6- C'est un dix mais...

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C'est plus que motivée que je me lève pour me rendre à la faculté. Je n'ai dans la tête qu'un seul objectif : me trouver une cible pour oublier mon crush.

Une fois dans la cuisine, je constate que mon père est à nouveau absent, à croire qu'il ne vit plus là. Je récupère le paquet de céréales et ouvre le réfrigérateur à la recherche du lait de soja. Mais rien. Il a à nouveau disparu.

Beomgyu.
Je vais l'étriper.

— Choi Beomgyu ! Descends tout de suite, je hurle alors qu'il n'est que 7 heures 30 et que les voisins risquent sûrement la crise cardiaque.

Je crois entendre mon nom accompagné d'insultes et de rire.

— Choi Beomgyu ! Je ne plaisante pas!

Les ricanements se font cette fois-ci plus forts. Je ne compte pas le laisser s'en tirer aussi facilement. Motivée à en découdre, je gravis les marches deux à deux et ouvre brutalement la porte de sa chambre. L'odeur de renfermé me fouette les narines jusqu'à provoquer un haut-le-cœur.

— Petite Choi, que nous vaut ce bon plaisir? Demande Yeonjun, en boxer, les bras repliés derrière sa tête alors qu'il me fixe.

Je grimace de dégoût en constatant que Tony est lui aussi réveillé, tendant le tissu de son slip.

— Mais t'es immonde avec ta chose!! Dis-je en pointant du doigt son animal de compagnie.

Mes yeux m'apprennent alors qu'ils sont tous en tenue peu habillée et je décide de ne pas manquer d'exploiter ce moment.
J'inspire et souris de malice.

— Voilà donc l'explication à toutes ces soirées bruyantes. Des petites partouzes.

Taehyun soupire de désespoir et ne prend pas de pincettes pour tenter de me faire déguerpir.

— Dégage la morveuse. Tu nous casses les couilles de bon matin. On veut pioncer.

— Parle-moi autrement, tête à claques, t'es chez moi. Et fallait pas boire mon lait.

Le bruit que fait le dernier membre du boysband attire mon regard. Soobin assis sur son matelas au fond de la pièce me présente la fameuse bouteille dans la main.

— C'est moi qui l'ait prise. Je ne savais pas que c'était la tienne.

Pitié.
Je fais une rechute de soobinite. Il a les mêmes goûts que moi en matière de petit déjeuner. Je suis prête à déposer au musée cette pièce de collection s'il a bu à la bouteille.

— Ryujin, reprends ta merde et casse-toi, m'ordonne mon frère.

Ça me tue de lui obéir mais je n'aurais pas cinquante-six occasions de boire dans le même contenant que mon crush. Que je dois oublier me rappelle mon cerveau.

J'enjambe les pieds qui dépassent et sens bien l'agacement autour de moi. Je suis le moustique qui vient leur chatouiller les oreilles la nuit. Soobin me donne la brique et mon coeur s'arrête quand nos doigts se frôlent. Je crois que je peux remettre à demain mes bonnes résolutions. Je cesserai de l'aimer plus tard.

— Tu ne m'en voudras pas si on le partage à partir de maintenant ? Me demande-t-il avec un sourire de tombeur.

— Non, bien sûr. C'est... Avec plaisir.

J'ai bien conscience que je bafouille comme une idiote alors qu'on se moque de moi par derrière. Lorsque Beomgyu perd patience et m'envoie son coussin dans la tête, mon équilibre disparaît et je m'affale à quatre pattes sur le corps de l'Apollon. Instinctivement, je fais en sorte de ne pas toucher un centimètre de peau et de le surplomber pour ne pas le gêner par mon poids.

Nos yeux se croisent alors et le sourire qu'il m'offre achève mon coeur avec ses derniers battements.

— Fais gaffe. J'suis pas un mec facile.

Les rires graveleux me ramènent à la dure réalité. Je me redresse avec précipitation et embarque le lait hors de cette pièce. La porte est à peine fermée que j'entends mon frère s'adresser à son ami.

— Ne lui fais pas croire que tu veux la sauter. Je ne me trompe pas sur ce point?

J'inspire, me demandant si je vais vivre ce moment où le grand frère sort les gros muscles pour protéger l'honneur de sa petite sœur.

— Ça te dérangerait? Lui répond Soobin avec amusement.

— Elle me soule déjà naturellement donc ça me ferait chier qu'elle ait une bonne raison de trainer sous mon nez. 

Mon coeur en prend un coup. Je ne peux pas croire que ce soit mon frère qui ait parlé de moi en ces termes.

— Une vraie sangsue, rajoute Taehyun.

— Puis y a mieux, franchement, m'achève Yeonjun.

Ce que dit cet imbécile ne me fait aucun effet. Aucun. Pourtant mes poings se serrent.

— C'est un 4 mais elle vient d'une famille sympa, s'amuse Kai.

— C'est un 3 et elle ne sait pas se fringuer! Lui répond Yeonjun.

A ce moment là, je sens une première larme couler sur ma joue. Je me répète encore et encore: ça ne me fait strictement rien.

— On va être cool puisque c'est ma soeur, c'est un 5 mais elle est asociale.

— Et sûrement vierge! Lâche Yeonjun.

— Elle est peut-être bi? Demande Taehyun. Ça ferait du bien un peu de soutien LGBT dans cette maison.

— J'voulais justement me trouver deux meufs pour la soirée de demain. J'la foutrai peut-être au niveau de ma queue pour ne pas voir sa tronche pendant que je m'occuperai de l'autre, ricane Yeonjun.

La bile commence à me monter dans la gorge, accompagnée de cette rage. Cette envie de me venger de toutes leurs méchancetés.

— Allez, on va se lever plutôt. Faut que je trouve ma proie pour demain, conclut Soobin.

Mon corps lâche à ce moment là. Je parviens à peine à m'enfermer dans la salle de bain et à verrouiller la porte. Je vomis mes tripes dans la baignoire et m'oblige à pleurer en silence en me lacérant les cuisses de mes ongles. Hors de question que ces connards prennent conscience que je les ai entendus et qu'ils m'ont touchée.
Mon esprit me souligne que Soobin a été plus mesuré dans ses paroles mais je balaie cette information.

Comme ça je suis vierge, asociale, sans goût vestimentaire et bonne qu'à être baisée sans afficher mon visage ?
Je vais leur montrer de quoi je suis capable, demain à la soirée, et sans changer un gramme de mes habitudes. Mais avant cela, je crois qu'un passage chez Chan s'impose pour les calmer.

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