Chapitre 70 - Vengeance

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La fin de la journée arrive bien trop vite à mon goût. Il est désormais temps de monter préparer mes effets. Danaé et moi serons les premières à quitter les lieux au lever du jour et comme nous devons être ponctuelles, j'ai déjà fait mes adieux à tout le monde.

Ce fut une effusion de larmes et je pleure encore en serrant dans mes bras Romuald sur le palier qui mène à nos chambres respectives. Nous nous promettons de nous écrire et de ne pas hésiter à solliciter l'aide de l'autre si besoin. Je lui souhaite enfin tout le meilleur avant de refermer la porte sur lui en reniflant bruyamment.

Comme il est triste de devoir quitter les gens que l'on aime en sachant qu'on ne les reverra très certainement jamais.

J'espère qu'il me sera autorisé de communiquer avec ma famille et mes amis une fois l'Élite intégrée. C'est déjà assez difficile d'accepter de ne pas revoir mes parents et Sir Tomas demain comme je me l'étais imaginé ces dernières semaines, voilà qu'il faut également tirer un trait sur mon amitié avec Romuald.

Heureusement, il me reste Plume. Je sais qu'il est désormais capable de me retrouver ou que je sois. Et Lyssandre est également au château. Voilà qui apaise mes craintes, je ne serai pas seule pour affronter cette nouvelle vie.

Forte de cette certitude, je commence à rassembler mes affaires quand une légère brise vient caresser ma joue, faisant ondoyer une mèche de cheveux jusque devant mes yeux déjà fatigués. Il se fait tard et je frissonne malgré la douceur du soir. C'est étrange, je n'ai pas le souvenir d'avoir laissé la fenêtre ouverte ce matin.

Je m'apprête à reprendre mon activité quand cette information m'interpelle à nouveau.

Intriguée, je m'approche de l'embrasure, prête à refermer. C'est à cet instant que mon regard est attiré par une chose que mon esprit refuse tout net d'intégrer. Une chose qui me tétanise. Le corps inanimé d'un oiseau reposant sur le rebord de la fenêtre. Et pas n'importe quel oiseau. Un rouge gorge.

Plume.

Je me précipite pour lui venir en aide mais je n'ai pas besoin de le toucher pour savoir ce qu'il en est. Au-delà des battements inexistants de son cœur, de ses poumons qui ne se soulèvent plus, du mince filet de mousse verdâtre qui s'échappe de son petit bec entrouvert... Je ne ressens plus rien. Pas une seule onde, pas une seule pensée n'émane de son être. Mon plus fidèle ami n'est plus.

NOOOOONNNN !!!!

PLUUUUME !!!

De chagrin, je m'effondre en hurlant de douleur tant la peine qui me terrasse à cet instant est violente.

Ma porte s'ouvre à la volée et Romuald accourt, alerté par mes cris qui ont certainement réveillé tout l'étage.

- Que se passe-t-il Ana ?! Réponds moi !

Incapable de prononcer ces terribles mots qui me lient la langue, je ne peux rien faire d'autre que tendre la main en direction de la minuscule dépouille qui git sur le bloc de pierre froide.

Le Don d'Ana - Tome I - L'Apprentie Élue (En cours de rédaction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant