La Protégée

38. Tristesse infinie

Sofia

Cette annonce eut l'effet d'un électrochoc et mon coeur bondit soudainement. Je restais longuement étonnée avant de reprendre mes esprits et de lui répondre en haussant le ton :

— Hors de question que j'aille jusqu'à San Francisco !

Je savais pertinemment qu'il voulait s'y rendre pour rechercher son père.

— Tu n'apprécies déjà plus m'avoir en tant que compagnon de voyage ? Ce n'est que le début voyons, ripostait-il en esquissant un sourire en coin.

— C'est trop dangereux !

— Je ne te laisse pas le choix de toute façon, donc tu viendras.

— Mais réfléchis un peu ! M'énervais-je. Je suis recherchée par Carlos dans tous les États-Unis, tout le monde est au courant ! Je ne peux pas prendre le risque de voyager à des kilomètres, n'importe qui pourrait me reconnaître et tu le sais !

— Ouais mais tant que tu es avec moi il ne t'arrivera rien.

Il fit quelques pas vers moi alors que je reculais en ne le lâchant pas du regard.

— Je ne partirai pas, rétorquais-je fermement en contenant ma colère.

— Ne joue pas avec mes nerfs Sofia.

Je plissais les yeux en voyant son regard se durcir. Je ne savais pas ce qu'il avait en tête, mais je ne comptais pas le suivre et risquer ma vie. Mon père n'allait pas tarder à revenir, il fallait que je reste à Chicago ou tout près.

Ne voulant pas provoquer une autre dispute avec lui, je décidais après quelques secondes de lui tourner les talons dans le plus grand des calmes. Je posais ma main sur la poignée de la porte mais il me retint rapidement par le bras. Je me tournais vers lui d'un air exaspéré.

— Tu as quinze minutes, répéta t-il d'un air autoritaire.

Je me lâchais violemment de son emprise en lui lançant un regard noir de haine tandis qu'un nouveau sourire narquois s'affichait sur son visage.

Je le déteste.

Je pénétrais sans plus attendre dans la pièce en lui claquant la porte au nez, ne supportant plus de voir son visage ni même d'entendre sa voix.

J'entendis ensuite ses bruits de pas dévaler les escaliers, signe qu'il se trouvait enfin loin de moi. Je fis ensuite les cents pas dans la pièce dans l'espoir de trouver une solution. Je ne voulais pas partir, pas aussi loin. San Francisco se trouvait à l'autre bout du pays, il était impossible que j'y aille.

Je passais une main sur mes cheveux en les tirant vers l'arrière et en prenant place sur le lit. Puis, une illumination me vint subitement. Je me relevais du lit et me dirigeais vers une petite table de chevet avec plusieurs tiroirs. J'ouvris le premier et m'emparais du cryptophone que Caiden, l'homme de Zack m'avait confié quelques semaines auparavant.

J'en avais complètement oublié son existence tellement il était rare que je m'en serve.

Je composais sans plus attendre le numéro de mon père et attendit quelques secondes sans réponse de sa part. Une deuxième fois, mais toujours rien. J'essayais de me rassurer en me disant qu'au moins, son téléphone sonnait encore.