Instant Crush

47- Nuée de papillons

Yeonjun

J'adore la voir perdre le fil de ses pensées alors que je lui livre mes intentions. Je sais qu'elle ne me fait pas confiance et ne croit pas en ce que je lui promets. Mais si elle avait conscience d'à quel point je suis motivé à lui montrer une autre facette de ma personnalité, elle craquerait. Ou bien prendrait peur... Je sais que rien ne sera facile, de retour à Séoul si elle accepte de se lancer dans une relation avec moi. Beomgyu risque d'être le problème central. Au moins, le sujet Changbin a été éliminé sans que je n'ai à lever le petit doigt.

Quand je repense à la façon qu'il avait de se tenir près d'elle sur ce canapé, je n'avais qu'une envie, tout fracasser. Je n'ai pas pu rester dans le salon et j'ai préféré fuir dans la chambre. Jennie pensait que cela était pour une toute autre raison. Ca m'a étonné qu'elle reste après que je lui ai dit que je n'avais aucune intention de coucher avec elle. Dans la nuit, malgré la proximité des mecs, elle a tenté de poser sa main sur ma queue mais je l'ai repoussée avec violence. Notre dispute s'est terminée dans le salon. 
Je ne lui en veux pas car je mérite tout ce qu'elle m'a dit. Je me suis servi d'elle pour oublier Ryujin que je ne pouvais avoir. Je cherchais le tempérament de feu de ma Petite Choi, ses beaux yeux de tigresse, son sourire impétueux, sa fougue inébranlable. J'ai trois jours pour lui faire comprendre à quel point je souhaite nous créer un avenir commun. 

— J'te laisse porter les meubles pour que tu te sentes utile, me lance-t-elle avant d'aller discuter avec la vieille. 

Quelque chose me dit que la partie ne sera pas facile à remporter. 
Tel l'esclave sexuel que j'accepte de devenir pour ses beaux yeux, je me lance dans le déménagement des meubles anciens de sa grand-mère. J'ai tout de suite adoré cette femme lorsque Beomgyu me l'a présenté. Elle est sans filtre et a rapidement compris l'intérêt que je portais pour sa petite fille. Cependant, elle ne lui en a jamais fait mention, gardant ce secret entre nous. J'ai donc commencé à lui faire ouvertement la cour, ne pouvant prononcer ces paroles à ma Petite Choi. 

Je suis conscient que la famille de mon meilleur pote ne tient qu'à un fil. Tous sont isolés et acceptent de garder la tête hors de l'eau grâce aux efforts de Ryujin. Le décès d'un proche peut être radical pour la solidité de l'union familial mais nous sommes tous là pour épauler celle qui brille par son courage. Soobin trouve toujours un prétexte pour se rendre au bureau de Monsieur Choi et lui apporter des fringues propres. Taehyun s'occupe de l'administratif et l'organisation de la maison. Il a notamment prérempli chaque papier de la faculté que le père Choi s'est chargé de signer. Je ne lui en veux pas. Il noie son chagrin perpétuel dans le travail et ne réalise pas qu'il abîme peu à peu ce lien avec ses enfants. Mais comme l'a dit Soobin, on ne peut pas le forcer à réagir, cela doit venir de lui. Avec ce dernier et Beomgyu, on organise des tours de garde pour venir aider ma grand-mère préférée. Quant à Huening Kai, il garde un oeil sur ceux qui sont proches de notre petite puce. Ce boulot n'a jamais été bien compliqué puisque le cercle d'amis de Ryujin est restreint mais de qualité. Chaeryeong apporte autant à ma princesse qu'elle n'en demande. Toutes deux se soutiennent dans l'amour comme dans la bêtise. Je ressentais un peu de jalousie quand j'ai su qu'elle était proche de Jisung mais sa bienveillance n'a jamais fait défaut. Lorsqu'on a appris qu'il faisait tout pour protéger son identité quand elle s'entêtait dans son délire de devoirs à vendre, on a été rassurés. Heureusement que ça lui est passé, surtout avec cette espèce de pression que lui impose le Doyen. Malgré nos recherches, nous n'avons toujours pas compris de quoi il en retournait.

Ryujin me tape l'épaule lorsqu'elle constate que le camion est vide. 

— Bon boulot, Yeonjun. 

— J'ai le droit à un petit bisou pour me récompenser de mes efforts?

J'approche mes lèvres, un peu trop confiant et bute contre son majeur qui se pose en obstacle entre moi et sa bouche. Evidemment, rien n'est jamais facile avec elle. 

— Devine qui va pouvoir inviter sa petite amie au cinéma puisque nous avons tout l'après-midi devant nous? 

— Toi et c'est une excellente nouvelle! Tu la remercieras de ma part, je vais enfin avoir la paix sans toi. 

Ryujin commence à s'éloigner de la devanture pour approcher du camion mais mon bras se glisse contre son ventre et la ramène près de moi. Hors de question de la laisser alors que j'ai commencé à lui dévoiler ce que je ressens. Je crois qu'elle n'est pas prête pour le tsunami de sentiments. 

— Bien tenté, Petite Choi. Mais le cinéma, c'est par là. 

La plus belle rebelle essaie de me repousser mais j'attrape ses jambes pour la porter contre moi, telle la princesse qu'elle est. J'espère qu'elle n'a pas idée des battements cardiaques qui s'agitent en moi. Cette pression électrique qui parcourt mon corps me rend dingue lorsqu'elle est à proximité. Je savoure le parfum qui se dégage de sa peau et m'imagine la garder ainsi toute sa vie pour ne plus jamais la rendre à la société. 

— Lâche-moi. Je suis trop lourde, on va tomber. 

Je grogne à l'idée qu'elle me rabâche cette histoire de poids. Je ne comprends pas qu'elle puisse complexer alors qu'elle est l'incarnation de la perfection à mes yeux. J'aurais envie de mordre dans chaque parcelle de peau qui m'attire. Pour lui montrer qu'elle a tord , je décide de participer à sa stupidité oratoire. 

— Accroche-toi à mon cou, je vais enlever mon bras droit. 

— Quoi?! Mais t'es malade! Tu...

Elle sent que je détache à regret ce membre de son corps mais je savoure de savoir que son visage est si proche de mon cou maintenant. Je suis semblable à la bouée qui lui permet de garder la tête hors de l'eau. 

— Je t'en prie Yeonjun, je ne veux pas me faire mal. 

— Alors, répète après moi. Je suis la plus jolie. 

— Tu es la plus joli. 

Je m'étouffe et manque de nous faire écraser au sol en comprenant sa boutade. Mais je ne sais pas ce qu'il me prend et mes lèvres fondent sur son front que j'embrasse avec passion. Lorsque je me rends compte de mon geste, la gêne nous habite tous les deux. Elle préfère cacher son visage dans mon t-shirt plutôt que d'affronter mon regard d'homme amoureux. 
Dans un courage qui sort du fond de mes tripes, je fixe l'horizon devant moi et lui avoue ce qu'elle aurait dû entendre chaque jour depuis ces huit dernières années. 

— Tu es la plus belle chose qu'il m'ait été donnée de voir.