53- Le coeur battant

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Yeonjun

Je crois que ma vie est pourrie. 
C'est la conclusion que je me suis faite lorsque j'ai entendu quelqu'un frapper à la porte. J'ai tout d'abord cru que c'était Ryujin qui avait trouvé le moyen de s'échapper de la chambre de son frère mais c'est Kai qui s'est présenté à moi. Lorsqu'on a été interrompu par le service de chambre qui m'a demandé s'il pouvait venir installer les pétales de rose, puis a installé la table pour le repas en tête à tête, j'ai eu envie de me noyer. 

— Bon, ben au moins j'vais bien manger, m'indique celui qui n'est pas Ryujin.

— Tu ne veux pas plutôt aller la libérer pour qu'elle me retrouve? 

— Nope. Tant que tu n'auras rien dit à Beomgyu, je n'interviendrai pas. 

— P'tite bite... 

Kai rigole à mon attaque mais ne s'offusque pas en installant sa serviette sur ses genoux. Il nous sert du vin et m'invite à trinquer. 

— Attends-toi à ce que je te culbute juste après, c'est ce qui était prévu. 

— Vu l'odeur de la chambre ce matin, ça a déjà été le cas, non? 

— Je ne dirai rien. Tant que tu ne m'auras pas aidé. 

Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Cependant, on ne se prive pas d'un repas qui va nous permettre d'oublier les semaines d'éloignement. Je suis conscient que mon mensonge au sujet de Ryujin m'a privé de mes amis. Ils m'en ont voulu et à juste titre. Je dirais même qu'ils auraient dû me défoncer au lieu de prendre sur eux en apprenant que je l'avais fait chanter. Heureusement que tout se termine bien.

Je déguste cette viande délicieuse et en profite pour le questionner sur sa vie privée.

— Alors, ça a avancé de ton côté? Je lui demande au cas où quelque chose de nouveau se serait passé en mon absence.

— Pfff, toujours au point mort. Au moins elle est de nouveau célibataire.

— Mec, si tu ne te bouges pas, elle ne saura jamais qu'elle te plaît.

— Elle est super timide et inaccessible. Et tu peux parler. T'as attendu des années pour te bouger le cul donc viens pas me faire la morale alors que t'as débloqué le game je ne sais comment. Justement, raconte-moi ton secret.

— Ben... Ce n'était pas vraiment de ma faute. On a été tous les deux convoqués chez le Doyen. Moi pour mes notes et elle pour une connerie.

Il pose ses baguettes afin de m'écouter attentivement. Dès qu'il s'agit de sujets sérieux qui touchent les amis ou la famille, on ne rigole plus.

— Elle doit se faire oublier et en échange, il l'oblige à me donner des cours particuliers.

— Je ne savais pas qu'elle était dans la merde. C'est à propos des devoirs qu'elle revendait? Ils sont au courant?

— Aucune idée. Il n'a jamais clairement dit les choses donc c'est la galère. C'est pour ça qu'elle était en poste au cinéma et qu'elle doit encore se taper la brocante.

— Tu penses qu'elle y sera aussi?

Je souris devant son air niais d'amoureux. Huening Kai est piqué comme jamais mais tellement peu sûr de lui. Il serait capable de courir à poils dans les rues de Séoul plutôt que de lui adresser la parole. Et à ce rythme là, ils sont bons pour ne jamais donner une chance à leur histoire.

— Je me renseigne et je te dis ça.

— Ok. En échange, je nous organise une descente avec les mecs dans le bureau du Doyen. Faut qu'on découvre ce qu'il lui reproche.

— Faudra être prudent car il ne faut surtout pas que ça lui retombe dessus.

— Pour ton histoire, attends quelques jours pour le lui annoncer. Là, ce n'est pas le moment, me conseille-t-il.

En effet, cette révélation ferait plus de mal que de bien au moment où mon meilleur pote a besoin de moi. Je ne peux que prendre sur moi et me dire qu'on aura toute notre vie pour rattraper ces deux petits jours perdus.

Le soir, je m'endors seul au milieu des pétales que j'ai étalé puisque je les ai payés et me réveille la queue douloureuse et tendue. Je veux ma princesse car ma main ne me satisfait plus maintenant que j'ai goûté à la perfection.

Nous nous retrouvons tous devant les véhicules. L'utilitaire est chargé des derniers électroménagers de la grand-mère So-Yun et est prêt à partir.

— Ryujin, tu montes avec moi? Comme ça je te dépose directement chez Chaeryeong ?

J'espère que mon excuse passera comme une lettre à la poste. Évidemment trois de nos spectateurs ricanent alors que Beomgyu fixe un point dans le vide. Il a le cafard et pense à sa mère.

— Oui. Si ça ne te dérange pas.

Putain que non. Ne voit-elle pas que je suis en train de bouillir car je meurs d'envie de la toucher, de respirer son odeur, d'embrasser sa peau, de goûter à ses lèvres. Ça y est, je bande.

— On se retrouve à la fac alors.

Je salue mes potes et entraîne ma petite amie secrète dans notre véhicule pour une heure trente en tête à tête. Le rêve. Elle aussi se montre distante et nerveuse. J'attends que nous soyons sur la voie rapide pour poser ma main sur sa cuisse afin de la rassurer.

— On sera tous là dimanche.

Son corps se crispe à l'évocation du cimetière. Première erreur pour moi.

— Je ne pensais pas à ça. Mais merci.

Je hoche la tête pour lui signifier que j'entends ce qu'elle me dit mais me demande ce qui la tracasse. Ryujin est quelqu'un au fort caractère mais qui cache une fragilité saisissante.

— C'est au sujet de nous deux?

Ça me fait bizarre de parler de nous en ces termes. Je suis uni à Ryujin, c'est juste incroyable.

— Oui. Je n'arriverai pas à mentir trop longtemps. Je lui parlerai jeudi.

Je suis surpris car je ne m'attendais pas à ce qu'elle réagisse aussi tôt.

— Tu es sûre qu'il ne vaut mieux pas attendre?

— Que ce soit maintenant ou après, ça lui fera mal donc autant se fixer une date et y aller.

J'accepte son choix. Je la soutiendrai quoi qu'il advienne de toutes façons.

— Je te dirai aussi ma note. J'espère vraiment m'en être sorti. Je n'ai jamais autant travaillé de toute ma vie.

Elle tourne la tête pour me sourire. J'en viens à me demander si elle ne se fiche pas de moi.

— Je suis fière de tes efforts. Sache-le.

La salive passe dans le mauvais trou. Je ne m'attendais clairement pas à cette déclaration. A son tour, Ryujin pose sa main sur ma cuisse et se penche pour m'embrasser sur la joue. Je tremble de gêne et de timidité.

J'emprunte une sortie vers une station service et gare rapidement la voiture. Sans qu'elle ne s'y attende, j'attrape ses joues pour lui rendre son baiser et partager toute ma fougue. Cette fille me plaît plus que la normale. Après qu'elle ait repris son souffle, je reprends la route et sifflote le coeur léger.

Instant CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant