48- Sur le fil

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Je suis consciente qu'à chaque fois que je fragilise mes défenses en lui souriant ou en rigolant à ses blagues, je creuse un peu plus la tombe où je plongerai quand Chaeryeong apprendra ce que j'ai fait. Je cherche au fond de moi la force de lui résister et de le repousser encore et encore. Lorsque sa main se pose sur ma cuisse, dans la salle de cinéma, je réfugie mes doigts sous mon jean pour ne pas être tentée de le toucher à mon tour et parcourir les muscles saillants de son avant-bras. Mais je réalise que je suis à deux doigts de sombrer lorsque je sens son visage se pencher vers moi. M'attendant à un baiser, je reste figée et préfère fermer les yeux. Son nez inspire l'odeur de mes cheveux avant de le sentir se nicher dans le creux de mon cou. Il me suffirait de tourner la tête vers lui pour enclencher le baiser qui m'a animée sur le canapé. Ressentir à nouveau son goût sur mes lèvres, sa langue contre la mienne. Sentant que je craque, je me lève brutalement et me réfugie aux toilettes pour me rafraichir les idées.

Je n'ai pas la force de revenir dans cette salle, consciente que je n'ai qu'une envie: me jeter dans ses bras et le dévorer tel que mon esprit me l'ordonne. Comment puis-je ressentir une telle fougue pour une personne qui a animé tant de rage en moi pendant toutes ces années? 
Je ne sors de mon refuge que lorsque la foule se met à envahir mon lieu paisible. J'avance vers Yeonjun appuyé contre l'entrée, le regard dans le vide. Il doit sûrement m'en vouloir pour lui avoir fait faux bond. Alors que j'approche, j'aperçois deux brunes lui parler. Elles se trémoussent et gloussent de gêne en lui tendant un papier qu'il récupère. Je soupire devant ce tableau si familier. Comment ai-je pu croire une seconde qu'il serait différent de ce qu'il m'a montré pendant ce temps? Lorsque je suis assez proche pour me rajouter à ce petit groupe, l'une de deux me juge salement pour cette intrusion. Qu'elle se rassure, mes papillons se sont calmés dans la seconde. 

— Ouai... T'es qui? 

— Sa petite soeur. Range tes griffes, Cruella. On y va quand tu veux, Yeonjun. 

Il est trop perturbé pour ajouter quelque chose et me suit sans faire d'histoire. Je sens une colère bouillir au fond de moi et manque de lui écrabouiller les bourses pour la rage qu'il provoque. Cependant, il attend que nous soyons de retour près du camion pour me questionner. 

— Pourquoi est ce que tu as dit que tu était ma soeur? 

— Ce n'est pas comme ça que tu m'as considérée pendant toutes ces années? Je lui réponds en fermant la portière et par la même cette discussion. 

Il a beau se montrer agacé et grincheux en démarrant le véhicule, je ne lui adresse pas un regard et profite de la vue sur la ville. Nous la traversons pour atteindre un hôtel quatre étoiles. Sans un mot, je l'accompagne alors qu'il se présente à l'accueil, récupère la clé ainsi que les sacs. En découvrant que nous bénéficions d'une chambre avec un lit king-size, je me force à lui adresser la parole. 

— Tu es sérieux? Tu penses qu'on va dormir ensemble? 

— Ca ne t'a jamais dérangé jusqu'à présent. 

Un point pour lui mais ma fierté est encore trop ébranlée et mon manque de confiance en moi noie toute possibilité de réflexion sensée. Je désire quelque chose qui apportera de la peine à une personne chère à mon coeur. Et je sais que m'engager dans cette voie n'est pas sans risque. Un dragueur invétéré ne devient pas du jour au lendemain le parfait petit ami fidèle. 

Yeonjun lâche les sacs près de l'armoire et se retourne vers moi. Pourtant je n'ai strictement pas envie d'une discussion sérieuse. Je m'allonge sur le lit pour fuir son regard glacial. 

— Tu vas me dire la raison de ton changement d'attitude? Tu m'as laissé tomber dans la salle et ensuite tu te fais passer pour ma soeur? Qu'est ce qui te prend? 

— Ca ne fonctionnera pas...

Autant annoncer le générique de fin pour éviter la douleur après les belles paroles car c'est tout ce qui arrivera à une fille comme moi. Il me larguera quand une plus belle passera par là. 

— Tu n'as pas confiance en moi... 

Le lit s'affaisse pour laisser son corps s'approcher du mien. A plat ventre, il se positionne si près de mon visage que je suis obligée de fermer les paupières pour ne pas me perdre dans son regard. Je sens son souffle réchauffer ma peau en plus de ses doigts qui me torturent en jouant dans mes cheveux. 

— Tu penses réellement que je vais laisser tomber maintenant? 

— Je n'ai pas envie de blesser quelqu'un qui m'est cher, Yeonjun. S'il te plaît, n'insiste pas. 

— On ne blessera personne. Je me chargerai de lui parler, je te le promets. Maintenant, arrête de mettre des putains de barrières entre nous et accepte d'entendre que tu me plais. 

Pourquoi se faut-il que les papillons s'agitent dans mon corps? A chacun de ses aveux, je frissonne de plaisir puis tressaille à l'idée qu'il ne me mente pour obtenir une quelconque faveur. 

Celui avec qui j'ai passé tant d'heures dernièrement se positionne sur mon corps et me montre à quel point on se complète si bien. Il entremêle nos doigts  et prolonge la proximité de nos bouches, rendant cela irrésistiblement attirant. 

— Jeudi, j'ai les résultats de l'exam que j'avais préparé. Ca te dit qu'on s'organise quelque chose? 

— Genre tu m'invites au resto si t'as une sale note? On fêtera tes dernières heures dans ce monde.

— Ok. Et c'est toi qui paie si je dépasse la moyenne. 

— T'as intérêt à ce que ce soit le cas sinon le Doyen Gong ne te loupera pas. 

— Alors disons que si je dépasse quinze, tu viendras en tenue sexy? 

S'il pense que je possède quelque chose de la gamme de ses putes d'ex dans ma garde-robe, il rêve.

— En dessous de quinze, c'est toi qui enfile la petite jupe, Yeonjun. 

Cet abruti que j'adore détester relève mon défi et m'embrasse tendrement pour sceller notre accord. Dans quoi est ce que je m'embarque? Je me le demande bien. Je le laisse me cajoler puis manque une respiration quand il descend au niveau de ma poitrine. Il semble tout à fait serein contrairement à moi qui brûle de crainte et d'excitation. 

— Qu'est ce que tu fais? 

— Hum. Je te montre mes talents en matière de cunni comme je te l'avais promis. 

Je dois rester forte. Au moment où il atteint mon jean, je sais que je suis perdue. 

Instant CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant