Le Don d'Ana - Tome I - L'Apprentie Élue (En cours de rédaction)

Chapitre 66 - La leçon

Nous sommes à présent tous en selle et Laslaut referme la barrière derrière lui avant de nous rejoindre au centre du petit enclos.

Le temps qu'il explique quelques notions de base à mes camarades, j'en profite pour « com­muniquer » à Aros le bonheur que j'éprouve à me retrouver sur son dos. L'animal réceptif répond à cette information en s'ébrouant bruyamment, je ressens alors qu'il est heureux lui aussi de s'adon­ner à un peu d'exercice.

Laslaut est en train de terminer de corriger la tenue de rênes de Romuald quand soudain il se tourne vers moi.

— Ana, il est évident que vous savez monter. À vous l'honneur, énonce-t-il en m'indiquant de me rendre sur la piste.

Sans hésitation, je mets ma monture au pas d'une légère pression de jambes tout en m'appliquant à garder une position parfaite.

Après quelques tours d'échauffement, Laslaut me demande d'effectuer diffé­rentes manœuvres relativement simples qu'Aros et moi exécutons aisément afin de permettre aux apprentis cavaliers d'étudier la bonne façon de faire.

— Voyez comment elle se tient droite et comment elle accompagne de son corps les mouvements du cheval. Ses mains ne sont pas trop hautes, ses talons ne remontent pas vers le ventre de l'animal.

Pendant qu'il commente mes moindres faits et gestes, je me délecte de retrouver cette sensation si particulière.

— Vous pouvez accélérer un peu la cadence Ana, me demande-t-il.

Je ne me fais pas prier.

Une pression de jambes plus ferme et Aros se met à trotter docilement. Cette allure n'est définitivement pas la plus agréable alors j'effectue seulement quelques tours, le temps pour les autres de comprendre les astuces qui permettent de tenir en selle, avant de lancer ma monture dans un petit galop rassemblé.

Quelle joie !

Grisée par le bonheur de pouvoir à nouveau ressentir ce sentiment de liberté, je relâche un peu la tension sur les rênes. Aros comprend immédiatement ce que j'attends de lui. Il allonge alors ses foulées pour accélérer le rythme, les oreilles tendues vers l'avant et les naseaux dilatés par son souffle devenu plus court.

J'exulte littéralement !

À mes yeux, rien n'est plus galvanisant que de sentir le vent fouetter mon visage et cette puissante musculature qui vibre sous mes jambes. J'en oublierai presque mon public à qui je jette tout de même un regard, sachant que les meilleures choses ont toujours une fin. Laslaut en profite pour me faire signe de ralentir et de les rejoindre au milieu du paddock. A regret mais le cœur gonflé de bonheur, je ramène notre duo essoufflé vers le reste du groupe.

— Waouh Ana ! C'était stupéfiant !

Comme à son habitude, Romuald est particulièrement enthousiaste à la suite de cette courte démonstration et je ressens une petite pointe d'orgueil d'être celle qui a servi d'exemple pour cet atelier inespéré. Même Danaé me regarde avec une pointe d'envie bien dissimulée derrière son air suffisant.