journalistes que je devais voir. J'ai reconnu l'écriture manuscrite de Rachel, ce qui confirmait au moins qu'elle existait toujours, mais impossible de la voir.

Ces journalistes m'ont donc posé plein de questions, auxquelles j'ai toujours répondu la même chose, puisque je ne pouvais pas partir en roue libre non plus, et j'ai pu rejoindre le podium.

« Troisième, Carlos Sainz, » s'est exclamé le présentateur et je suis monté sur le podium sous les applaudissements de la foule. J'ai fait coucou à tout le monde, en particulier au staff Ferrari, et là, j'ai remarqué l'absence de Rachel dans le groupe et mon sourire est un peu redescendu. Elle pouvait disparaître autant qu'elle voulait, mais certainement pas pendant la remise des trophées, c'était juste... tellement méchant et ça n'avait pas l'air de lui ressembler.

J'ai arrosé de champagne mon coéquipier, et j'ai fait la tête avec le reste de l'écurie jusqu'à rentrer à l'hôtel dans la soirée.

« Au fait, c'est pas bizarre qu'on ait pas croisé Rachel du week-end ?, » a demandé Charles dans la voiture et j'ai soupiré.
« Si, elle a même loupé le podium, » j'ai froncé les sourcils.
« Elle est sûrement déjà rentrée à Monaco, » il a haussé les épaules.
« Mais ça à aucun sens d'être là pour les essais libres et pas pour le Grand Prix, » j'ai insisté mais évidement ce n'était pas Charles qui allait avoir quelconque réponse à mes questions.
« Ou elle est malade, » il a suggéré et j'ai haussé les épaules.
« Ouais, ça doit être ça, » j'ai répondu sans trop y croire.

Je lui en voulais un peu.

Quand j'étais enfant, je détestais que mon père ne vienne pas voir mes courses, quand lui aussi était pilote, mais de rally.

Et bien, le fait que Rachel ne vienne pas, c'était un peu le même genre de sentiment. Pas que je la considérais comme ça mère, rien à voir, c'est juste que ça me tenait à cœur d'essayer d'impressionner les gens pour qui j'avais de l'estime, or j'avais de l'estime pour Rachel.

De tout le staff Ferrari, elle était celle qui apportait un peu de rigueur, tout en restant très douce dès qu'elle parlait d'autre chose que de son travail.

Alors elle était en train de devenir la personne que j'avais envie d'impressionner, j'avais surtout pas envie qu'elle loupe mes succès, comme aujourd'hui.

Nous sommes allées dormir directement en rentrant, mais le réveil à 4h le lendemain matin a été dur, alors j'ai dormi dans l'avion une bonne partie du retour.

En arrivant, nous étions tous en journée off, et Charles et moi étions aussi libres demain.

« À mercredi, salut !, » je les ai salué en attrapant mes clés de voiture pour rentrer chez moi.
« À mercredi !, » ils m'ont fait coucou et je suis sorti pour marcher vers le parking.

Mon téléphone a vibré, j'avais reçu un message d'un numéro inconnu.

« Salut Carlos, c'est Rachel. J'espère que tu vas bien. Bravo pour ton podium hier, tu as été parfait encore une fois ! Tu fais honneur à Ferrari. Il me semble que tu seras au bureau mercredi, peut être qu'on se verra là bas. Bonne journée, R. »

Oh...

JEALOUSY | Carlos Sainz Jr.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant