La Protégée

42. Nuit orageuse

Sofia

L'orage grondait de plus belle alors que je venais de sécher mes derniers sanglots. Une heure après l'effraction de ces trois hommes, après qu'ils soient repartis en ayant dérobé le collier en or de mon père, je n'avais eu aucunes nouvelles de Zack.

Je me disais que c'était finalement une mauvaise idée d'être venue avec lui à San Francisco.

Une très mauvaise idée.

Je restais dans mon lit, à attendre que le temps passe tout en revivant en boucle la scène d'il y a une heure. Il aurait pu m'arriver bien pire, ils auraient pu m'agresser ou s'en prendre à moi.

— Je te déteste Zack... murmurais-je entre mes dents en poussant un nouveau sanglot.

Je vérifiais de temps à autre si la porte était bien verrouillée et que personne ne risquerait d'entrer. Nos valises étaient complètement vides et en pagaille, je n'avais pas du tout la force de tout ranger.

Puis soudain, le verrou de la porte se mit à tourner lentement et je me levais aussitôt pour me mettre en position assise. Mon coeur venait de bondir de ma cage thoracique sous l'effet de l'adrénaline et mon angoisse montait de nouveau.

J'avais peur de revivre cette effroyable scène.

Je restais complètement pétrifiée en gardant un œil sur la porte qui s'ouvrait sur Zack. Je lâchais un soupir de soulagement avant de me lever du lit et de me diriger vers lui en furie. La pénombre dans laquelle nous étions plongés me permettait à peine de distinguer son visage.

— C'EST PAS TROP TÔT ! OÙ EST-CE QUE TU ÉTAIS DIS MOI ?! Hurlais-je enragée.

Ce dernier ne répondit pas et se contentait de se retourner pour refermer la porte.

— JE T'AI APPELÉ UN MILLIARDS DE FOIS ! TU SAIS CE QU'IL S'EST PASSÉ ?! REGARDE-MOI !

Il songea enfin à se tourner vers moi quelques secondes après sans même affronter mon regard. Je pouvais seulement reconnaître la forme de son visage ainsi que ses cheveux humides et ébouriffés à cause de la pluie.

— DES HOMMES SONT VENUS ICI ET- ILS ONT VOULU- ILS ONT VOULU NOUS VOLER PUTAIN ! JE TE FAISAIS CONFIANCE QUAND TU M'AS DIS QUE TU VIENDRAI SI JE T'APPELLE !! IL AURAIT PU M'ARRIVER PI-

Contre toute attente, le corps du brun s'écroula lourdement sur le mien et la force de mes petits bras me permettait à peine de le maintenir debout. Il devait faire le double de mon poids et je me retrouvais sérieusement en difficulté.

— Zack ? Tu vas bien ? Lançais-je d'un ton plus calme et inquiet à la fois.

J'entendis simplement un grognement suivi d'un marmonnement de sa part, mais sans réussir à déceler ce qu'il me disait.

Toujours contre moi, je portais ma main jusqu'à l'interrupteur à quelques mètres pour ouvrir la lumière. Une fois cela fait, l'éclairage très léger et médiocre me permettait d'enfin mieux distinguer ce qu'il se passait.

Zack avait sa main posée au niveau de sa côte et il respirait très bruyamment et de manière irrégulière. Je baissais mon regard jusqu'à sa main et aperçut avec étonnement qu'il saignait abondamment et qu'il tentait de comprimer avec le peu de forces qu'il lui restait la plaie profonde. Un hoquet de stupeur m'échappa en voyant tout ce sang.

— Oh mon Dieu ! Tu saignes énormément ! Que s'est-il passé ?

— Mon-mon père est...

— Quoi ?