Chapitre IX

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Au petit matin, leur départ fut fixé et tous se hâtèrent pour récupérer leur paquetage. Les sacs des hobbits, presque trop lourd pour eux furent attachés au dos de poneys offerts gracieusement par le seigneur Elrond pour les accompagner. Aelandir se contenta d'une sacoche en bandoulière dans laquelle elle arrivait a faire tenir ses affaires et des provisions.

Elle s'observa une dernière fois dans le miroir de sa chambre, peut être était ce une simple impression mais après tout ce temps passé à préparer un départ dont elle avait rêvé toute sa vie, il y avait plus de confiance dans son regard. Pour se préparer à la marche elle avait revêtu un pantalon seyant dont le tissus était assez souple pour qu'elle soit libre de ses mouvements et une chemise de lin assez ample qui lui permettait de dissimuler ses lames. Pour couvrir ses épaules et se protéger du froid de la nuit elle avait récupéré une longue cape brune qu'elle accrochait à l'aide d'une petite broche argenté à son cou et qui descendait jusqu'a ces genoux, frôlant ses longue bottes noires.

Son épée était déjà accrochée à sa ceinture, son carquois et son arc tenaient dans son dos grâce à un ingénieux système de bandes de cuir croisées. Un mois en arrière peut être n'aurait-elle pas cru, si on lui avait raconté, tout ce qui allait lui arriver, mais maintenant elle savait que sa vie entière avait été batti sur un mensonge et qu'il lui fallait trouver son propre chemin malgré la brouillard qui pesait sur son passé.

Alors qu'elle s'apprêtait à descendre vers leur point de rendez vous, quelqu'un vint toquer à la porte de sa chambre.

« - Entrez ! » lança t'elle nonchalamment alors qu'elle récupérait ses dernières affaires.

« - Aelandir. » l'appella la voix.

La jeune femme se sentit se tétaniser. Reconnaissant la voix d'Elrond, elle se tourna lentement vers lui. Il avait revêtu une longue robe tissé de fil d'or et posait sur elle un regard inquiet.

« - Que puis je faire pour vous, mon seigneur ? » demanda t'elle la voix tremblante, se maudissant de l'intérieur que sa confiance en elle ne soit définitivement qu'un mirage.

« - Je sais que ta peine est trop récente pour que tu acceptes de me pardonner. J'accepte cela. Mais je t'ai élevé comme ma fille et je te considère comme tel.
Et puisque j'ai cet amour pour toi, et que je sais que je ne peux plus te détourner de cette quête. Je viens te mettre en garde, certaine choses sommeillent en toi ma chère enfant. »

Elle garda d'abord le silence, même si sa rancoeur était grande, sa curiosité l'était plus encore. Il y avait trop de mystère dans son existence, si l'un de ces voiles pouvaient être levé, elle acceptait volontier. Elle se retourna lentement vers son tuteur et son coeur saigna d'observer ce visage.

« - De quoi parlez vous ? »

« - Cela, toi seule pourra le découvrir mais souviens toi. Quoi qu'il arrive tu pourras faire demi-tour et revenir à Imladris. Tu y seras reçu dans la joie car nos semblables partent pour les Harvres-Gris et une place sur ces bateaux te sera toujours offerte. »

« - Vous savez bien que je ne ressens pas l'appel de la mer. Ma vie a à peine commencée. »

« - Et c'est pour cela que tu pourras toujours rebrousser chemin. »

Elle soutint le regard d'Elrond et celui ci fit un pas vers elle, tendant ses bras comme pour l'enlacer. Mais la jeune elfe fit un pas en arrière fuyant cette étreinte. Le visage du seigneur d'Imladris se voila d'une grande tristesse et il baissa les bras sans rien dire. Il tourna les talons et se dirigea vers la porte pour quitter la pièce.

« - Ne tardes pas mon enfant. Tes compagnons pourraient t'attendre. »

Aelandir sentit son coeur se serrer, elle hocha la tête en silence et salua son père à la manière elfique, en s'inclinant. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'avait définitivement pas changé, il venait en disant pouvoir lui apprendre des choses et repartait en lui laissant plus de questions.

Pour être sûre de ne pas retarder leur départ Aelandir mit ses nombreuses questions de coté et descendit au point de rendez vous peu après. Voyant qu'elle était la première elle s'assit sur un rocher, les hobbits ne tardèrent pas à arriver avec les poneys et elle remarqua la façon dont Sam s'occupait de ses bêtes avec attention. Elle trouva chez les semi-hommes une certaine innocence, seul Frodon semblait grave, inquiet et triste.

Aragorn et Legolas arrivèrent ensuite. Si le prince elfe semblait parfaitement serein ce n'était pas le cas de son ami qui semblait triste et troublé par ce départ, il portait souvent la main à son cou serrant un pendentif que Aelandir n'eut pas le temps de voir.

Gimli le nain arriva peu après Boromir et il ne semblait pas vraiment réveillé, ses ronflements avaient empêchés beaucoup d'elfes de dormir pendant des semaines durant et certains d'entre eux étaient ravis de son départ.

Bilbon au bras de Lindhir arriva ensuite, Aelandir descendit de son rocher pour aller lui proposer son bras et il la regarda avec affection.

« - Ne vous en faites pas ma petite ! Je suis vieux mais grâce à Lindhir je sais encore marcher ! »

Lâchant le bras de celui ci il rejoignit ensuite les hobbits qu'il serra dans ses bras les uns après les autres.

« - Ah mes chers amis, je vous en prie revenez moi sain et sauf... Et ne tardez pas trop ! J'ai bientôt terminé d'écrire après tout ! »

Frodon regarda son oncle avec émotion puis Lindhir vint à la hauteur de Bilbon et lui murmura.

« - Nous devons remonter mon ami, ils vont partir... »

Le hobbit lança un regard inquiet à la communauté et il se rapprocha de Aelandir, celle ci se pencha vers lui et il la prit dans ses bras pour lui murmurer

« - Veiller sur mon petit Frodon ma dame, je vous en prie.. »

Il remonta ensuite au bras de Lindhir pour les regarder s'éloigner. La communauté se mettait en route.
Le seigneur d'Imladris et Arwen les accompagnèrent jusqu'a la sortie de la vallée, dans leurs yeux, l'inquiétude et la fierté se mêlaient. Avant qu'ils ne passent les portes il leur adressa quelques mots.

« - Un long chemin vous attend, il sera semé d'embûches et l'oeil de Sauron n'aura de cesse de vous chercher. Ne vous laissez pas corrompre par l'anneau car si l'un d'entre vous failli cela pourrait mettre en danger toute la communauté. Libre à vous de continuer cette quête ou de rebrousser chemin mais l'anneau doit aller au Mordor pour périr dans les flammes. Que la bénédiction des elfes, des hommes et de tout les peuples libres vous accompagne. »

En regardant cet elfe qui l'avait élevé comme sa fille Aelandir eut un élan d'émotion. Sa rancune était toujours très forte mais tous les deux se regardèrent un instant essayant de se transmettre bien des choses.

Arwen regardait Aragorn comme si elle se retenait de s'approcher de lui et même si cela passa inaperçu pour la plupart des membres de la communauté elle murmura quelques mots comme une prière pour les garder en sécurité. Le rôdeur lui rendit ce regard, remplit d'amour et d'affection, il regrettait de laisser seule et inquiète la femme qu'il avait toujours aimé.

Alors que la troupe allait passer les portes et quitter Foncombe Aelandir se tourna une dernière fois vers sa cité.

Elle l'admira et elle remarqua une silhouette qui les observait de loin, bien plus grand qu'un elfe, Aelandir se demanda d'abord si elle avait rêvé. Fëadhros ne sortait jamais de sa galerie et pourtant elle était sûre que c'était lui.

Alors elle fit une révérence dans sa direction. La silhouette ne s'inclina pas en retour mais resta debout à la regarder. Les membres de la communauté qui avait remarqué ce geste se demandèrent qui est ce qu'elle saluait ainsi, ils regardèrent dans la même direction mais ne put apercevoir l'homme qui se tenait au loin et ils n'osèrent pas poser de question.

Alors qu'ils quittaient la cité se mettant tous en route, la lumière du soleil passaient au travers des arbres comme pour éclairer leur chemin. La jeune elfe entendit Frodon qui menait la marche murmurer une phrase qui la fit sourire.

« - Gandalf... Le Mordor c'est à gauche ou à droite ? »

Et celui ci posa ses deux mains sur les épaules du hobbit pour le guider.

La Vagabonde De La Mer ( Lotr ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant