Chapitre IV

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L'un des passages qui menaient à Imladris était caché à l'abris des curieux grâce à un travail ingénieux dans la pierre. On pouvait croire en descendant dans la grotte cachée sous un rocher qu'on était arrivé dans un cul de sac mais si on suivait la parois de la grotte on se rendait compte qu'il y avait un passage assez large pour qu'un cheval puisse passer, invisible au premier regard. C'était une vieille ruse elfe qui avait permis aux habitants de la belle cité de vivre en paix, à l'abris des regards .

On longeait ensuite le passage jusqu'à arriver sur le bord des falaises de Foncombe où il était aisé de rejoindre la cité grâce à un escalier dans la pierre.

Au milieu de la place de Foncombe, le seigneur Elrond l'attendait l'air furibond, toute trace de la sagesse qui l'habitait semblait avoir disparue, remplacée par une grimace de fureur, inhabituel pour les elfes. Elle s'approcha lentement, un peu désemparé par la situation, cherchant déjà comment elle allait se défendre.

Loin derrière lui, Arwen se tenait là sans bouger. Voyant son regard Aelandir voulu se justifier ou le rassurer mais elle n'en eut pas le temps car alors qu'elle ouvrait la bouche une gifle brûlante vint s'écraser sur sa joue.

« - Je te donne une mission simple ! Ramener maître Saquet ! Et il arrive seul, sans toi et j'apprends que tu es partie a la chasse à l'orc ?! Es tu irresponsable ou idiote ? »

- Ada, je n'ai fais que protéger vos terres. Et le hobbit est là sain et sauf. Répondit elle sentant la fureur monter en elle, la main posée sur sa joue brûlante et avant que le seigneur Elrond puisse répondre elle ajouta.

- Cela fait bien trop longtemps que vous me tenez enfermée dans votre cité. Vous ne pouvez pas éternellement m'interdire de partir et d'explorer le monde dehors. »

Elrond la regarda un instant avant de secouer la tête, il n'était visiblement pas près a regagner le calme qui le caractérisait.

« - Alors c'est ainsi ? Si seulement tu avais pu être comme mes autres enfants. Dit il avec mépris. Je t'ai élevé comme ma fille et voilà que tu négliges mon autorité, je- »

Il y eut ensuite un grand silence, comme si Elrond réalisait ce qu'il avait dit en même temps qu'Aelandir comprenait le sens de sa phrase. A cet instant elle eut une impression de vertige comme si une trappe allait s'ouvrir sous ses pieds et qu'elle allait tomber en arrière.

« - Comme ma fille ? Répéta-t-elle lentement, sentant le goût amer de ses mots sur sa langue.

Elle releva la tête. Le seigneur d'Imladris ne parlait plus. Il savait qu'il ne pouvait plus retourner en arrière. C'était trop tard, elle savait. Aelandir chercha tout de même dans les yeux d'Arwen un démenti mais l'étoile du soir baissa le regard, comme honteuse.

« - Aelandir... » murmura le seigneur Elrond

Mais Aelandir ne l'écoutait déjà plus et sans daigner le regarder elle s'enfonça dans la cité vers ces appartements. Elle courut aussi vite qu'elle le pouvait, elle sentait son cœur s'agiter dans sa poitrine et se tordre, comme si on essayait de lui arracher.

Une tristesse s'insinua en elle, et dans cette tristesse, une grande colère. Une colère qui fit agiter en elle une flamme, qu'elle ressentait comme si on la brulait de l'intérieur. Désemparée elle s'affaissa au pied de son lit, essayant tant bien que mal de digérer la réalité. Ne l'avait elle pas toujours su ? Qu'elle ne pouvait pas appartenir à cette famille ? Ils ne s'étaient jamais ressemblés et il avait toujours plané autour de sa naissance un mystère, des éléments restant flous. Mais pourquoi avoir menti ? N'avait elle pas le droit de connaître la vérité ?

Aelandir ne bougea pas pendant des heures durant, la flamme dansait, lui brulant la poitrine, cette vérité lui faisait tellement mal que tout ses muscles s'étaient engourdis comme si ils essayaient de se remettre d'un choc. La lumière déclinait dans la Vallée, mais elle était incapable de bouger, elle avait à peine l'impression que le temps passait.

Alors que le soleil venait de quitter la belle Imladris la porte de la chambre de Aelandir s'ouvrit lentement, une petite tête parut dans son encadrement.

« - Oh ! Aelandir c'est vous ! Je suis dans vos appartements ? Désolé désolé on se perd dans cette cité c'est un vrai dédale ! » déclara le hobbit dans un rire.

La jeune femme leva la tête vers lui sans répondre et Bilbon sentant que quelques choses n'allait pas se rapprocha d'elle. Sous son bras il portait un gros ouvrage relié.

« - Ma pauvre amie voilà qu'une grande tristesse semble s'être installée dans vos yeux, voulez vous que je vous tienne compagnie ? »

Il crut d'abord qu'elle ne l'avait pas entendu ou pas compris mais après un instant elle hocha la tête. Après tout il était la seule personne qui ne lui avait pas menti.

Le Hobbit traversa la chambre avec hâte et tant bien que mal monta sur le lit qui était un peu trop haut pour lui
« - Ahlala la vieillesse » dit il pour lui même

Une fois assis sur le matelas en s'enfonçant à peine dedans il se rapprocha d'Aelandir et de ses mains toutes ridées caressa le haut de son crâne avec affection

« - Vous, vous êtes encore jeune. déclara t'il avec assurance. Toute votre vie est devant vous, vous pourrez entreprendre bien des aventures. Rencontrer beaucoup de gens ! Le monde est tellement vaste... » termina t'il dans un soupir rêveur.
Voyant qu'elle ne réagissait toujours pas il lui demanda d'une petite voix

« - Voulez vous que je continue mon récit ?»

Lentement elle hocha la tête, trouvant un peu de réconfort dans les mots du hobbit éloignant toutes les questions qu'elle se posait. Il ouvrit lentement son manuscrit et commença à compter son épopée en terre du milieu.

Pendant des heures durant il lui conta les merveilles de cette terre, les trolls changés en pierre, le change-forme, l'or d'Erebor, le dragon. Si les mots du Hobbit ne pouvaient pas guérir les blessures de la jeune elfe, ils pouvaient cependant pour un temps seulement, tarir sa peine. Il lui raconta tous ce dont il se souvenait, tout les détails qui avaient fait de lui le hobbit qu'il était aujourd'hui. Un petit vieil hobbit qui avait tant vécu que la jeune femme trouvait qu'il subsistait quelques choses de magique dans cette aventure.

Au bout d'un certains temps elle se sentit s'assoupir et alors que le hobbit quittait la pièce elle demanda au vieil homme avec une plainte dans la voix

« - Vous reviendrez ? »

Le hobbit sembla hésiter un instant, une véritable inquiétude s'inscrivant sur son visage

«- Oui bien sûr cher enfant. »

Mais lorsque la grande porte se referma sur ce petit homme, Aelandir souhaita en silence qu'il revienne vite, qu'on ne l'abandonne pas, là dans le noir, seule pour le restant de sa longue vie.

La Vagabonde De La Mer ( Lotr ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant