Chapitre 33 : Zero moment

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Peu de temps après que Jihoon soit parti, Sarah entra dans l'appartement, énervée.

《Que s'est-il passé ?》lui demanda Julie, inquiète.

J'espère qu'elle et Jihoon ne se sont pas croisés, pensa-t-elle en même temps. Dans le pire de cas, elle l'aurait sûrement pris pour un livreur.

《Rien, répondit-elle. J'ai juste croisé un fantôme.

- Un fantôme ? répéta Julie. Comment ça ?

- Un gars qu'on a viré de l'agence il y a quelques années, expliqua-t-elle. Il s'était battu avec d'autres trainees et avaient de sacrés casseroles qui traînaient derrière lui... Quand je l'ai revu aujourd'hui, je me suis dit qu'on avait bien fait !

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu imagines s'il était resté ? poursuivit-elle. Il aurait terni l'image de l'entreprise... et aussi, il n'arrêtait pas de se plaindre comme quoi il avait toujours faim, qu'il était fatigué et tout... et de l'autre côté, il buvait, il était grossier et il entraînait les autres sur la mauvaise voie... Un vrai paria, je te le garanti. Même après trois ans, il m'énerve toujours autant !

- Par hasard, se lança Julie, il ne s'appellerait pas Park Jihoon ?

- Si, répondit Sarah. Mais comment tu sais ça ? Il est venu te voir ?

- Non pas du tout, menti Julie. Je crois que j'avais vu une vidéo sur lui pendant mes recherches...》

Sans surprise, Sarah avala son mensonge. Elle déposa ses affaires sur la table et vérifia une dernière fois son téléphone avant de le ranger dans sa poche.

《Normalement on devrait être tranquilles jusqu'à demain, fit-elle en soupirant. Mais la présence de Jihoon ici m'intrigue... Si tu veux mon avis, ça ne présage rien de bon.》

Sarah se tourna vers Julie, un sentiment de détermination et d'inquiétude dans le regard.

《Si jamais tu le vois, dis-moi ce qu'il fait, lui demanda-t-elle, d'accord ?

- Mais... fit Julie un peu embarrassée par la demande de son amie, c'est de l'espionnage, non ?

- Oui, répondit Sarah, et alors ?

- Et alors ? répéta Julie. Je trouve ça un peu immoral d'espionner quelqu'un parce qu'on le trouve louche.

- Je sais quel type de personne il est, rétorqua son amie, et ce n'est pas quelqu'un de fréquentable.
Donc, tu ne dirais pas ça si tu le connaissais...》

Mais justement, pensa-t-elle, je le connais. Et tout ce que lui racontait son amie ne correspondait en rien à ce qu'elle avait pu voir de Jihoon, ou en tout cas, en rien de ce qu'il avait bien voulu montrer.

Au début, Julie se méfiait de l'étrange jeune homme. Il était froid, malpoli, et il rassemblait beaucoup de caractéristiques qu'avait décrit Sarah. Mais quand elle l'avait vu pleurer, elle avait vu une toute autre personne : un garçon brisé par la vie. Il avait peut-être fait des erreurs, mais pour elle ça ne justifiait pas tout ce qu'il subissait. Et désormais, ses paroles prenaient sens puisqu'elles avaient un contexte.

《Il veut se venger, ajouta Sarah en la tirant de ses pensées, c'est certain. Il ne viendrait jamais ici par hasard...

- Arrêtons de parler de ça, proposa Julie pour leur changer les idées. Et si nous la faisions cette promenade ?

*

Sarah lui fit faire un tour rapide de la ville en présentant à Julie les choses les plus emblématiques, tels que les monuments, les institutions et bâtiments politiques et les autres agences - leurs principaux concurrents, depuis un minibus touristique. Son amie lui traduisait tout puisque le guide ne parlait qu'en coréen.

《Tu vois cette agence, JYP ? désigna Sarah alors que le minibus passait devant l'immense bâtiment, avec Hybe, la SM et la YG elle fait partie du big four, c'est-à-dire des quatres plus grosses compagnies de l'industrie kpop.

- C'est un vrai business...》songea Julie à voix haute.

En tout, elle supposa qu'il devait exister des centaines de groupes, dont chacun possédaient de deux à un nombre illimité de membres. Donc l'industrie kpop créait beaucoup d'emplois en Corée. Cependant, les conditions de travail n'avaient pas toujours l'air agréables. Ni en accord avec les droits fondamentaux des Hommes. C'était ce que lui avait expliqué Park Jihoon la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, et c'était désormais ce qu'elle voyait.

Elle songea que si le jeune homme en savait autant, c'était parce qu'il avait été en contact avec ce milieu pendant des années. Cependant, Julie comptait avoir une discussion sérieuse avec lui la prochaine fois qu'ils se verraient : il avait omis de mentionner son passé, qui avait pourtant un rôle primordial dans cette affaire. Après tout, Sarah avait peut-être raison. Il faisait peut-être seulement cela pour se venger. La jeune femme ne connaissait pas assez Jihoon pour savoir s'il était capable de ça.

Comme s'il lisait dans ses pensées, son téléphone vibra et elle reçut un message du jeune coréen.

Désolé pour aujourd'hui, je ne sais pas ce qui m'a pris

Mais la prochaine fois, ne me prévenez pas au dernier moment

Julie s'apprêtait à écrire une réponse, mais Jihoon fut plus rapide qu'elle.

Il faudrait qu'on se voit pour finir ce qu'on a commencé. Demain c'est possible ?

《À qui tu écris comme ça ?》demanda Sarah en regardant par-dessus son épaule.

Julie sortit de l'application et éteignit son téléphone.

《Personne, répondit-elle. Je regardais juste un truc...

- Ah.》

Julie ré-alluma son téléphone et profita que Sarah ait le dos tourné pour changer le nom de Jihoon dans les contacts, qu'elle remplaça par 《Jerk》.

Ça lui correspond bien, songea-t-elle en rangeant son téléphone.

*

De retour chez elles, Sarah donna le planning de la journée des garçons à Julie. Elle était complète et il y avait très peu de pauses. Mais selon son amie, ce n'était pas trop épuisant.

《Et tu leur rappelleras de faire un live demain soir, ajouta Sarah. Ils n'en ont pas fait depuis un moment...》

La sonnette retentit et Sarah partit ouvrir la porte. Un livreur arrivait avec de nombreux colis.

《Tu as commandé de nouveaux meubles ou quoi ?》demanda Julie en aidant le livreur et son amie à tout rentrer dans l'appartement.

En tout, il y en avait dix-sept, tous de taille différente. Quand le livreur partit, Sarah les ouvrit un à un à l'aide d'un cutter. Elle en sortit des vêtements et des chaussures qu'elle lança à Julie.

《Allez zou, fit-elle, va m'essayer tout ça. Et après on s'occupera de tes cheveux et du maquillage...

- Pourquoi je devrais mettre du maquillage ? demanda Julie. Et qu'est-ce qu'ils ont mes cheveux ? 》

Aucune BarrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant