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Rachel, mai 2022.

Je me suis réveillée à cause de la lumière. J'allais râler, mais mon système s'est arrêté quand je me suis remémorée les événements de la veille.
Mes joues ont instantanément rougis.

J'ai senti le bras de Carlos autour de ma taille, et son front était posé contre mon épaule.

Et là, j'ai paniqué.
Ma respiration s'est accélérée, alors que mon cœur lui, a loupé un battement.

Je ne pouvais pas rester ici, je ne pouvais pas affronter son regard quand il se réveillerait, et je ne pouvais surtout pas me permettre de le laisser faire sa place dans mon cœur.

Plus jamais je ne tomberai amoureuse, c'était fini ça. Je m'étais promis de faire passer ma carrière avant tout, et je ne comptais pas remettre ça en cause pour l'espagnol, même s'il venait de me faire passer la meilleure nuit de ma vie, et de très loin.

J'ai donc doucement soulevé son bras, et j'ai roulé vers le bord du lit. Une fois qu'il n'avait plus d'emprise sur moi du tout, je me suis levé sur la pointe des pieds, et je me suis tourné vers lui.

Ses cheveux en bataille tombaient devant son visage, et la couette était redescendue jusqu'à ses pectoraux, alors qu'il dormait paisiblement.

Mon cœur s'est serré en pensant que je devrai le quitter comme ça, mais ma décision était prise. Alors j'ai récupéré ma culotte et ma robe par terre, et je les ai enfilé en prenant les talons à la main. J'ai attrapé mon téléphone dans la poche de son pantalon, et j'ai doucement avancé jusqu'à la porte sans me retourner.

J'ai doucement ouvert la porte de sa chambre, et je suis sortie pour rentrer dans la mienne.

J'avais le besoin vital de fuir, alors j'ai fait mes affaires en vitesse, j'ai pris une douche, je me suis changée, et j'ai fuis l'hôtel.

Je n'étais pas prête à prendre l'avion avec lui l'après-midi même, alors j'ai fait le premier truc qui m'est passé par la tête : j'ai appelé Toto. Il savait toujours quoi faire, alors il saurait comment me sortir de là.

Au bout de trois sonneries, il a enfin répondu. Je me suis assise sur le trottoir en face de l'hôtel, et je lui ai tout expliqué.

Je lui ai dit que j'avais couché avec Carlos, que je regrettais, que je voulais rentrer chez moi, que je voulais pas le revoir...

Il a commencé par me calmer, avant de me proposer de rentrer à Londres dans le jet qu'il prenait avec sa femme, ce que j'ai accepté immédiatement. Je l'ai remercié une bonne dizaine de fois avant de raccrocher.

Le temps que je prenne un café au bar d'à côté, Toto m'avait déjà rappelée pour me dire qu'il m'attendait pour aller à l'aéroport. J'ai donc fait le court trajet entre le café et l'hôtel le plus rapidement possible. Plusieurs fois, j'ai failli m'étaler par terre en me prenant les pieds dans ma valise, mais heureusement, ce n'est pas arrivé.

J'ai repéré la silhouette imposante de Toto à côté d'un taxi, alors j'ai tendu la main pour signaler que j'étais là, et j'ai mis ma valise dans le coffre.

« Assis toi devant, » m'a dit Toto et je me suis exécutée.
« Merci encore, je sais pas ce que j'aurais fait sinon, » je me suis tournée pour regarder le couple assis à l'arrière.

Suzie m'a sourit en me disant que ce n'était pas grave, mais Toto, lui, n'a rien répondu. Il regardait dehors en fronçant les sourcils, et je le connaissais assez bien pour savoir qu'il se retenait de m'engueuler.

Quand nous sommes arrivés à l'aéroport, nous avons marché le long des avions jusqu'à atteindre le jet de l'autrichien. Un membre de staff au sol a chargé nos valises, et nous sommes montés pour nous installer dans les sièges luxueux du jet.

Une hôtesse nous a apporté des boissons. Je discutais avec Suzie du dernier Grand Prix et des changements à faire chez Mercedes, mais Toto ne m'adressait toujours pas la parole.

« Qu'est ce que t'en penses, Toto ?, » j'ai demandé pour capter son attention.
« Ouais, on va faire ça, » il a répondu sans même me regarder.

Suzie m'a signalé d'un geste de laisser couler, mais ça commençait à me peser un peu, puisque je ne savais absolument pas ce que Toto me reprochait.

Alors je n'ai pas respecté son conseil silencieux, et dès qu'elle fut partie aux toilettes, je me suis assise en face de Toto, et j'ai agité ma main pour capter son attention.

« Toto, qu'est ce qui va pas aujourd'hui ?, » j'ai demandé doucement.
« Chez moi tout va bien, c'est toi qui as un problème, » il a affirmé en se tournant brusquement vers moi pour me lancer un regard noir.
« Et... je peux savoir quel est mon problème ?, » j'ai froncé les sourcils.
« Tu nous abandonnes, sans même prévenir que t'étais en négociations avec ces connards, déjà. J'ai essayé de te comprendre mais je t'avouerais que je vois aucune logique à ce choix là, » il a commencé à débiter. J'ai essayé de m'expliquer mais à peine la bouche ouverte, il me faisait signe de me taire.
« Laisse moi parler, pour une fois. Donc tu nous abandonnes, et ça même si j'essaye depuis des mois de te le pardonner, j'y arrive pas. Je pensais qu'on était plus que des collègues, mais visiblement pas assez pour que tu restes, » il a continué et j'ai senti ma respiration devenir plus difficile au fil et a mesure que ses mots me brisaient le cœur.
« Et une fois que t'es là bas, qu'est ce que tu fais ? Tu te tapes un pilote et tu fuis pour revenir pleurer dans les jupons de Toto ? T'es pathétique, Rachel, » il m'a craché sa haine au visage. Je sentais des larmes monter, mais j'étais incapable de rétorquer quoi que ce soit à ça, parce que je savais qu'il avait raison.

Suzie est revenue à ce moment là, et à mes yeux rouges et humides, et au silence pesant qui planait au dessus de nous, elle a compris que quelque chose s'était mal passé.

« Toto, qu'est ce que tu lui as dit ?, » elle lui a demandé d'un ton accusateur.
« La vérité, » il a simplement répondu, toujours avec ce ton dur et impitoyable.
« Viens là, bichette, » l'ancienne pilote a ouvert les bras pour moi, et je me suis doucement glissée dedans. Le contact rassurant de Suzie me poussait à pleurer, mais il était hors de question que ça arrive en face de Toto, alors je me suis retenue du mieux que je pouvais.

Suzie m'a serrée dans ses bras un moment, jusqu'à ce que ma respiration se calme et que je finisse par me laisser aller contre elle, et que mes paupières deviennent plus lourdes.

Le temps a passé et j'ai fini par m'endormir contre elle, ses doigts dansant dans mes cheveux.

J'ai senti dans mon sommeil qu'on me déplaçait, mais je m'en fichait complètement. Je n'avais pas beaucoup dormi cette nuit, alors j'étais épuisée.

Quand je me suis réveillée, j'étais dans le siège à côté de Toto, et ma tête reposait sur son épaule, alors que Suzie était en train de dormir en face de nous.

Au moins, il n'avait pas bougé ma tête, ce qui voulait dire qu'il ne m'étais pas si hostile que ça. Alors j'ai fermé les yeux dans l'espoir de me rendormir, mais les vibrations de l'avion m'en empêchaient.

Je me suis alors redressée sur mon siège, et Toto s'est tourné vers moi en sentant la soudaine absence de contact sur son épaule.

« On arrive bientôt, » il a affirmé.
« D'accord, » j'ai hoché la tête.

Le silence est retombé dans le jet, Suzie toujours endormie en face de nous.

Nous avons fini par atterrir, et la première chose que j'ai faite a été de réserver un vol pour Nice le soir même.

Suzie et Toto ont quitté l'aéroport pour Barckley, me laissant seule ici, en attendant mon vol, que j'ai eu l'impression d'attendre pendant une décennie.

Mon téléphone manquait de batterie, alors je l'ai éteint et j'ai commencé à rêvasser en espérant que ça fasse passer le temps.
Perdu, tout ce que j'ai réussi à faire a été de me repasser la nuit d'hier en boucle dans ma tête, en me sentant rougir et me liquéfier, sans être pour autant capable d'arrêter de penser aux mains de Carlos sur moi, ni au point auquel je me sentais bien en dessous de lui.

J'ai soupiré et j'ai fini par le lever pour faire un tour dans l'aéroport dans l'espoir que ça me changerait les idées.

Il fallait impérativement qu'il sorte de ma tête...

JEALOUSY | Carlos Sainz Jr.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant