62- Deux empotés de l'amour

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Yeonjun

Je patiente le temps que Ryujin rentre. Beomgyu m'a même viré de la chambre, agacé de me voir lui demander l'heure toutes les cinq minutes. Ce n'est pas de ma faute si je suis surexcité à l'idée de plonger ma langue dans sa bouche, et mes doigts en elle. Depuis notre virée à Seosan, je ne rêve que de prolonger notre ébat qui avait à peine commencé. 
Lorsque j'entends la porte s'ouvrir, je cours dans les escaliers mais tombe sur Chaeryeong, seule.

— Ryujin n'est pas avec toi?

— Non, je ne fais que passer. J'avais oublié mon livre dans sa chambre. Je n'en ai pas pour longtemps.

Déçu, je m'affale sur le canapé et décide de me laisser mourir à petit feu, le temps que ma muse me revienne. Cependant, c'est encore sa meilleure amie qui fait son retour dans le salon, un bouquin à la main. Comme par hasard, Huening Kai choisit de descendre pour errer à mes côtés. A son regard, je sens qu'il me supplie d'intervenir pour ne pas laisser filer sa biche. J'aide donc le loup à limer ses crocs.

— Hey, Chaeryeong. Viens t'asseoir, t'es pas pressée. 

La jolie brune fronce les sourcils, sentant le piège venir de loin. J'avoue que pour le coup, je n'ai pas fait dans la subtilité mais je ne ressens aucun plaisir à draguer une fille quand son nom ne commence pas par Ryu et ne se finit pas par Jin. Je note qu'elle s'assoit près de Kai de sorte qu'une distance soit de mise entre nous. 

— Ca va depuis hier? Je lui lance innocemment.

— On fait aller. Ce n'est jamais facile de voir quelqu'un qu'on aime souffrir mais je pense que tu vois ce que je veux dire. 

Je m'étouffe avec ma salive, ne sachant pas si Chaeryeong me tend une perche pour révéler mon histoire ou si elle me parle de Beomgyu. Il faut vraiment que je pense à demander à ma moitié à qui elle a révélé notre liaison. 

— Et de ton côté? Ca avance bien, tes cours? Me demande-t-elle. Tu as de meilleures notes d'après ce que j'ai compris. C'est lié à quoi?

— Hum, euh, à des révisions plus que studieuses. Le travail, il n'y a que ça qui paie. 

Son hochement de tête ne m'indique rien de bon. Je crois que je suis en train de me faire cuisiner. Il faut que je m'échappe. Au loin, Kai me fait signe de me lever. J'obéis avec plaisir. 

— Je crois que je vais aller...

Mon doigt désigne les escaliers mais Kai agite sa tête nerveusement, m'indiquant de ne pas m'enfuir. Je pivote alors avec un semblant de grâce vers la cuisine où il acquiesce, avant de sourire à Chaeryeong qui le regarde intriguée. 

— ... à la cuisine. J'ai un petit creux. Mais continuez à parler. Sans moi. 

Afin que j'ai la paix. 
Je m'assois sur le tabouret de bar et commence à me faire des tartines pour toujours occuper mes mains et ma bouche. L'objectif est que l'on m'oublie. 

— Tu... allais rentrer chez toi? Lui demande Kai.

Je soupire de lassitude. Quelle entrée en matière merdique! Il n'a qu'à lui tenir la porte pendant qu'il y est. Ca y est, la voilà qui se souvient qu'elle doit s'en aller. Il faut que je sauve cet empoté de l'amour. 

— Mais tu pourrais dormir ici. Ca ferait plaisir à quelqu'un de te retrouver dans son lit, je lui lance la bouche pleine. 

Kai me fait signe qu'il va me tuer, comprenant le sous-entendu. 

— Je n'ai pas envie de gêner Ryujin. Je pense qu'elle a d'autres choses à faire que d'organiser une soirée pyjama avec moi.

— N'importe quoi. Elle accepterait n'importe quelle soirée, du moment que tu es là. Tu peux même tenter la sans-pyjama. N'est ce pas, Kai, que ça lui plairait? 

Ma cible m'envoie son majeur puis le transforme en étirement de doigts devant la curiosité de Chaeryeong. Soupçonnant des cachotteries, elle s'empare de ses mains et commence à les triturer. Mon ami pâlit à ce contact. Je suis certain qu'il doit être en train de bander. 

— Il a caché le truc entre ses cuisses, je lance à la jolie brune pour qu'elle persiste dans son erreur. 

Effectivement, elle plonge entre les jambes de son voisin et se met à palper son jean sans succès à la recherche d'un objet inexistant. Enfin pas tout à fait. Je la vois subitement se relever et fixer droit devant elle, alors que mon ami ne respire plus. Quelque chose me dit qu'elle a trouvé la tanière du loup. 

— Je... suis désolée, souffle-t-elle.

— Ca va. Je n'ai rien senti, ment-il. 

J'ai envie de sombrer dans la dépression. A ce rythme là, ils finiront tous deux voisins avec trente chats sans jamais oser se parler hormis pour la sortie des poubelles. CuL-pidon doit à nouveau sortir son arc.

— Putain de merde, bouge pas Chaeryeong. Y a une bête sur toi. 

Son hurlement me fait sursauter mais je me retiens de pouffer de rire lorsqu'elle agite ses mains tel un hélicoptère. 

— Pitié, pitié. Enlève-la, je t'en supplie. 

— Peux pas. J'aime pas les araignées. Mais vas-y, Kai, sois un homme. 

Cherchant son sauveur, la brune lui tourne le dos et se rapproche de lui pour lui désigner son corps à sauver. Mais cet imbécile n'a pas compris la perche que je lui ai lancé et recherche vraiment la petite bête. C'est bon, j'abandonne. Je laisse tomber le métier de faiseurs de couples. 

— Attends, je cherche. Je me permets de te toucher.

Il lui soulève les cheveux et commence à regarder entre les mèches avec sérieux. Je finirais presque par croire qu'il y a vraiment quelque chose si je n'avais pas lancé le mensonge. 

— Je ne vois rien, elle est peut-être tombée ou rentrée dans ton t-shirt. 

Chaereyong pousse à nouveau un cri qui me fait sursauter et basculer de ma chaise. Je n'entends donc que des morceaux de conversation tandis que je me masse le crâne. Lorsque je me relève, je la découvre en soutien-gorge, à épousseter sa peau à la recherche d'une bête invisible. Kai ne bouge plus, victime d'un choc sentimental. Ses yeux sont en admiration devant la poitrine de son âme-soeur. 
Il faut plusieurs secondes à cette dernière pour se rendre compte qu'il est figé, comme court-circuité du cerveau. C'est alors que des cris nous annoncent que le troupeau descend. 

— C'est quoi ce putain de cirque qu'on entend? Grogne Beomgyu. 

La panique s'empare de Kai qui plaque sa belle le long du canapé et camoufle la vision de son corps par le sien. Les trois autres restent stupéfaits du spectacle insensé qu'on leur offre. 

— C'est quoi ce bordel? Kai, tu couches avec Chaeryeong en pleine journée? S'étonne Soobin. 

— Y a pas vraiment d'heure pour ça, je lui réponds amusé. 

— Non, il m'aidait à enlever une grosse bête, répond la petite brune dont seule la main nous apparait. 

— T'es sûr qu'il n'essayait pas d'en glisser une autre? Ricane Taehyun. 

La claque qu'il se prend par le maitre des lieux est mérité. Mais je décide de leur faire signe de remonter pour laisser un peu plus d'intimité à nos deux nullités de l'amour. 

— Demi-tour, on va attendre Ryujin dans sa chambre. 

— Elle aurait déjà dû rentrer de sa rencontre avec Changbin, me répond Chaeryeong. 

Cette information me glace le sang. Je ne sais pas ce qui m'inquiète le plus, le fait de savoir qu'elle est parti voir son ex sans me prévenir ou qu'elle ne soit pas rentrée. 

— Elle a peut-être juste un peu traîné en chemin, il n'y a pas à s'inquiéter, lance Taehyun. 

— Il lui a donné rendez-vous devant le bâtiment de Chan et Felix. Elle est peut-être restée discuter avec eux? 

Je ne sais pourquoi des alarmes s'allument dans mon esprit lorsque j'entends l'un de ces noms. Les garçons ont la même réaction que moi et en moins d'une minute, nous nous trouvons devant le pas de la porte. Kai attrape sa belle par les hanches et lui fait enfiler son t-shirt moulant à une vitesse défiant toute concurrence avant de poser son manteau sur son dos. 

— Tu vas nous y conduire, tout de suite, grogne Beomgyu sur ses gardes.

Instant CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant