Ⅰ) Chapitre 1 -Marionnette cassée-

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Il est là devant moi, le visage contre terre. Ses larmes coulent sur ses joues encrassées de saleté. Mon cœur bat à la chamade. L'odeur du sang s'élève dans mes narines et me fait frémir de dégout.

S'il vous plaît, épargnez-moi, me supplie-il le visage inondé de larmes. Je... ne peux pas laisser... mon fils tout seul...

Je ne pouvais qu'éprouver de la pitié pour cette vielle personne. Sa femme est morte, l'ainé de la famille a fugué et on l'a retrouvé mort de chagrin. Il ne lui reste plus que le cadet. Mes mains tremblent en sa direction. Je ne comprends pas... Il n'a rien fait de mauvais, je ne vois pas pourquoi on chercherait à le tuer. Je n'y arrive pas.

Je suis désolé maman.

Pars ou meurt ici, dis-je d'une voix sèche.

Ses yeux s'illuminent par des légères lueurs d'espoirs. Il prend aussitôt ses jambes à son cou tandis que je reste là, paralysé et tourmenté. Je prends une grande inspiration. Mes mains grelottent à cause du stress, et mes jambes semblent les plus lourdes du monde. Le poids de la culpabilité était trop fort. Je viens encore une fois de salir mon nom. Les Zoldycks sont spécialisées dans les assassinats. Mais moi je n'arrive à rien. Ma respiration se coupe soudainement quand je sens, derrière moi, une aura effroyable que je ne manque pas de reconnaitre. Je me retourne doucement pour faire face au coup ardent s'abattant sur ma joue.

Il te suffisait seulement d'un coup ! grogne ma mère. Et toi comme d'habitude, tu trouves toujours un moyen de te rendre inutile.

J'aperçois son visage se froisser. Elle semble déçue et dégoutée...

Comme d'habitude.

Elle a raison. Je suis beaucoup trop faible. Je ne mérite pas ma place au sein de la famille.

On rentre ! Impose-t-elle en me lançant un regard méprisant. Tu vas t'expliquer avec ton père !

Les battements de mon cœur s'amplifient soudainement et s'émanent dans tout mon corps. Oh non... Je vais passer un sale quart d'heure. Les coups de fouet, les étranglements, les décharges électriques... J'en suis passé. Mais cette fois-ci, je sens que ce sera la punition de trop, je sens étrangement que la mort m'attend.

Mon père se tenait devant moi. Ses prunelles bleu métallique qui s'enfonçaient dans les miennes me paralysaient. J'étais inquiet, apeuré, terrifié, comme si ma vie était en jeu. Je reste comme ça, pendant une demi-heure, pendant une éternité, à me faire hurler dessus. Cependant cette phrase prononcée si furieusement par mon père, ne pouvait que résonner en moi. Elle me procurait la sensation pénible d'un martèlement au niveau du thorax :

Penses-tu sincèrement que tu pourras fuir éternellement ? Tu ne sers à rien, Tu n'es qu'une marionnette cassée. Si tu te rends toujours aussi inutile, ta mort sera la meilleure des solutions, il n'y a pas de place pour les faibles dans cette famille.

Tout à coup, ma mère me prend par les cheveux et me balance violemment dans le placard. Elle me lance un sourire malicieux avant de verrouiller les portes à clefs. Après une éternité dans cet espace si clos et si étroit : Je n'en pouvais plus, j'avais perdu toute retenue.

Mon ventre me torturait de plus en plus. C'était comme un poignard qui s'enfonçait lentement au niveau de mon abdomen. Ma respiration se saccadait avec l'air chaud. Mes mains tremblaient sous mes cris. Les sanglots brûlaient sur mes joues, qui crépités crépitaient par la brûlure de la claque.

Je ne sais plus quoi faire d'Ilumi ! Quelle enfant incapable on a eu là Silva ! crache-t-elle d'une voix désespérée. Ses plaintes sonnent dans toute la demeure.

Je ne suis que nuisance et dérangement. Ils ont raison, je suis vraiment un bon à rien. Je ne mérite pas le nom de Zoldyck ! Je ne mérite pas la vie. Oui.

Ma naissance ne fait que causer du tort à mes parents.

Enfant incapable, propre-à-rien, sot, benêt, faible, fragile, minable, raté... Etc...

Faut que...ça change.

Oui, il le faut. Je ne veux pas mourir inutilement. Seulement je suis trop faible. Je veux être plus fort mais... mes émotions m'en empêchent. Faut absolument que je les chasse. Lentement ma respiration reprend son rythme habituel tandis que mon cœur manque de plus en plus de battements. Tout devenait si calme lorsque sa présence ne se sentait plus dans ma poitrine.

Plus rien...

Mes mains ne tremblent plus.

Plus rien...

Mes yeux et ma bouche se détendent.

Plus rien...

C'est le néant.

La pièce parait étonnamment calme et vide. J'aperçois une boîte d'aiguilles au coin. Mes yeux se figent au niveau de leurs pointes.

Bon sang ! J'ai une soudaine envie de me faire du mal, de me mutiler, de m'ouvrir la peau, de me faire saigner.

Alors, sans plus attendre, je saisis la boîte et prend une aiguille...
Est-ce que ça fera mal ? ...
Ou est-ce que je resterais impassible ?
Je me mutile alors vivement tout au long de l'avant bras. J'aurais mieux aimé que ce soit la première option mais le résultat fut la deuxième. Malgré ça, une sensation me pousse à continuer. Elle me procure une étrange sensation d'apaisement.

Tout à coup, j'entend la porte grincer doucement.
Hâtivement, je retrousse mes manches et range la boite d'aiguilles dans la poche de mon pull.

Illumi ? interpelle ma mère.

Incapable de sortir un son de ma bouche, je lui fais tout simplement face. Sa bouche s'ouvre légèrement comme si elle était étonnée.

Tu peux sortir.

Je sors donc du placard en ignorant le fait que j'étais sur le point de m'évanouir.

Ça fait combien de temps que je suis enfermé là-dedans ? demandé-je d'une voix impassible.

28h, affirme-t-elle fièrement.

Je lui souris légèrement avant d'aller dans la cuisine. La domestique se fige en m'apercevant.

Faite-moi du poulet Katsu au curry et un pudding, ordonné-je d'une voix ferme.

Elle s'exécute aussitôt. Je me dirige ensuite vers la douche. Toujours en ignorant le malaise qui me montait à la tête, je me tiens face au miroir. J'ai perdu du poids, mes cheveux sont tirés n'importe comment, et surtout, mes yeux : ils sont si noirs, si profonds, si vitreux. Je ressemble à un cadavre. Sans réfléchir, je prends les ciseaux et je me coupe les cheveux. Sans regarder le résultat, je me détache du miroir pour prendre une douche. Mes blessures picotent au contact de l'eau et...c'est étrangement plaisant. Après m'être habillé, Je me dirige vers la cuisine. Je bois une grande bouteille d'eau à la va-vite et j'engloutis mon plat comme un chien affamé. La domestique me contemple étrangement. Je peux voir des étincelles dans ses yeux. Peut-être que c'est-ce parce que j'ai changé ? Je l'évite royalement et finis par rentrer dans ma chambre. C'est vrai que le changement se sentait, c'était comme si une aura enveloppait mon corps. Comme s'il y avait deux âmes qui cohabitaient en moi. Je cache mes aiguilles sous le matelas de mon lit et je bondis aussitôt dessus. Sans me poser plus de questions, je tombe dans les bras de Morphée.

The broken Puppet ⟦Illumi Story + Hisoillu⟧ EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant