Le Don d'Ana - Tome I - L'Apprentie Élue (En cours de rédaction)

Chapitre 67 - Les aveux

Romuald doit être encore un peu choqué par la chute violente de Danaé car il ne pipe pas un mot, ce qui ne lui ressemble pas le moins du monde.

Je ne peux m'empêcher de culpabiliser de nouveau. J'espère que cette vision ne l'aura pas traumatisé au point de ne plus vouloir monter à cheval... Je ne me pardonnerai jamais d'avoir gâché ce nouveau plaisir à cause de mes envies personnelles de vengeance.

Pour ma part, entre l'abjection que je ressens vis-à-vis de ce qui s'est produit par ma faute et l'appréhension de rejoindre Laslaut tout à l'heure, je ne suis pas non plus très bavarde. C'est donc dans le silence le plus complet que nous ramenons les chevaux aux écuries.

Pendant que nous dessellons les braves bêtes, je me décide enfin à prendre la parole.

— Tu vas bien Romuald ?

Perdu dans ses pensées, il relève brusquement la tête comme si une mouche l'avait piqué.

— Heu oui oui, ça va Ana. C'est juste que j'ai cru que Danaé n'allait jamais se relever. Irya était tellement calme, je me demande ce qui a pu se passer dans sa tête pour que son comportement change en une fraction de seconde, se questionne-t-il. Les animaux sont tellement imprévisibles...

Nouvelle vague de culpabilité. À cause de moi, Romuald pense désormais que les chevaux et peut-être tous les autres espèces ne sont pas dignes de confiance.

—Même si je la déteste au plus haut point, c'était tout de même quelque chose de voir Irya devenir folle et Danaé s'écraser comme une crêpe sur le sol, ajoute-t-il.

La comparaison ne me fait même pas sourire. Affligée, je me sens dans l'obligation d'avouer à Romuald que je suis à l'origine de cette scène. Moi qui pensais que nous célébrerions ensemble l'humiliation cuisante de notre pire ennemie, voilà que ce que j'imaginais prend une tout autre tournure.

— Romuald, je dois t'avouer quelque chose... Je ne suis pas fière de ce que j'ai fait mais c'est moi qui suis responsable de la chute de Danaé.

Romuald me regarde avec étonnement comme s'il découvrait une nouvelle facette de ma personnalité et je suis mortifiée qu'il puisse se méprendre sur ce que je suis vraiment. Je poursuis tout de même mes explications.

— J'ai utilisé mon Don et le « conditionnement » pour soumettre à l'esprit d'Irya la vision d'un serpent. Je sais qu'elle les a en horreur et que cela lui ferait perdre son sang-froid.

— Oh...

— Je n'ai pas réfléchi à la dangerosité de la chose, je t'assure ! J'étais simplement aveuglée par la colère et l'envie de lui faire payer toutes les horribles choses qu'elle a pu dire ou faire depuis que nous la connaissons. J'ai été stupide. Vraiment. Il existait certainement d'autres moyens de se venger d'elle.... Bref, je m'excuse si mon comportement t'a déçu et j'espère que cela ne t'aura pas ôté l'envie de réitérer l'expérience. Tu te débrouillais tellement bien ce matin !

Mon plaidoyer et mes regrets ont l'air d'avoir été entendus car mon ami semble se détendre quelque peu.

— Non ne t'en fais. Maintenant que je sais qu'Irya n'a pas volontairement tenté de tuer sa cavalière, je suis rassuré. Et puis, même si Danaé aurait pu mourir, il n'en est rien. Avec du recul, je dois bien avouer que c'était plutôt satisfaisant de la voir dans cet état, le visage et sa tenue couverts de sable et les cheveux en bataille. Elle qui fait tellement attention à son image !

Je suis rassurée de voir qu'il ne me tient pas rigueur de cette faute de jugement. Bien au contraire, il retrouve sa bonhomie naturelle et son débit de paroles habituel.