11.

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- Est-ce que je peux savoir c'est quoi ce PUTAIN de BORDEL ? Hurle Emily en entrant brusquement dans ma chambre. C'est quoi ce taré avec qui tu traînes ?

Elle allume la lumière en s'avançant à grandes enjambées dans la pièce.

- Il avait un flingue ! UN PUTAIN DE FLINGUE !

Sa voix se tût et je l'entendis se rapprocher un plus encore.

- Ne me fais pas croire que tu es bourrée au point de ne pas pouvoir me répondre. Grogne-t-elle en m'arrachant brutalement la couette, éblouissant mon visage bouffi par les larmes.

Mon corps, replié sur lui-même, tremble littéralement de toutes parts. Je dois très probablement être livide, et des sueurs froides coulent de mon front.

Ma meilleure amie se précipite au plus près de moi, tentant de relever doucement mon visage.

- Amber, qu'est-ce que t'as foutu ? Souffle-t-elle, paniquée, ses yeux totalement écarquillés brillent d'inquiétude.

Je n'ai ni la force, ni l'envie de répondre. Je suis incapable de faire quoi que ce soit. Mon corps ne me le permets pas.

- Combien tu en as pris ? Me demande-t-elle en attrapant ma boite de Xanax posée sur mon chevet.

Je referme mes paupières, et tente de contrôler mes tremblements. Je sens mes dents claquer les unes contre les autres.

- Amber, j'ai vraiment besoin que tu me dises combien tu en as pris ! Je ne te laisserai pas faire une overdose bordel !

- Pas suffisamment pour que ça arrive... Murmurais-je péniblement.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demande-t-elle en écartant une mèche humide de mon visage. J'ai besoin de comprendre.

Je pousse un profond soupir, et tente de me tourner dos à elle, mais mon corps ne répond plus à mes demandes. J'ignore si je souffre, ou bien si cela ne vient que de mon cœur. J'ai l'impression d'évoluer dans un épais brouillard.

- Amber, putain qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que ce type t'as fait du mal ? S'inquiète-t-elle en attrapant une bouteille d'eau qui traînait par là.

- Non, je veux juste dormir...

- Sérieusement ? Un type débarque de nul part, menace Oliver avec un pistolet, t'emmène je ne sais où, puis tu disparais et ta seule réponse c'est que tu veux dormir ? S'égosille-t-elle. On marche en plein délire ! Qu'est-ce qu'il se passe putain ?

Je pousse un grognement lorsque je sens une bouteille d'eau se coller à mes lèvres. Pourtant, je ne la repousse pas. Je ne prends pas la peine d'ouvrir les yeux, mais laisse glisser quelques gorgées dans mon oesophage.

Lorsque ce fût suffisant pour mon amie, elle éloigne la bouteille.

- Tu comptes me répondre ou juste m'ignorer ?

- Je... Pas possible de parler. Demain. Marmonnais-je en remontant mon épaisse couette sur mon visage.

- C'est Luke c'est ça ?

Mon cœur manque un battement à l'entente de ce nom. Pourtant, je demeure silencieuse, encore tétanisée.

Emily pousse un soupir, exaspérée. J'ignore si elle hésite entre m'envoyer paître ou si son inquiétude prend le dessus. Et honnêtement, à ce moment-là, je n'en ai pas grand-chose à faire. Je suis totalement ailleurs, et il m'est impossible de penser, ou pire encore réfléchir.

- Qu'est-ce que tu peux être égoïste parfois. Je me suis inquiétée pour toi, je t'ai cherchée de partout. Tu ne répondais même pas à ton putain de portable. J'ai cru qu'il t'était arrivé malheur avec ce type. S'énerve-t-elle en posant brusquement ce que je présume être la bouteille d'eau.

- Et après tu vas culpabiliser de m'avoir parlé de cette manière si je te dis qu'il s'est passé quelque chose ? A toi de revoir ton comportement avant de critiquer le mien. Crachais-je méchamment en me tournant cette fois-ci totalement dos à elle.

Je sens que je puise dans mes dernières ressources pour lui répondre, mon corps commence à partir, emporté par la fatigue, l'émotion de cette soirée, et les somnifères.

Un silence pesant s'installe dans la pièce. Je présume qu'elle doit être en train de réfléchir à mes propos. Mais je ne regrette pas un seul de mes mots. Je lui cache des choses pour la protéger, pour qu'elle n'ait pas à subir les folies de ces deux psychopathes, et c'est moi qu'on traite d'égoïste ? Quelle ironie.

Son corps quitte mon lit, et ses pas lourds s'éloignent progressivement. La lumière s'éteint à nouveau, me ramenant dans l'obscurité la plus totale.

- J'ai toujours tout fait dans ton intérêt, pour ton bien. Pour te protéger. Toute ma vie. Ne l'oublie pas, Amber.

C'est comme ça qu'elle me laisse. Seule. Avec mes pensées. Mes tourments. Mes angoisses. Mes peurs.

Et peut-être est-ce mieux comme ça. Il n'en faut qu'une seule de nous deux pour porter ce fardeau.

Je pousse un profond soupir et ramène mes genoux contre ma poitrine.

"On la retrouvera si besoin."

YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant