Chapitre V

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Aelandir ne sut pas combien de temps elle passa là dans cette chambre. Les jours se succédaient sans qu'elle n'ait l'envie de bouger. Bilbon venait chaque jour parfois il amenait de quoi manger et elle grignotait sans appétit. Il lui appris que le groupe d'orque qu'elle avait abattu était à sa recherche, et il lui exprima une fois de plus sa reconnaissance pour son acte qu'il décrivait comme brave. Bilbon lui raconta d'autres histoires, il lui parla même d'un anneau très spécial qu'il avait obtenu de Gollum, une pauvre créature abandonné des dieux selon ses dire, chez les gobelins. Cet anneau qui maintenant appartenait à son neveu Frodon, lorsqu'il en parlait un étrange regret s'installait dans son ton. Il ne put s'empêcher de faire remarquer que c'était sûrement à cause de cette anneau que les orques étaient parti à ses trousses.

Un jour au milieu de l'après midi, la cité sembla s'agiter. Aelandir fut sortie de son état de transe par les cris affolé de Bilbon, il n'était pas loin et les oreilles de Aelandir plongé dans un silence presque total depuis quelques jours reconnurent les notes de sa voix.

« - Ah mon pauvre neveu ! Mon pauvre Frodon ! » disait-il d'un ton désespéré.

La jeune elfe rassembla son courage et se leva lentement, ses muscles engourdis la trahirent d'abord mais elle se dirigea vers la porte d'un pas décidé. Sentir la lumière du soleil sur sa peau lui procurait une étrange sensation et c'est les cheveux en bataille qu'elle
se guida vers le hobbit grâce à ses lamentations. Assis sur un banc, celui ci était abattu, au bout du couloir une petite chambre où plusieurs elfes s'affairaient, courant d'une pièce à l'autre, transportant du linge, de l'eau et des plantes. Aelandir entendit soudain des cris d'agonie et comprenant qu'on allait avoir besoin d'elle, elle remonta ses manches et entra dans la salle. Elle n'hésiterait plus. Étrangement, la sensation de pouvoir faire quelques choses d'utile la forçait à aller de l'avant. Quoi qu'il se passe, elle allait prêter main forte.

Dans un lit, reposait un semi-homme, il était sûrement brun mais ses cheveux étaient sales plein de terre et de sang séché. Son teint pâle comme la mort montrait l'étendue de son agonie et ses yeux bleus semblaient devenir blanc en se revulsant. Des cernes s'étaient creusé sous ses yeux, bleutés presque violacés elles étaient le signe d'un empoisonnement très spécial. Celui d'une lame de Morgul.

Là, tandis qu'un elfe changeait les linges imbibés d'eau froide, Elrond psalmodiait des champs de guérison elfique tandis qu'il tentait tant bien que mal de désinfecter la blessure.
Sans rien dire et sans lui jetter un regard la jeune elfe prit le relais, tandis qu'il continuait à psalmodier elle s'approcha de la blessure, noirâtre comme si la chair était entrain de pourrir, elle l'observa un instant, tentant de réfléchir au moyen le plus simple de gérer cette blessure sans trop brusquer le pauvre hobbit, déjà au bord de l'évanouissement.

Aelandir avait passé tant de temps dans la cité d'Imladris qu'elle avait entrepris toutes sortes d'apprentissages, le soin et les remèdes étaient des disciplines tout à fait fascinante. Et même si elles restaient fastidieuses elle avait appris tout ce qu'on pouvait lui enseigner. Lorsqu'on avait plus voulu lui enseigner certains aspects de cette discipline, elle avait lu énormément de manuel sur le sujet. Elle maîtrisait aussi bien l'art de la guérison, que celui plus sombre de l'empoisonnement.

La salle dans laquelle ils se trouvaient, étaient, fort heureusement, garnis de plantes médicinales en tout genre, qui devaient pouvoir servir en toute situation. Elle se retourna donc vers les tables de préparation des remèdes et en récupéra quelques uns qu'elle mélangea avec précision pour créer un cataplasme qui pourrait soulager le jeune homme. Elle fit quelques prières en le concoctant puis se tournant vers le lit, elle s'approcha lentement et vint l'étaler sur la blessure avec le plus de délicatesse possible. Le neveu de Bilbon hurla d'abord de douleur, sa plainte était si forte que tous entendirent sa souffrance puis tombant en arrière il sembla s'apaiser. Aelandir profita de cet instant de répis pour retourner à la table des remèdes. Elle prit d'autres ingrédients. Une pâte noirâtre et des petites feuilles vertes séchées. Elle les mélangea avec attention puis elle rajouta un peu d'eau chaude. Lentement, la jeune femme fit boire la mixture au semi homme en le redressant. Cette action seule semblait l'épuiser, celui-ci grimaça mais sembla accueillir la sensation avec soulagement. Le chant de Elrond se calma enfin avant de s'arrêter, le jeune hobbit était tiré d'affaire.

Elrond ouvrit la bouche comme pour lui parler mais Aelandir se retourna comme si elle ne l'avait pas vu, et elle quitta la pièce. Sans hésiter, elle vint s'asseoir à côté du vieil homme qui se lamentait toujours :

« - Votre neveu est tiré d'affaire Maître hobbit.. » déclara t'elle d'un ton doux

Le semi homme leva des yeux vers, plein d'espoir et de reconnaissance vers elle et il murmura

« - Oh merci merci... Je n'aurais jamais dû lui laisser une tel charge ! Cet anneau... C'est une véritable malédiction ! »

Puis sans rien dire de plus il se leva et se précipita dans la chambre de Frodon pour le veiller.

Le soir, alors que l'Elfe faisait les cent pas dans sa chambre essayant de déterminer ce qu'elle allait faire, ce fut Arwen qui poussa la lourde porte de la chambre de sa soeur adoptive à la place de Bilbon. Aelandir qui commençait à se remettre de ses émotions la regarda avec méfiance et l'étoile du soir se rapprocha d'elle essayant de l'attraper par le bras mais la jeune elfe se dégagea.

« - Je t'en prie pardonne moi Aelandir, je n'avais pas le choix de mentir, mais je t'ai toujours considéré comme ma sœur... »

« - On a toujours le choix Arwen. » répondit elle d'une voix erraillée par l'ironie

Arwen la regarda un instant l'air coupable puis elle fit un pas vers Aelandir comme si elle allait l'étrendre, à la place elle murmura à l'oreille de son amie.

«- J'ai vu en rêve que quand le jeune hobbit se réveillera père tiendra un conseil secret avec des représentants de la terre du milieu. Quelques choses se préparent je le sens. Peut être devrais tu y prendre part... »

La surprise sortit Aelandir de sa rancune un instant, sa soeur la regardait d'un air entendu.Depuis enfant Arwen rêvait du futur, comme son père, et même si elle gardait toujours ces visions pour elle, elle tombait presque toujours juste. Cependant, elle ne faisait presque jamais part de ses visions, parce qu'elle ne voulait pas que sa soeur adoptive soit prise par la fougue en entendant les évènements futurs. Voyant que Aelandir ne réagissait pas, et qu'elle ne l'invitait pas non plus à rester, elle s'éloigna et se dirigea vers la porte, en passant le cadre elle soupira ;

«- Je suis vraiment désolée.. »

« - Arwen attend ! » S'exclama Aelandir et l'étoile du soir se retourna surprise, la jeune elfe reprit
« - Qu'est ce que tu sais, de ma naissance ? »

Arwen sembla hésiter de nouveau, comme si elle se demandait si c'était bien à elle de raconter cette histoire, ou tout du moins le peu qu'elle en savait. Après un instant qui parut une éternité, elle rentra à nouveau dans la chambre et vint s'asseoir sur le lit non loin d'elle. Elle lui raconta tant bien que mal comment Elrond l'avait trouvé dans un bateau revenant de Valinor il y a bien longtemps, cette belle journée d'été où la longue plage de sable blanc avait accueilli l'étrange embarcation. Elle lui expliqua qu'il avait décidé de la garder et de l'élever comme sa fille sur le conseil de Galadriel car un enfant venant de Valinor pourrait être en grand danger si ces origines se faisaient connaître. Elle avoua qu'elle avait été mise dans le secret dès sa plus tendre enfance, mais qu'elle avait accepté de garder le silence parce qu'elle savait quel équilibre fragile les liait toute les deux, un lien de fraternité qu'elle n'avait jamais pu avoir avec Elladan et Elrohir, car ils avaient toujours été à deux, sans elle. Même si elle regrettait le choix égoïste qu'elle avait fait enfant, elle savait qu'elle ne pouvait plus changer le passé, juste améliorer le futur, en étant sa soeur, son amie la plus fidèle. Quand son récit fut terminé Aelandir demanda :

« - Alors personne ne sait qui sont mes parents ? D'où je viens réellement ? »
Arwen hésita un instant avant de répondre

« - La dame de Lórien semblait savoir quelques choses mais elle n'a jamais rien dit. »

La jeune elfe se sentit remplie d'un courage nouveau. Quelqu'un savait qui elle était. Quelques pars en Lothorién quelqu'un savait.
Lorsque les premières lueurs du jour parurent Arwen quitta la pièce pour rejoindre ses appartements. Aelandir se reposa pendant quelques heures puis lorsque la cité commença à s'animer elle se redressa et se prépara. Au fond d'elle, elle en voulait toujours profondément à Arwen, pour ses mensonges, pour son laisser-faire, mais elle savait aussi que l'histoire de sa vie ne serait plus jamais dicté par autrui. Elle ne se laisserait plus endoctriner. Elle savait ce qu'elle allait faire.

La Vagabonde De La Mer ( Lotr ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant