C'est une véritable délivrance quand j'informe le responsable de cette soirée qu'il n'y a plus un déchet au sol dans cette salle. Mon départ est validé et je jubile en voyant Changbin qui m'attend, seul dans sa voiture dans la nuit noire du campus.
— Courageux ou téméraire? Lui dis-je en sautant à son cou.
— Dingue d'une adepte de cinéma.
Je souris à sa remarque et pénètre dans l'habitacle. Ne pouvant pas expliquer à mon peut-être futur copain qui prend son temps que j'ai été obligée d'être là ce soir, je lui ai donc fait croire que j'étais motivée par une volonté féroce de voir les différentes installations de la faculté se développer, notamment le cinéma.
— C'est dommage qu'on ne soit pas que tous les deux ce soir, me dit-il.
Un simple regard vers son sourire et je me persuade qu'il a dû éjaculer dans ma bouche. Il n'en est pas possible autrement. Je n'ai pas dû reconnaître le goût. Ce type est un concentré de tendresse.
— Chaeryeong veut apprendre à te connaître et Yeji a besoin de se changer les idées.
— J'suis désolé, au fait, pour leur couple. Je n'ai appris que récemment qu'ils avaient rompu sans trop d'explications.
— Ton pote est un bouffon mais n'en parlons plus.
Mon chauffeur ne tarde pas à lancer de la musique en se chargeant de vérifier que j'apprécie le genre qui passe. Puis nous arrivons à la maison. Celle-ci est calme, plongée dans le noir. Après rude négociation, Beomgyu a accepté de quitter le navire avec sa troupe pour nous laisser la place.
Changbin m'aide à installer les coussins sur le tapis pour qu'on puisse y installer un campement quand nos deux invitées débarquent. Yeji est époustouflante par sa beauté naturelle. A sa manière de nous sourire, je comprends qu'elle savoure de se trouver ici.
— Le seul mec parmi toutes ces jolies filles, je peux vous dire que j'en ai de la chance. Même si je peux avouer, sans vous vexer, qu'il ne m'en suffit que d'une seule pour être comblé.
Mes lèvres se pincent pour gérer les rougeurs et la gêne qui m'assaillent. Chae me balance plusieurs coups de coude pour vérifier que j'ai bien visualisé la perche et nous lançons le film "Sans un bruit".
— Moi, je serai vite morte, nous apprend Chae qui mâche sa nourriture bien trop fort.
Je rigole toute seule en sachant que c'est pour cela que j'ai choisi ce film. Il est impossible de regarder quelque chose sans que mon amie n'en fasse des commentaires. S'en est devenu un plaisir.
Les filles s'étalent sur le tapis tandis que nous restons assis sagement sur le canapé. La seule chose qui augmente ma pulsation cardiaque est le bras posé sur l'appui derrière ma tête.Nous sommes rapidement happés par la dextérité des acteurs pour ne rien faire tomber avec l'idée d'en faire de même. Je regarde ce paquet de chips et me demande s'il est techniquement possible d'en récupérer une sans toucher le contour. Changbin qui semble avoir compris mon idée suit avec attention ma tentative désespérée.
— Voilà pourquoi je ne veux pas de gosse, grogne Yeji. Y a qu'eux pour vouloir récupérer une fusée en haut d'une étagère en équilibre sur un pouf. Sérieusement, c'est un aller simple pour les problèmes.
En levant la tête pour comprendre de quoi elle parle, mon poignet touche la bordure en plastique et me fait échouer.
— T'es morte, dit Changbin en m'attrapant par la nuque avant de planter ses crocs dans ma chair.
— Voilà! Qu'est ce que j'ai dit! S'énerve Yeji. La gamine, elle n'écoute pas son père et elle récupère le jouet. J'vous jure, je vote pour que les gamins se fassent bouffer.
Personne ne lui tient rigueur pour ses paroles mais on ne se prive pas de rigoler. Yeji a clairement besoin d'extérioriser ses émotions, quitte à éliminer quelques personnages virtuels.
Lorsque le bruit retentit dans le film, nous restons tous choqués. Le gamin vient de mourir. Je promets de ne jamais faire en sorte d'apparaître dans la liste de souhaits de Yeji.
Changbin m'attire contre lui comme pour apaiser mes tensions puis fait basculer mon corps afin que mes jambes reposent sur les coussins. Son toucher dans mes cheveux est si doux que j'aurais envie de fermer les yeux pour ne sentir que ça.
— La meuf est en cloque. C'est la merde, je vous dis, panique Chaeryeong.
— A chaque fois que j'en vois une, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle a niqué, nous avoue tout naturellement Yeji. Je ne pourrais pas me présenter devant mes parents dans cet état, ils sauront tout de suite ce que j'ai fait.
Voilà une vision de la vie que je n'avais pas juste avant.
— Après, c'est comme quand tu prends conscience que tes parents se sont envoyés en l'air pour t'avoir, je lui réponds.
A la mine choquée qu'elle me renvoie, je comprends qu'elle n'y avait pas pensé et se met à hurler de dégoût.
Il nous faut quelques minutes pour nous replonger dans l'atmosphère de ce film.Vivre dans le silence.
Ne plus pouvoir exprimer ses émotions comme pleurer, rigoler, exprimer sa rage ou sa détresse. Devoir se renfermer sur soi. Tout simplement le quotidien de ceux qui se font harceler et ne parviennent pas à en parler.— Et voilà! C'est encore la faute des gosses. C'est la première chose que je dirai à mon futur mec, il pourra tirer une croix dessus.
— Tu as quoi comme attente pour celui qui n'aura pas de descendance? Rigole Changbin.
— Il faut qu'il soit grand, blond, posé. Je tire un trait sur les fêtards, qu'il aime danser même si ce n'est que tous les deux dans une chambre. Qu'il veuille m'emmener au karaoké, putain mais bazarde-la ta gamine! Hurle-t-elle à la télé.
Je crois qu'il devient urgent que j'emmène mon amie à des entraînements de combat.
Nous suivons les déboires de l'un des personnages quand la porte d'entrée s'ouvre et nous oblige à lever la tête vers le troupeau qui en fait du bruit.
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Instant Crush
FanfictionGenre: New Adult Tropes: Meilleur ami du frère, hate to love, amour interdit, proximité forcée, non-dits, "one bed". RESUME: On ne contrôle pas toujours pour qui bat notre coeur. Le mien s'amuse à rêver du meilleur ami de mon frère, en plus du coura...