Chapitre 26 - premier jour

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Les uns derrière les autres, nous pénétrons silencieusement dans la salle de classe ou nous sommes censés attendre le directeur.

Ayant toujours étudié à la maison avec un percepteur privé - mais surtout barbant - je n'ai jamais fréquenté d'établissements collectifs comme le font tous les enfants de la Plaine.

Je suis totalement intriguée par tout ce que je vois autour de moi. Il en va de même pour Danaé et Léonce qui sont inévitablement originaires de la Citadelle à voir leur expression hébétée. Ils tournent sur eux-mêmes afin de mieux observer les éléments qui occupent cette pièce entièrement dédiée à l'enseignement.

Romuald en revanche, ne paraît pas le moins du monde déconcerté par l'ambiance studieuse et l'ordre méticuleux qui règnent dans cette salle.

- Mon intuition était donc la bonne -

Rien ne vient attirer son regard, ni l'immense tableau noir accroché au mur devant l'énorme bureau en bois massif qui trône sur une estrade ; ni les cartes sous verre représentant le Royaume d'Élenie tel que nous le connaissons aujourd'hui mais aussi tel qu'il était avant la Rupture ; ni les rayonnages entièrement recouverts de livres et d'encyclopédies aux reliures diverses et colorées ; pas même les centaines de parchemins vierges stockés dans un caisson à l'entrée de la pièce. Il parait dans son élément et parfaitement à son aise lorsqu'il se saisit d'un rouleau avant d'aller s'asseoir sur l'une des chaises vides un peu en retrait.

Naturellement, je suis son exemple et viens m'installer à côté de lui. Les deux autres ne tardent pas à en faire de même et je ne peux m'empêcher de pester intérieurement quand je vois Danaé choisir une place au premier rang, certainement dans le but de se mettre en avant.

- Odieuse et fayote de surcroît ! -

En bon amoureux transi, le pauvre Léonce tente de prendre place à côté d'elle mais au regard noir qu'elle lui lance, il prend la sage décision de laisser un bureau vide entre eux deux.

Romuald qui n'a rien perdu de la scène me lance un regard lourd de sens et de compassion pour son camarade quand la porte s'ouvre brusquement, nous faisant tous sursauter.

Nous nous retournons pour voir entrer celui qui doit être le professeur Aïn.

Ma première pensée en voyant son air sévère, est qu'il fait partie de ces personnes qu'il vaut certainement mieux éviter de contrarier. Il s'avance vers l'estrade et le grand bureau d'un pas vif qui soulève les pans de sa cape sur son passage, cape dont je ne peux détourner les yeux !

Tous les Élus que j'ai eu l'occasion de croiser dans ma vie portaient un modèle similaire gris sombre ou noir réalisé dans un tissu certes de qualité mais plutôt classique. Celle du directeur est du même bleu profond que son tatouage ;

- Et que les nôtres maintenant que j'y pense ! -

Elle est taillée dans un splendide velours aux reflets chatoyants, ajoutant encore à la prestance du personnage. Et lorsqu'il prend la parole, nous sommes tous comme hypnotisés par son ton autoritaire et avides de savoir ce qu'il va nous annoncer.

— Bienvenue à tous les quatre dans votre nouvelle demeure, commence-t-il. Avant de vous donner quelques informations clés sur votre programme et l'organisation de votre emploi du temps, permettez-moi de me présenter. Je suis le professeur Aïn, Directeur de la Maison des Apprentis depuis plus de trente ans maintenant. J'assure également l'enseignement aux Apprentis ayant développé le Don de Clairvoyance bien que cette année, aucun de vous ne possède cette aptitude.

Nous nous regardons rapidement les uns les autres avec une expression de surprise, et je suis certaine que l'on se pose tous la même question.

- Comment peut-il savoir cela ? -

Le Don d'Ana - Tome I - L'Apprentie Élue (En cours de rédaction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant