46- Obsessions

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En reprenant une allure convenable, je réalise que Yeonjun est crispé sur son volant. Je n'avais jamais fait cela. Sucer un mec dans une voiture alors qu'elle est à vive allure, qui plus est quand ce type est le mec que j'ai adoré détester toutes ces années et le crush de ma meilleure amie. Cette donnée m'oblige aussitôt à m'enfoncer dans le siège, honteuse de mes actes.

— Hum... C'était... pas mal, dit-il alors que sa voix a du mal à trouver une tonalité pleine d'assurance. 

— Un 3/10?

Il comprend aussitôt la référence. Taehyun aura beau me dire que cela était pour piquer ma fierté, je ne cesse de croire que c'est exactement ce que je vaux à ses yeux. 

— C'est un trois mais elle suce bien. 

Mon poing atterrit dans ses côtes et nous offre un petit écart avant que Yeonjun ramène le véhicule dans les lignes de notre voie de circulation. 

— C'est un dix mais c'est un trou du cul avec les filles. 

Mon corps s'attend à une réplique physique mais il sourit avec fierté. Qu'ai-je dit de spécial? 

— Alors tu me trouves beau. 

Mon souffle quitte mon corps, consciente de la boulette que je viens de faire. Il faut que je me rattrape immédiatement. 

— Pas du tout. Tu as une enveloppe charnelle passable, dans la moyenne. 

— Dans ce cas, t'aurais dit cinq mais non, je suis un dieu. 

— Le dieu de la prétention et de la stupidité, ça c'est sûr. 

Je ne sais pas comment il s'y prend pour raviver une telle rage en moi alors qu'il y a quelques minutes, je savourais de savoir son membre en moi. Je dois être totalement dérangée ou... Obsédée par le regard sombre que me renvoie celui qui ne cesse de me dévorer des yeux. 

— Regarde la route, on va mourir. 

— M'en fiche. On sera ensemble.

Le voilà maintenant devenu stupide et incohérent. Par prudence, je pose une main sur le volant et veille à nous garder en sécurité. Yeonjun en profite pour poser ses doigts sur les miens, me déclenchant une vague de papillons sortis de nulle part. Mon esprit leur ordonne de rentrer bien sagement au creux de mon ventre et de cesser ce trouble à l'ordre corporel mais je manque le souffle suivant et lui dévoile ma fébrilité. 

— Envie de vivre dans le même monde que moi, Petite Choi?

— Ca a bien été le cas jusqu'à présent alors pourquoi les choses changeraient? 

Il avance sa bouche près de mes doigts. Croyant qu'il va les mordre, je les retire dans la seconde et découvre ses lèvres pincées suspendues. Un nouveau klaxon le force à retrouver une certaine concentration sur la route et m'aide enfin à me détendre. Nous ne sommes plus très loin de Seosan. Qui aurait cru que prendre la route avec cet abruti ne serait finalement pas ennuyant? 

Je commence même à l'en remercier intérieurement quand je sens une main se poser sur ma cuisse. 

— Retire tes sales pattes de là. 

Il étouffe un rire mais ne bouge pas pour autant. 

— Tu viens de me sucer, je peux quand même faire ce geste. 

— C'était juste une démonstration de mes talents. Maintenant on reprend nos distances en mode je te déteste et toi tu ne me supportes pas. 

— J'ai envie de te lécher, Petite Choi. 

Nom d'une savonnette, je sens ma culotte se mouiller dans la seconde. Et au sourire qu'il me renvoie, j'imagine qu'il a dû sentir les contractions entre mes cuisses. Ou bien est-ce juste l'air idiot qu'il se donne naturellement? 

— Tu ne lècheras que tes doigts, je ne suis pas un pot de yaourt. Je n'attends rien de toi puisque je ne remets pas en doute tes talents sexuels. J'ai vu bien assez de filles se faire plaquer contre le mur par toi pour imaginer que tu dois en avoir de l'expérience. 

Son expression se ferme aussitôt, me laissant croire que j'ai peut-être enfin réussi à calmer les ardeurs du grand Yeonjun. Le reste du trajet se fait dans le silence avant qu'il n'aborde un sujet neutre. 

— Pourquoi est ce que tu as prévu de rester plusieurs jours ici? 

— Je dois donner les meubles à une amie de ma grand-mère. De son côté, elle me transmettra de l'électroménager mais la grosse friteuse ne pouvait être disponible que mardi pour être bien nettoyée. Ne t'en fais pas, tu n'auras qu'à prendre le bus pour rentrer. Je comptais surtout souffler loin de Séoul. 

Et éviter de croiser le regard de mon père. Même si une part de moi sait parfaitement qu'il y a peu de chance qu'il rentre à la maison aussi vite. 

— Parfait. 

Je récupère mon portable pour commencer à regarder les horaires de bus afin qu'il ne soit pas dans la précipitation après le déménagement. 

— Et pour la nuit? 

— Je pensais... Je vais me trouver un petit hôtel pas cher. Tu pourras rassurer Beomgyu. 

Si mon frère vient à apprendre que je passe la nuit dans la voiture, il risque certainement de me passer un savon avant de me faire croire que ma sécurité ne le touche en rien. C'est tout le talent de Beomgyu. Afficher un regard fermé mais s'inquiéter à la moindre difficulté sans l'admettre. Je crois que son égo lui a toujours mis des bâtons dans les roues dans son rôle de grand frère protecteur. 

Yeonjun arrête le véhicule devant la devanture que la propriétaire arpente, excitée par le troc. Je le vois manipuler son téléphone puis me sourire de satisfaction. 

— Tu auras un bus à...

— Je m'en fiche. Je passe les nuits avec toi. 

— Quoi? Mais... Non, tu...

— Je ne vais pas laisser mon professeur particulier seule dans une grande ville et prendre du retard sur mes cours. Ca ne serait pas sérieux, n'est ce pas? Puis, je viens de nous réserver l'hôtel donc on ne va rien gaspiller. 

— Yeonjun. Tu es impossible... 

— C'est un dix et il réserve même la suite deluxe pour sa copine. 

Je m'étouffe devant autant de mensonges et de stupidités parsemés dans une même phrase. Ce type est un concentré de fantasmes interdits qui rend cette obsession difficile à gérer. 

— Je ne suis pas ta copine. 

— Tu m'as sucé. 

Je préfère tourner mon visage pour qu'il n'aperçoive pas le sourire que je ne parviens pas à cacher. Je me répète qu'il est le baratineur numéro un de Séoul et que je ne dois rien croire sortant de sa bouche, pourtant je sens que je me laisse avoir comme une idiote. 

— Allez viens. On va donner les meubles au lieu de continuer à écouter tes bêtises. 

Instant CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant