Une intense douleur traverse mon coccyx, m'arrachant un hurlement. Il me faut quelques secondes pour réaliser que je suis désormais allongée au sol, l'inconnu capuché dressé au-dessus de moi.
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et je tente de me remettre rapidement sur mes pieds.
Mais je n'ai pas le temps de me redresser que la personne se penche pour m'empoigner et me traîner vers une ruelle derrière nous. Je sens le bas de mon dos glisser sur le goudron humide, râpant ma peau.
- Lâchez moi ! Hurlais-je en me débattant contre mon agresseur.
- Ferme là ! S'écrie-t-il rageusement en m'assommant d'un coup de poing dans la mâchoire.
Je déconnecte de la réalité l'espace de quelques secondes, ma vision troublée par le coup que je viens de recevoir. Mon corps traîne sur le sol, tel un pantin. Je sens le goût du sang dans ma bouche, la douleur me faisant grimacer. Je ne parviens plus correctement à discerner les éléments autour de moi, affaiblis considérablement par mon agresseur.
L'homme me redresse et me plaque contre un mur. Ma tête entre violemment en contact avec le béton, m'assommant de plus belle.
Sonnée, des sanglots m'échappent, et je mets à supplier l'inconnu pour ma vie.
- Je t'ai dit de la fermer espèce de garce ! Grogne le type en pressant son corps répugnant contre le mien, une main autour de ma gorge, probablement pour me maintenir debout.
Ma tête tourne, la douleur me vrille l'estomac, si bien que je me sens capable de vomir à tout instant. Je parviens contre toute attente à discerner les traits de mon agresseur. L'homme, probablement âgé d'une quarantaine d'années, m'est totalement inconnu. Une barbe de quelques jours habille sa mâchoire crispée. Son regard, sombre, brûle d'un mélange de rage et de ... Désir ?
Un frisson de dégoût remonte le long de ma colonne vertébrale.
Sa main libre se saisit du col de mon T-shirt, et l'arrache d'un coup sec, révélant mon soutien-gorge et ma cicatrice. Son regard descend sur cette dernière, et soudain, un ricanement sinistre lui échappe :
- Parce qu'en plus tu es marquée ? Et en vie ? Quelle chance pour toi.
Je tente de me débattre malgré la douleur et la peur. Malheureusement, je suis faible et bien trop sonnée pour faire le poids face à lui. Mon corps peine à lutter, et des douleurs lancinantes traversent mon crâne.
L'inconnu me gifle avec force, en m'ordonnant de rester immobile. Sa main commence à s'aventurer un peu plus bas, et il s'attaque subitement au bouton de mon jean.
- Je vous en supplie... Sanglotais-je en essayant de le repousser tant bien que mal. Pas ça...
Il fait la sourde oreille, et tente de baisser mon pantalon avec empressement. Je prends une grande inspiration et pousse un hurlement perçant, puisant dans toutes mes ressources.
Il sursaute et son regard emplit de haine se rive au mien. Il me frappe de nouveau au visage pour me faire taire, m'arrachant un nouveau cri de douleur. Je me laisse tomber au sol, vidée de toute énergie.
Tel est mon destin. Je vais très probablement mourir dans cette ruelle dégueulasse, violée, humiliée, par un détraqué mental.
L'homme s'agenouille et je le vois déboutonner son pantalon tout en se penchant. Je pleure, continue de supplier, jusqu'à ce qu'il pose quelque chose de froid, et de métallique sur ma gorge :
- Tu as vraiment envie que je te fasse du mal maintenant ? Chuchote-t-il en se penchant toujours plus près de moi. Soit une bonne fille pour moi.
Mes sanglots furent ma seule réponse. Le moindre mouvement et je me retrouve avec la gorge tranchée.
Mais après tout, quelle est la meilleure option ? Mourir, ou vivre pour le restant de mes jours avec le souvenir de ses mains sur mon corps ?
Alors qu'il va entreprendre de s'attaquer à ma lingerie, j'entend une voix au loin :
- Ils sont là.
Une lueur d'espoir m'anime, et j'en profite pour pousser un nouveau cri, pour signaler ma présence. Mon agresseur appuie un peu plus la lame sur la fine peau de ma gorge. Un hoquet s'échappe de mes lèvres, et je commence à suffoquer. J'ai mal, tellement. Toujours allongée au sol, je sens un liquide chaud couler jusque derrière ma nuque.
- Tu as 6 secondes pour la lâcher avant que je t'en colle une dans la tête.
Cette voix... Aaron !
Je n'arrive pas à y croire. Mon cœur rate littéralement un battement, et je retiens mon souffle durant quelques instants qui me paraissent interminables.
- Pourquoi est-elle encore en vie ? Elle est marquée, condamnée, je peux bien m'amuser un peu avec non ? Grogne l'homme sans lâcher son emprise sur moi, ses yeux de pervers ne quittant pas les miens.
Les larmes ruissellent sur mon visage. Je suis tétanisée. J'ai froid. Je me sens humiliée, à moitié nue sur le sol. Il parle de moi comme un objet, comme un bovin que l'on aurait marqué au fer chaud. Et je ne parviens pas à comprendre pourquoi. Je suis désespérée. Je désire simplement disparaître, et pouvoir rentrer chez moi sans encombre.
- 6.
Un coup de feu déchire le calme de la nuit, et quelques instants plus tard, le lourd corps de mon agresseur s'écroule sur moi. Mes oreilles sifflent, j'ai l'impression d'avoir été assommée par l'intonation. Écrasée, je peine à reprendre mon souffle.
- Ecartez moi cette merde de là. Ordonne la voix d'Aaron.
Le poids mort s'écarte de moi, et ma cage thoracique se remplit à nouveau d'air. Je n'eut pas le temps de réaliser ce qu'il se passe autour de moi, que deux bras m'entourent et me soulèvent de terre.
- Non ! Hurlais-je en me débattant, paniquée.
- Hé... C'est moi. Calme toi. Souffle le brun aux yeux bleus. Il est mort, c'est fini.
Il est mort. Mort.
Ses paroles m'infligent le coup final. Je suis passée à côté de la mort, d'un viol, et mon corps vient d'être écrasé par un homme décédé. Mon sauveur étant ni plus ni moins que mon agresseur d'il y a deux ans.
Je nage en plein cauchemar. C'est irréel.
J'éclate en sanglots de plus belle, et me laisse aller contre l'épaule d'Aaron. Il resserre sa prise autour de mon corps faible et dénudé.
- Donnez-moi une veste, il faut la couvrir. Lance le brun à l'attention de deux hommes en train de tirer le corps sans vie du type.
- Pars avec la voiture, on s'occupe du reste. Donne-lui tes fringues, flemme qu'elle tâche les miens. Répondit la voix de Luke que je reconnut immédiatement.
- Dépêchez-vous, et ne vous faites pas prendre. Il ne faut pas que quelqu'un apprenne que c'est moi qui l'ai descendu, ni pourquoi. Grogne mon sauveur en s'éloignant d'eux.
J'ai terriblement mal au crâne, ma gorge me brûle, et j'ai l'impression que ma plaie saigne abondamment.
- Aaron... Soufflais-je en me sentant partir.
Je le sens accélérer le pas, le froid commençant à figer chacun de mes membres. La pluie redouble d'intensité, et l'eau salée se mélange aux larmes sur mon visage.
Quelques secondes plus tard, ma vision s'obscurcit un peu plus encore, et le néant m'enveloppe totalement.
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Yours
RomanceAmber Turner est orpheline, et a grandit en foyer d'accueil. Désormais adulte, elle tente de se reconstruire et de vivre une vie paisible aux côtés de son amie de toujours, Emily. Deux ans auparavant, elle est victime d'un accident de la route qui t...