Chapitre 41 : Love me right

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Julie avait les muscles ankilosés par la douleur. Elle entendait des voix parler autour d'elle. Elle reconnut celles de Sarah et monsieur Nim. Il y avait une troisième voix qui appartenait à un homme qu'elle ne connaissait pas.

《...une partie de son cortex cérébral a été endommagée suite à la chute, expliquait l'homme qui semblait être un docteur, notamment au niveau de l'hippocampe. Il se peut qu'en se réveillant elle ait des troubles de mémoire...

— Vous dites qu'elle pourrait très bien se réveiller et ne pas nous reconnaître ? le coupa Sarah. Pour toujours ?

《C'est une possibilité en effet, admit-il, mais c'est souvent éphémère si c'est ce qui vois inquiète.

— Éphémère ? répéta monsieur Nim. C'est-à-dire ?

— Il est assez rare qu'une personne qui ait oublié ses proches les oublit pour toujours, poursuivit-il. En revanche, c'est différent en ce qui concerne les informations. Comme il n'y a pas toujours de sentiments associés, c'est plutôt difficile de les faire revenir.

— Mais dans le cas de l'Alzheimer, rétorqua monsieur Nim, lorsqu'on oublie une personne c'est pour toujours.

— Ne comparez pas l'Alzheimer a une commotion cérébrale, ou amnésie si vous préférez, avertit le médecin. Ce qu'a votre amie n'est en rien une maladie, mais seulement des conséquences dues à sa chute.》

Une infirmière fit irruption dans la salle et appela le docteur pour une urgence. Il quitta la chambre et laissa Sarah et monsieur Nim seuls.

《Tout est de ma faute, fondit en larme Sarah. Si je n'avais pas appelé la police, elle n'aurait pas eu cet accident...

— Ce n'est pas de ta faute, la rassura monsieur Nim, tu n'aurais pas pu prédire ce qui est arrivé. Et puis, nous avons de la chance : Julie nous est revenue sauve. La situation aurait pu être pire...

— Mais elle m'a peut-être oublié ! l'arrêta Sarah. Et si elle ne retrouvait jamais la mémoire ?

— Ce n'est pas plus mal, avoua-t-il. Ainsi elle n'aurait plus rien à voir avec Park Jihoon et l'affaire serait finie.

— Park Jihoon ? demanda Sarah. Qu'est-il devenu après l'accident ?》

Les voix s'éloignèrent et la jeune femme attendit qu'il n'y ait plus personne pour ouvrir les yeux. Elle se trouvait dans une grande chambre d'hôpital, et il y avait un vase avec des fleurs sur une table à côté d'elle.

Des chrysanthèmes, songea-t-elle. Ces fleurs étaient le symbole de la santé et de la longévité dans de nombreux pays. Cependant, Julie n'oubliait pas qu'en France elles n'étaient ni plus ni moins que des fleurs qu'on offre aux morts.

Julie en avait appris un peu plus sur sa situation. Elle ne se souvenait pas de sa chute, mais elle était visiblement liée à un accident si ce que Sarah et monsieur Nim disaient était vrai. Et d'une certaine manière, Park Jihoon, l'homme qui la harcelait pour avoir des infos, était lié à cet accident.

Pourquoi je ne m'en souviens pas ? se demanda-t-elle. Lorsqu'elle essaya de se rappeler l'accident, tout ce qu'elle gagna fut une terrible migraine. La dernière chose dont elle se souvenait était sa confrontation avec son amie dans le parc. Mais elle avait oublié le sujet de leur dispute.

Il y avait quelqu'un avec nous, songea-t-elle. Julie chercha, mais ne voyait pas de qui il pouvait s'agir. C'était un homme, et elle avait ressenti quelque chose de fort avec lui à ce moment.

Julie secoua sa tête : ce n'était pas le moment de penser à ça. Elle ne savait pas pourquoi, son instinct lui disait de s'enfuir. Il lui disait que son amie et monsieur Nim étaient louches, et qu'ils lui cachaient quelque chose d'important. Elle se leva de son lit doucement et se dirigea vers la porte. Si quelqu'un la surprenait en train de s'enfuir, elle n'aurait qu'à feindre l'amnésie.

Julie ouvrit la porte et regarda à droite et à gauche. Il y avait beaucoup de passages, mais tout le monde semblait trop occupé pour la remarquer.

Sur son chemin, elle vola la veste qu'un homme avait laissé sur sa chaise et l'enfila par-dessus sa blouse d'hôpital. Elle l'aiderait à passer un peu plus inaperçu.

Cependant, il lui manquait toujours des chaussures. Alors quand elle quitta l'établissement, elle fut confrontée à la dureté du sol. Ce n'était vraiment pas agréable pour marcher, mais elle n'avait pas d'autres choix.

*

On regardait Julie bizarrement dans la rue, sûrement à cause de la blouse d'hôpital et de ses pieds nus. Elle ne savait pas où elle allait, mais il fallait qu'elle trouve un endroit pour se mettre à l'abri.

Un van noir se gara sur le trottoir non loin d'elle. Julie passa son chemin, mais elle entendit les portières s'ouvrir et des voix familières l'appeler.

《Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Jin Taek. Tu n'es pas censée être à l'hôpital ?

— Et c'est quoi cette tenue ? ajouta Ni-ki en passant une tête à l'extérieur. C'est une nouvelle mode française ?》

Elle n'aurait su dire pourquoi, elle était soulagée de voir des visages familiers.

Julie rentra dans le van. Il n'y avait que Ni-ki, Jin Taek, et à son grand étonnement, Hye Jin. En la voyant, la coréenne se jeta dans ses bras. Elle parut secouée en la voyant et pleurait à chaudes larmes.

《J'avais peur que tu ne te réveilles pas, renifla-t-elle en se dégageant de son étreinte. D'après ce que j'ai entendu, le choc était vraiment violent. On t'a retrouvé dans le fleuve Han...》

Les pièces du puzzle se ressemblaient peu à peu. Julie se revoyait passer devant le fleuve Han sur une moto. Mais qui la conduisait ? Il y avait toujours une ombre sur le visage de cette personne.

《Tu vas vraiment mieux ? lui demanda Ni-ki alors que Hye Jin l'aidait à s'attacher à côté de lui. Tu portes encore les vêtements de l'hôpital.

— Tu ne t'es pas enfuie tout de même ? la gronda Jin Taek. Si c'est le cas, je t'y reconduis tout de suite...

— Non, attendez ! les arrêta Julie. Je vais très bien, je vous assure !

— Alors pourquoi tu portes une blouse d'hôpital ? insista Jin Taek. Et pourquoi tu n'as pas de chaussures ?

— Euh... réfléchit-elle, je les ai perdues ?》

Il se passa une main sur le visage, désespéré.

《Je vais te ramener à l'agence, la prévint Jin Taek, et Hye Jin te prêtera des vêtements. Mais si jamais quelqu'un s'aperçoit qu'il y a un problème chez toi, on te ramène tout de suite à l'hôpital. Compris ?》

Julie hocha vivement la tête, reconnaissante. Il avait toujours montré tellement de sympathie envers la jeune femme qu'elle le considérait comme un oncle.

Alors qu'il démarrait la voiture, Ni-ki se rapprocha de Julie.

《Je suis content tu ailles bien, chuchota-t-il. Comment tu as fait pour avoir cet accident ?

— Je ne sais pas, répondit-elle. Je ne sais plus.》

Aucune BarrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant