Instant Crush

5- Et un slip en moins...

— Ce n'est pas possible, t'es bourrée?

— Je n'ai pas la moindre goutte d'alcool dans le sang, je te le jure. Je viens de faire 1 heure 15 de sport.

Ce que je ne dis pas à Chaeryeong est que j'ai manqué de m'évanouir d'épuisement après tout ce temps à courrir alors que l'équipe des trois playboys considéraient cela comme un échauffement.

— Ben ça alors... Et Yeonjun, il était comment?

— Qu'est ce que tu entends par comment? Si c'est le mental, ben toujours aussi con. Pour le physique, toujours aussi moche.

— Ryujin, faut vraiment être aveugle pour ne pas voir sa beauté, son sourire, sa prestance, son charisme...

— Je te parie qu'il ne saurait même pas épeler ce mot là. Charisme, K-A-R-I-S-M-E.

Je quitte ma chambre, tenant toujours le téléphone contre moi et descends les marches pour emprunter du lait dans le réfrigérateur. Mais bizarrement le contenant est absent.

— Pourquoi tu râles? Me demande mon amie.

— Y a plus de lait. Je suis sûre que Beomgyu l'a fini alors que je lui avais dit de ne pas toucher à ma brique de soja.

— C'est peut-être toi et tu ne t'en souviens pas?

— Lee Chaeryeong. Voulez-vous un avertissement pour non respect du soutien indéfectible à la meilleure amie?

— Je plaide la clémence et ferme ma bouche.

Cette fille me scotchera toujours le sourire sur le visage. Je me dirige donc vers le cellier derrière la cuisine et me lance à la recherche de ma réserve de lait de soja. C'est un vrai fouillis ici.

— Je crois que je vais te laisser, j'ai une mission qui m'attend.

— Encore tes tocs?

— N'importe quoi. Tu verrais le bazar, c'est une question de survie à ce niveau là.

Je laisse mon amie raccrocher et souris de motivation. Tout est entreposé sans réelle organisation. Sautillant de joie à l'idée d'user à bon escient de mon besoin compulsif, je me lance dans le tri des boîtes de conserve et sachets de nourriture. La porte d'entrée qui claque m'indique la probable arrivée miraculeuse de mon père.

— Bonsoir papa.

C'est le silence. Ça signifie qu'il ne peut s'agir que de l'autre morpion. Et lui, je lui souhaite de s'étouffer avec sa salive.

Je termine mon tri en récupérant ce que j'étais venue chercher puis me descends un immense verre de lait.
C'est un réel plaisir d'accomplir les choses jusqu'au bout. Vous voulez me torturer? Mangez une pizza mais ne laissez que la croûte. Coupez un gâteau en ne passant jamais par son centre. Commencez une phrase sans jamais la finir.
Quelle horreur !

Mes pieds me trainent vers le premier étage où des ricanements derrière la porte de la chambre de Beomgyu, m'indiquent qu'il est avec sa troupe.
J'entre dans la salle de bain et hurle en découvrant Yeonjun nu comme un ver. En retour à ma frayeur, il se met lui aussi à crier tout en se couvrant les parties.

Devant un tel raffut, mon frère débarque en catastrophe sur le pallier.

— Qu'est ce qui se passe?

— Il est nu!!

Les garçons tournent la tête vers leur pote qui s'essuie et se mettent à éclater de rire.

— Ben oui, il se douche. Tu le fais avec tes habits, toi? Se marre Kai.

Je n'ose plus ouvrir les yeux, de peur de retomber sur cette vision d'horreur. Son corps... Son regard... Son sexe... Je frissonne de dégoût et sautille pour faire sortir ce souvenir de ma tête.

— Fais pas ta coincée, me dit Yeonjun qui doit se situer non loin de moi si je me fie à sa voix.

— Je ne suis pas coincée mais choquée à vie. Et je peux savoir pourquoi tu te douches ici?

— Je sors de la salle. J'fais attention à mon hygiène, moi.

Son doigt ose me repousser mais je parviens à garder mon équilibre. Pour une question de survie, j'ouvre l'oeil droit et envisage de lui piquer sa serviette et de lui fouetter les fesses jusqu'à ce qu'il pleure. Mais ça voudrait dire revoir Tony MontAnaconda. 

— Allez, c'est mon tour, dit Soobin en retirant son t-shirt pour le lâcher dans mes bras.

Mes sens se mettent en éveil. Je vis l'ascension vers le septième ciel. Et en plus, j'ai son t-shirt rempli de ses phéromones.

— Attends, prends mon slip.

Yeongjun profite de mon air béat, se penche et m'envoie son immonde sous-vêtement trempé de sueur en plein dans la tête.
Je crois que je n'ai jamais hurlé aussi fort de toute ma vie en coursant cet abruti. Heureusement pour moi, Kai finit par m'enfermer dans ma chambre et à bloquer la sortie avec une commode. Personne ne mourra ce soir, hormis mon honneur.

Coincée entre ces quatre murs, je pousse du pied le dessous de l'abruti pour qu'il atterrisse au fond de ma penderie et que je ne le vois plus. Quant au t-shirt de Soobin, je le place sur un cintre et l'accroche dans ma penderie. Peut-être l'oubliera-t-il et ne viendra-t-il pas le récupérer?

Je me jette sur mon lit et me mets à réfléchir. Je suis en crise de soobinite aiguë. Il faut donc que je me ressaisisse dès demain. Trop m'approcher de la perfection me fait perdre les pédales. Je n'ai alors que deux choix: le fuir pour revenir à la normale ou me rapprocher de quelqu'un histoire de me changer les idées.

La deuxième version n'est jamais très concluante mais je crois que je n'ai pas énormément de possibilités pour faire la fine bouche.

Être amoureuse depuis huit ans d'une personne qui ne vous voit pas peut faire perdre la tête. Je l'ai vu grandir et s'embellir avec les années mais je suis fière de dire qu'il me plaisait déjà à l'époque où il était un collégien. Aucun des garçons de la chambre d'à côté n'avait une idée du potentiel en eux. Ils étaient simples, drôles et débordants d'énergie. Puis les flirts sont arrivés, et l'envie de plaire. L'un a commencé la musculation, les autres l'ont suivi. La popularité a terminé d'éloigner mon rêve d'être un jour sa petite amie.
Je sais que je me fais du mal à rêver avoir de l'importance pour lui. Il ne tournera jamais la tête en réalisant que j'étais ce dont il avait besoin. Nous ne sommes pas dans un film. Les coups de foudre après tant d'années, ça n'existe pas.

Je ne serai jamais rien d'autres que la Petite Choi aux yeux de Soobin.