Le Don d'Ana - Tome I - L'Apprentie Élue (En cours de rédaction)

Chapitre 42 - révélation

J'ai passé la soirée d'hier à tenter de calmer un Romuald remonté comme une pendule à cause de Danaé, ce qui a eu le mérite d'occuper mon cerveau torturé. Du moins jusqu'à ce que l'heure d'aller se coucher se présente et que je me retrouve de nouveau face à moi-même.

Bien évidemment je n'ai quasiment pas fermé l'œil de la nuit. Et j'ai eu beau prier tous les Dieux, le réveil en fanfare quotidien ne nous a pas été épargné. Je me tire donc du lit avec regret et me prépare tel un spectre sans vraiment prêter attention à ce que je fais. C'est à peine si j'ose jeter un regard à mon reflet, sachant la mine atroce que je risque de croiser dans le miroir et qui ne viendrait pas arranger mon humeur déjà morose.

Mon rituel matinal - et peut-être le dernier - se déroule sous le signe de la résignation. J'enchaîne les étapes par habitude mais tandis que je termine d'enfiler mes bottes, un léger mouvement derrière le carreau attire mon regard. Je tourne la tête et mon cœur fait un bond dans ma poitrine !

— Pluuuuume !

Je ne peux retenir un cri de joie !

Derrière la vitre, Plume sautille sur place en piaillant comme un dératé.

- Je n'en reviens pas ! -

Son apparition merveilleuse et inespérée éclaire ma journée comme un rayon de soleil en pleine tempête.

J'ouvre le battant aussi vite que me le permettent les lourds rideaux de velours et l'oiseau se jette sans hésiter sur la main que je lui tends. Il me picore tendrement les doigts tandis que je frotte tout doucement mon visage contre son plumage. Une vague de plénitude nous inonde tous les deux et je suis plus heureuse à cet instant que je ne l'ai été ces derniers jours.

— Comment m'as-tu retrouvée petit chenapan ? Je suis tellement contente de te voir !

L'oiseau roucoule dans le creux de ma main pendant que je lui raconte en quelques anecdotes résumées tout ce que j'ai vécu depuis mon départ de la maison. Je sais qu'il ne me comprend pas vraiment mais il ressent les émotions qui me traversent au fil de mon récit et je le sens frémir d'excitation, de peur ou s'indigner en même temps que moi à mesure que je lui narre mes aventures.

Je suis tellement comblée d'avoir retrouvé mon ami et confident que j'en oublie presque le temps qui passe, Laslaut et mon avenir incertain en tant qu'Apprentie.

Prenant alors conscience que je suis sacrément en retard, je lui fais mes adieux rapidement, sachant pertinemment que quoiqu'il advienne de moi après cette matinée décisive, je sais maintenant qu'il me retrouvera n'importe où.

— J'aimerais pouvoir te dire « à demain matin, ici et à la même heure » mais rien n'est moins sûr !

Je lui assène une dernière caresse avant de le regarder prendre son envol en direction du chêne majestueux et je m'apprête à refermer la fenêtre quand un autre mouvement furtif entre dans mon champ de vision. Il est trop tard lorsque je regarde dans cette direction mais je n'ai pas besoin de vérifier pour savoir de quoi il retourne. Ma chère voisine de chambre était en train de m'espionner ! Je ne saurai expliquer pourquoi mais je ressens un certain malaise à l'idée que Danaé puisse être au courant de l'existence de Plume. Comme si elle pouvait s'en servir contre moi...

- Totalement absurde ! -

Je secoue la tête pour me remettre les idées en place tout en terminant de m'habiller. Il est évident que je suis sérieusement à la traîne maintenant alors j'attrape mes manuels à la volée et finis d'enfiler ma cape tout en dévalant les escaliers. Et quand je me retrouve sur le seuil du manoir, j'aperçois effectivement mes camarades qui entrent dans leur classe respective.