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J'ouvre péniblement les yeux, la douleur me lancinant le crâne. Mon corps est balloté à l'arrière du véhicule qui roule à toute allure. Un bâillon à la bouche, les mains ligotées, je suis en mauvaise posture pour tenter quoi que ce soit.

Un homme est installé à mes côtés, tandis qu'Henrick est à l'avant avec un troisième type.

Le téléphone à l'oreille, l'oncle d'Aaron grogne :

- J'ai la fille. Viens seul, Si tu veux la revoir en vie. Pas de coup de travers, je ne suis pas d'humeur à être tolérant.

Il raccroche et balance son téléphone dans le vide poche du véhicule. Était-ce Aaron au bout du fil ?

Je demeure silencieuse, retenant les larmes de dévaler mes joues. Je ferme à nouveau les yeux, faisant mine d'être toujours inconsciente. Mieux vaut jouer la carte de la discrétion au vu de la situation. Ma tête me fait un mal de chien. Peut-être avais-je une légère commotion due au choc.

« Amber Aspen ».

Les dernières paroles d'Henrick me reviennent en tête. Il m'a appelé par le même nom que Marc et Shawn, et je prie pour que cela ne soit qu'une erreur.

Quand le véhicule s'arrête finalement, je réalise avec effroi que nous sommes au siège de l'Organisation. Je suis portée sans aucune délicatesse jusqu'à l'intérieur de l'imposante bâtisse.

Je reconnais les couloirs par lesquels Luke et moi avions pris la fuite lors de mon premier passage ici.

Je choisis de faire la morte, dans une vaine tentative d'allonger ma durée de vie. Le molosse finit par me balancer négligemment sur un fauteuil, et je me retiens de gémir de douleur.

Il quitte la pièce dans laquelle nous sommes à présent, mais j'entends des pas s'avancer.

- Tu peux cesser de faire la morte, il n'y a plus que nous. Se moque la voix du psychopathe.

Cramée.

J'ouvre les yeux, la lumière du bureau me brûlant légèrement la rétine. Le bâillon me fait mal aux lèvres, et les liens bien trop serrés empêchent mon sang de circuler correctement.

Henrick fait le tour de son bureau et s'installe face à moi, en soupirant.

- C'était stupide de la part de mon neveu de croire que je ne devinerais pas où il te cachait. Sa moto est assez bruyante, il n'est pas difficile de la suivre.

Je le fusille du regard. Cet homme m'inspire un profond dégoût.

- L'histoire semble se répéter encore et encore. Continue-t-il. La première fois que je t'ai vue... Tu étais dans le même état. Ligotée, terrorisée...

Il fait claquer sa langue contre son palais, puis se sert un verre de whisky. Son regard bleu se pose finalement sur ma silhouette recroquevillée :

- Je t'avais accordé un sursis. Parce que je faisais confiance à mon neveu. Quelle grave erreur...

Je ne quitte pas son regard une seule seconde. Je veux l'affronter. Lui montrer qu'il ne me fait pas peur, même si cela à tout d'un mensonge.

- Une mission... Quelle ironie. Tu étais bien une mission, mais pas dans le cadre de l'Organisation.

Il souffle bruyamment, puis porte son verre à ses lèvres.

- Si j'avais su que la mission venait de Marc... Nous n'aurions pas perdu un temps précieux.

Il avale quelques gorgées, l'air décontracté. Comme s'il ne venait pas de me kidnapper.

- Et maintenant... J'apprends qu'Aaron s'est réellement attaché à toi. Je me demande ce que va en penser Marc. Ricane-t-il en reposant son verre.

YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant