Yours

55

J'observe le paysage défiler, la tête appuyée contre la vitre de la voiture. J'ai un mal de tête fulgurant, et les paupières gonflées, certainement le résultat de mes folies de la veille avec Shawn.

L'idée du siècle.

Aaron a décidé de m'emmener dans un de ses hangars avec Shawn qui râle à l'arrière depuis notre départ, contrarié que son ami ne l'ai pas laissé poursuivre sa grasse matinée.

Lorsque la voiture s'arrêta devant l'imposante bâtisse, je remarque que Luke et Doug nous attendent devant une grande porte métallique, leurs véhicules stationnés à quelques mètres.

Les garçons descendent, et je les imite lentement, ou du moins aussi rapidement que mon corps engourdi me le permet.

- Qu'est-ce que vous avez foutu vous deux? Vous avez les yeux explosés. Se moque Luke en nous pointant du doigt.

- Shawn s'est dit que ce serait une super idée d'initier sa sœur à ses conneries. Explique Aaron en ouvrant la porte face à nous.

Mon frère imite Aaron dans son dos, avec une voix plus aiguë et féminine, tout en lui adressant un doigt d'honneur, m'arrachant un ricanement moqueur.

Le mercenaire nous adresse un regard mauvais par-dessus son épaule et nous invite à le suivre d'un geste de la main.

Le hangar ressemble à celui où j'ai été emmenée sous la contrainte, à deux reprises. Vide, et poussiéreux. La seule différence sont les cibles humaines en carton disposées dans le fond à droite.

Luke s'avance avec une imposante malle qu'il pose au sol avant de l'ouvrir. Je me penche par-dessus son épaule pour découvrir une panoplie de pistolets correctement rangés, des casques de tir, des lunettes de protection et tout un tas de gadgets dont j'ignore le nom.

- Tiens. Essaie celui-ci. Propose le blond en me tendant un casque.

Je m'exécute, pensant bêtement qu'il se soucie du bien-être de mes oreilles tandis qu'ils vont s'entraîner.

Aaron pose une main dans le bas de mon dos et me guide jusqu'à une cible. Il tire une arme de sa ceinture et me la tend :

- Charge là. M'ordonne-t-il en me scrutant.

La panique me gagne instantanément. La dernière fois que j'ai tenu une arme, j'ai ôté la vie à quelqu'un.

Mes mains commencent à trembler autour du pistolet, et je blêmis.

La voix de Rodriguez résonne dans mon esprit, tel un disque qui se répète en boucle, encore et encore.

« La prochaine te sera mortelle Aaron. Et je me ferais un plaisir de baiser ta petite chérie en ta mémoire. Alors je le redemande une dernière fois, où est... »

Le son du tir me revient en tête, les dernières paroles de Rodriguez, le bruit de son corps s'écroulant lourdement sur le sol, le sang émanant de lui...

La nausée remonte dans ma gorge alors que des sueurs froides gagnent mon front. Ma respiration se fait plus saccadée, et mon corps se crispe totalement, en proie à la panique.

Aaron le remarque et se rapproche doucement. Il emprisonne mon menton entre ses doigts, et me contraint à le regarder :

- Hé... Ce n'est qu'un entraînement, ce n'est rien. Souffle-t-il, assez bas pour que personne ne l'entende.

Autour de nous, les garçons discutent et prennent leurs positions pour se placer face à leurs cibles.

Je déglutis avec difficulté et cligne des yeux.