Yours

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Attention : Ce chapitre peut heurter la sensibilité des plus jeunes.

- Tu te fou de moi ?

- Ça lui a pris sur un coup de tête, tu sais qu'elle a toujours eu de l'ambition. Réponds-je d'un calme olympien.

Harley se tient face à moi, sa tasse de café entre les mains, sa mâchoire manquant presque de se décrocher.

- Emily n'est pas du genre à tout claquer juste pour intégrer une école de droit dans un autre pays ! S'indigne mon amie en secouant ses boucles brunes.

Ma version paraît effectivement assez peu plausible. Mais qu'aurais-je pu dire après tout ? A peine avait-elle franchi le seuil de la porte, qu'Harley m'avait assénée de questions en tout genre, l'inquiétude déformant les beaux traits de son visage.

Elle ne vient pas du même monde que nous, mieux vaut l'en protéger. J'aurais aimé pouvoir être à sa place. Dans l'ignorance la plus totale.

- La proposition était vraiment très intéressante. Insistais-je en tournant ma cuillère dans ma tasse à café.

- Elle ne serait jamais partie sans toi. Et tu le sais. Cesse donc de me mentir. Grommelle mon amie en me détaillant avec méfiance.

Je hausse les épaules, préférant garder le silence.
Mes pensées sont tournées vers Aaron. Je me sens bête de m'être disputée avec lui pour les propos qu'il a tenu face à Roberto. Mais je n'ai cependant pas supporté sa façon de réagir à mon égard durant notre dispute.

J'ai d'abord culpabilisé de l'avoir giflé, insulté et menacé avec une arme.

Puis... J'ai réalisé que je n'ai pas à avoir de regrets. J'ai agi comme mon cerveau me le dictait. Je me suis défendue. J'ai tenu tête, laissant derrière moi la jeune femme faible et naïve.

Je ne veux plus être cette fille, bien trop vulnérable.

Je ne supporte plus cette version d'Amber Turner, la petite fille gentille, douce, patiente, et empathique. J'en ai assez d'être elle. Assez d'être cette fille si facile à blesser, si facile à abattre.

- Je vais prendre une douche. Annonçais-je en me levant finalement, alors qu'Harley continue de me dévisager avec méfiance.

- Emily a... Enfin, elle a pris le restant de tes fringues. Tout est dans son placard. Marmonne-t-elle en m'observant suspicieusement.

Je hoche lentement la tête et commence à m'éloigner quand elle lance :

- Dans son placard, tu sais, là où sont TOUTES ses affaires, qu'elle n'a pas souhaité emmener avec elle dans sa super école !

Un léger sourire étire mes lèvres mais je ne me tourne pas pour autant. Elle sait que je mens, à quoi bon continuer à débattre ?

J'entre dans la chambre de ma meilleure amie, l'odeur de son parfum me montant instantanément aux narines. Comme si elle était là, l'écho de son rire résonnant encore dans la pièce.

L'angoisse, la peine et les larmes surgissent instantanément dans ma poitrine, et ma gorge se noue. Je n'étais pas encore prête.

Je me hâte d'attraper une de mes tenues dans son placard, ne manquant pas de prendre ma veste en cuir favorite, avant de rapidement m'éclipser hors de la pièce. Le métal froid du pistolet coincé dans mon pantalon me rappelle son existence et je me surprends à me demander si Emily n'en avait pas caché dans sa chambre.

Tel est mon nouveau quotidien. Me balader avec une arme, comme si tout ceci était normal. Si on me l'avait dit quelques mois en arrière, je n'y aurais jamais cru.