— Psst. Psst.
Je tourne la tête essayant de savoir d'où vient ce sifflement désagréable pour mes oreilles. Alors que je poirote depuis plusieurs minutes à la recherche d'un grand brun agaçant, devant cette bibliothèque, j'entends encore cet appel sifflotant.
— Putain de merde de Ryujin de mes couilles, marmonne l'énorme colonne en marbre juste à ma droite.
Si j'avais su que l'architecture moderne rescellait de la magie, j'en aurais écrit un bouquin. Je me rapproche de la source de cette nuisance pour lui poser la question qui me vient à l'esprit.
— T'es comme le génie de la lampe version poteau: faut que je te frotte le cul pour obtenir mes trois voeux?
Yeonjun attrape mon poignet et nous entraîne au pas de course vers l'allée menant aux parkings. Sa casquette est enfoncée sur sa tête et son manteau remonté pour couvrir son cou et la silhouette de son corps. Il nous arrête devant son véhicule et le déverrouille.
— T'as l'air d'un gros pervers qui va ouvrir son imperméable et me montrer son zgueg.
— Rentre dans cette bagnole.
J'obéis à mon kidnappeur et tapote gentiment des doigts sur mon sac, posé sur mes cuisses.
— Dans la dark romance que me lit Chaeryeong, tu es censé me dire que tu m'enlèves pendant un mois ou un an, ça dépend des versions et que je serai tienne. Tu vas abuser de moi. Au départ, je dirai non puis je vais mouiller grave et finirai par devenir accro. A la fin, je tomberai en cloque et tu seras dingue du bébé. Tu quitteras le cartel où on s'enfuira à la campagne pour baiser comme des bêtes tandis que nos enfants joueront dans les champs.
— Hein?!
Je crois que j'ai réussi à choquer mon chauffeur qui m'offre une facette de son visage que je n'avais jamais vu auparavant. Une fois le campus quitté, il appuie sur l'accélérateur pour nous faire traverser les rues bondées de Séoul en fin de journée.
— Où allons-nous, Massimo Choi?
— Ryujin, je savais que tu étais tarée mais là, tu commences à me faire peur. Je ne sais strictement pas de quoi tu parles.
Tant pis... Je crois que je ne verrai pas de Nacho au prochain carrefour et que je peux dire adieu aux parties de golf jambes écartées.
— C'est rien. Donc? Tu nous entraînes où ?
— Chez moi.
Voilà qui est intéressant.
J'ai beau connaître ce mono neurone ambulant, je n'ai jamais su ce qu'il en était de sa vie privée à part qu'il loge dans une résidence. Nul doute que ce doit être du genre fraternité où l'on fait la fête chaque weekend.
Le véhicule longe quelques bâtiments pour se garer dans un quartier assez tranquille. La maison devant laquelle on se présente se compose de deux étages mais il y règne un calme absolu. Yeonjun se met derrière moi pour me pousser à entrer plus vite et m'empêcher d'observer tout ce qui nous entoure.Deux garçons sont installés dans le canapé du salon, les écouteurs aux oreilles et les ordinateurs sur les genoux. L'ambiance est plus que studieuse. A la pile de livres devant eux, je réalise que nous avons là des Homo Librus Erudicus, un genre très rare chez les hommes, que je pensais éteint.
— Qu'est ce qu'il fout là, lui... Souffle l'un d'entre eux.
— Choi, on ne veut pas de tes gonzesses ici, tu le sais, le sermonne le second.
Je suis étonnée de voir que ces garçons ne se laissent pas impressionner par la popularité du sportif. Au contraire, celui qui se cache derrière moi n'en mène pas large.
— Ouai. Je sais. On va travailler justement.
Les deux intellos éclatent de rire comme si Yeonjun avait sorti la blague de l'année, faisant naître en moi une certaine colère. J'ai horreur des moqueries et de la méchanceté gratuite, or là, j'en suis témoin. Malgré le fait que je ne supporte pas l'abruti dans mon dos, je considère qu'il n'y a que moi qui puisse vanner ce mou du slip.
J'avance pour observer la page du bouquin ouverte devant lui et souris de satisfaction.
— Avant de jouer les grosses têtes, assure-toi que ta première équation est bonne, ducon. Viens, Yeonjun. Allons dans ta chambre.
— T'es qui, toi? Demande celui que je viens d'humilier.
— Une personne qui ne te considère pas assez intéressante pour te faire entrer dans son monde. Va apprendre le respect et tu me feras signe.
Je monte les escaliers sans trop savoir où je vais et retrouve ma respiration sur le premier palier.
— Ma chambre est la seule au deuxième.
— Ils ont osé exclure le beau Choi Yeonjun. Veux-tu que j'aille leur claquer la bite?
Pour la première fois depuis quelques minutes, mon partenaire se détend et me sourit. Il me fait alors découvrir la petite chambre qui occupe l'espace supérieur de cette vieille maison. Dotée d'une salle d'eau et de toilettes, je la trouve plutôt sympathique si on occulte les andouilles en bas.
— C'est mon père qui m'a foutu dans cette baraque. Y a deux autres geeks avec eux. Je ne t'explique pas l'ambiance tous les soirs. Boulot, boulot, boulot.
— Pauvre chéri. C'est rendez-vous en terre inconnue tous les jours pour toi.
Yeonjun m'envoie un coup de pied dans les fesses qui me fait rouler sur son matelas. Nouveau bon point pour lui, celui-ci est moelleux.
— Voilà pourquoi j'préfère être chez ton frère. Ça me ressemble plus.
— Si tu te considères faisant partie de la secte qui hurle "string" quand il voit une femme, oui, t'as trouvé tes congénères.
Nouvelle tentative d'attaque mais j'esquive la claque qu'il prévoyait d'abattre sur mes fesses.
— T'étais pas mal en maillot, me dit-il en fixant cette partie de mon anatomie.
— Va te faire foutre, dis-je en me refermant comme une huître.
J'ai encore ses paroles en tête. Un trois. Voilà ce que je suis. Peut-être que je ne dois cette note qu'à mes fesses alors hors de question de trouver dans ses affirmations un quelconque point positif. Je sors les documents que j'avais gardé et les pose sous son nez.
— On va commencer par le b-a-ba. Reprenons ton thème. Dis-moi ce que tu en as compris et ce que tu connais sur le sujet.
J'observe alors le vide intersidéral dans les yeux de mon élève et comprends que le chemin sera long. Il faut reprendre chaque notion afin qu'il puisse les comprendre, les relier entre elles et pousser le sujet un peu plus loin.
— J'ai le regret de t'annoncer que tu vas passer de longues heures avec moi, Choi Yeonjun.
Mon apprenti soupire, réalisant la torture qui l'attend mais accepte son sort. Je suis aussi consciente d'être l'autre punie dans cette histoire.
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Instant Crush
FanfictionGenre: New Adult Tropes: Meilleur ami du frère, hate to love, amour interdit, proximité forcée, non-dits, "one bed". RESUME: On ne contrôle pas toujours pour qui bat notre coeur. Le mien s'amuse à rêver du meilleur ami de mon frère, en plus du coura...