Le Don d'Ana - Tome I - L'Apprentie Élue (En cours de rédaction)

Chapitre 40 - la rencontre

Les deux jours suivants sont consacrés aux corvées et activités extra-scolaires. Sans savoir ce que l'avenir me réserve et plutôt que de m'apitoyer sur mon sort, je choisis de continuer à profiter des lieux en attendant que la sentence tombe.

Eric, s'il est au courant de quelque chose à mon sujet, ne laisse absolument rien transparaître. Pendant que nous prenons notre petit-déjeuner, il nous expose notre emploi du temps et répartit les tâches par paire. Par chance, Danaé et Léonce sont désignés pour l'entretien des salles de classe et Romuald et moi sommes affectés au nettoyage des écuries et de la ménagerie.

Je suis ravie ! Mes derniers instants ici seront des plus agréables.

Une fois rassasiés, nous nous mettons tranquillement en route et Romuald, d'humeur espiègle, pimente le trajet avec une imitation plutôt réussie de Danaé se plaignant des corvées qu'on lui a attribuées. L'imaginer un balai à la main nous fait tellement plaisir qu'en chemin, nous ne résistons pas à l'envie de faire un détour discret du côté des salles.

La scène à laquelle on assiste n'est pas vraiment celle que nous espérions découvrir. Même si avec un peu de recul elle n'est pas vraiment surprenante. Danaé, assise sur le rebord d'un bureau, donne ses directives à Léonce qui s'exécute sans rechigner visiblement ravi de lui faire plaisir. Légèrement déçus, nous repartons en direction du parc avec un peu de compassion pour notre pauvre camarade.

On nous a demandé de débuter par les écuries et selon les consignes, nous commençons par libérer les chevaux dans un pré afin d'avoir le champ libre. Le nettoyage des stalles fait partie des corvées que je maîtrise parfaitement, je prends donc le temps de montrer à mon ami comment être le plus efficace possible sans trop se fatiguer. La tâche plutôt physique nous prend toute la matinée et nous nous accordons avec soulagement un repos bien mérité pendant la pause déjeuner. Nous nous installons sous l'arbre près du potager pour déguster un en-cas délicieux préparé par Marta. Puis quand j'estime qu'il est temps de nous y remettre, je réveille Romuald qui s'était assoupi et nous nous dirigeons vers la ménagerie.

Comme indiqué par Eric, nous trouvons à l'intérieur du bâtiment un document soigneusement rédigé par le professeur Laslaut. Il nous informe sur les précautions à prendre pour chacune des bêtes à soigner, comment les manipuler et nous donne des précisions sur leur régime alimentaire. Parallèlement à ma certitude de ne pas avoir ma place dans cette école, je ne peux m'empêcher de remarquer qu'à quelques exceptions près, aucune des informations annotées par mon professeur ne sont pour moi des découvertes.

- J'aurais presque pu écrire ce guide moi-même ! -

Je présente à mon ami chacun des animaux dont je connais déjà le nom et nous prenons le temps de faire connaissance avec les autres avant de nous les répartir. Probablement pour éviter tout accident, le document stipule également que les espèces dangereuses ont été débarrassées de leur instrument de défense. Royale par exemple est désormais incapable de nuire, privée de ses crochets au venin mortel ; il en va de même pour la tarentule dont le dard a été retiré. Mais pour éviter de traumatiser Romuald, je décide toutefois de lui attribuer les espèces les plus inoffensives.

Il se montre très curieux et particulièrement attentif, patient et respectueux des particularités de chaque animal. C'est un réel plaisir de partager mes connaissances avec lui et après un petit moment passé à prendre ses marques, il est finalement comme un poisson dans l'eau.

Nous sommes occupés à remplir les auges et les abreuvoirs, récurer les cages et les terrariums et nourrir leurs occupants tout en bavardant gaiement quand un bruit assourdissant de battement d'ailes vient interrompre notre cadence bien rythmée. Et dans un mouvement de recul nous levons la tête en même temps pour voir un énorme faucon entrer par l'une des ouvertures sous les toits et venir gracieusement s'installer sur un perchoir aux dimensions toutes aussi démesurées que lui.