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Carlos, septembre 2022.

J'étais dans la Ferrari Roma que l'écurie nous avait prêté, avec Charles et Rachel.

Alors que j'essayais de me concentrer sur ma conduite, les deux autres étaient en train de hurler à plein poumons les paroles d'une chanson française dont je ne comprenais pas grand chose.

« Je vous jure que si je plante cette voiture à cause de vous, vous me remboursez la caution, » j'ai râlé.

De toute évidence, ils n'en avaient rien à faire, puisqu'ils ont continué de chanter comme si je n'avais rien dit.

Après ce qui aurait pu être cinq minutes comme deux heures, nous sommes arrivés sur le circuit.

Aujourd'hui, c'était le jour de la course, et on était tous là bien en avance pour regarder la course d'Arthur, le frère de Charles.

Charles voulait y aller, alors il nous avait proposé de venir. Je suspectais qu'il veuille y aller juste pour qu'on passe du temps ensemble et tenter de retrouver notre amitié, mais évidemment, je ne m'étais pas opposé au projet.

Alors nous y étions, sur les bords du circuit, un casque sur les oreilles, à encourager le deuxième Leclerc.

Charles tapait dans ses mains et faisaient des remarques toutes les cinq secondes, on aurait un jeune papa sur le bord d'un terrain de foot.

Rachel et moi l'encouragions, disons, plus discrètement...

Il avait fini 12e de cette seconde course. Ce qu'il n'était vraiment pas mal, compte tenu qu'il y avait 30 pilotes en F3.

Charles était allé le féliciter, alors nous l'avions suivi pour serrer la main de son frère, mais nous les avions laissé en famille.

Enfin, ma motivation première était de me retrouver seul avec Rachel, mais ça, les Leclerc n'avaient pas besoin de le savoir...

Aussitôt seuls, j'ai entraîné Rachel par la main jusqu'à ma salle privative, où je l'ai laissée s'assoir sur le canapé, pour nous sortir deux verres et les remplir d'eau.

Je lui en ai tendu un en m'asseyant à côté d'elle.

« Comment tu le sens aujourd'hui ?, » elle a lancé la conversation.
« Je sais pas trop, je préfère m'attendre à rien, en commençant P18, mais je vais tout faire pour remonter, » j'ai haussé les épaules.
« Moi je crois en toi, » elle a sourit, sans pour autant me regarder.

J'ai regardé son profil, elle qui fixait le paysage par la fenêtre, un sourire en coin se dessinant sur mes lèvres.

« Carlos ! Rachel ! On a besoin de vous dans le garage !, » Feredico, l'un des employés a ouvert la porte, et nous nous sommes levés.
« Bonne chance, » elle m'a embrassé la joue avant de tourner les talons.

Je suis resté scotché un instant sur place, la regardant s'éloigner en repensant à ces lèvres sur ma joue, l'instant d'avant.

Rachel réussissait toujours à me surprendre, moi qui avais l'impression de parfaitement la connaître.

J'ai suivi Federico pour entrer dans la voiture, et je me suis attaché, prêt à en découdre.

À partir de ce moment-là, c'était moi contre tous les autres, et Dieu savait que je partais mal.

J'ai sorti la voiture du garage, et je me suis mis en position. Après avoir bien chauffé les pneus pendant le tour prévu à cet effet, j'ai repris ma place derrière les autres, et les feux ont commencé à s'éteindre.

C'était fait.

Moi contre tous les autres.

Je me suis faufilé entre tout le monde, remontant une bonne partie de mon retard dès le premier tour.
Ça avait presque l'air trop simple. La voiture volait sur Monza, mes manœuvres étaient fluides, et rapidement, mon retard fondait comme neige au Soleil.

JEALOUSY | Carlos Sainz Jr.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant