Yours

2.

2h17.

Une cigarette aux lèvres, j'observe les derniers clients quitter la boîte de nuit, hilares, certains plus éméchés que d'autres.

- Sacré soirée. Lance une voix masculine dans mon dos.

Je fais volte-face et mon regard rencontre celui du nouveau barman qui s'approche tranquillement, les mains enfouies dans les poches de sa veste. Ses cheveux sombres et décoiffés lui donnent un air décontracté et charismatique.

Il tire une cigarette de son paquet et l'allume, provoquant un nouveau nuage de fumée dans l'obscurité.

- C'est clair... Soupirais-je en secouant la tête avec lassitude.

- C'est toujours aussi mouvementé ? Me demande-t-il sur un ton amical.

- La plupart du temps oui. Même en semaine comme tu peux le voir.

La fumée s'échappe de mes lèvres, pendant que je détourne le regard, mal à l'aise.

- Je n'aurais pas pensé pour une ville comme celle-ci...

- Qu'est-ce que tu insinues ? Demandais-je prudemment.

- Je n'ai pas croisé beaucoup de jeunes en venant m'installer ici. J'avais peur de me sentir un peu seul. Avoue-t-il, l'air penaud.

Je laisse échapper un petit rire nerveux :

- Comme tu peux le voir, cette boite c'est 50 % de jeunes, et 50% de mecs mariés qui font cocu à leurs femmes.

Il éclate de rire. Un rire plutôt sincère et chaleureux. Il n'a peut-être pas l'air d'être un si mauvais type que ça finalement.

- On devrait aller rejoindre Emily. Proposais-je, gênée de me retrouver seule à ses côtés. Elle nous attend au bar au coin de la rue avec une autre amie.

- Trois filles pour un seul mec ? Je suis gâté.

J'écarquille les yeux, incrédule. Est-ce que ce bouffon a bien dit ce que je pense ?

- Ouch, détends toi Turner, c'était de l'humour. Je ne suis plus comme à la fac, les gens évoluent. Tente-t-il de me rassurer, un rictus amusé étirant ses lèvres.

Il se souvient de mon nom de famille ? Wow.

- J'y ai cru pendant un instant. Marmonnais-je dans un haussement d'épaules. Je n'ai pas vraiment l'habitude de ce genre d'humour.

Il rit, et se lance à ma suite, alors que mes pas nous mènent jusqu'à l'enseigne éclairée, le "Sanctuary" d'où provient une musique entraînante.

J'ignore beaucoup de Kyle, et me méfie toujours des inconnus aux premiers abords. C'est plus fort que moi. Son passif avec les filles de notre Fac qu'il collectionnait telles de vulgaires trophées n'aide pas à adoucir mon jugement. Ainsi, sa présence à nos côtés ce soir ne parvient pas nécessairement à m'emballer.

Lorsque nous arrivons finalement devant l'entrée de l'établissement, je reconnais la plupart des jeunes présents auparavant au club. Cet endroit semble officiellement être le lieu de fin de soirée, cela ne fait aucun doute.

L'écho des chants, des rires, nous accueillent chaleureusement lorsque je pousse l'imposante porte d'entrée.

Mes amies sont attablées dans le fond du bar, des plateaux de shooter remplis face à elles. La douce mélodie de leurs rires remonte jusqu'à moi, et je ne peux réprimer un sourire bienveillant en les apercevant aussi joyeuses.