Ⅰ) Chapitre 12 -Le regard est le reflet de l'âme-

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J'arrive chez moi un peu plus tard que d'habitude. Il est dix-huit heures et le ciel s'enveloppe déjà d'une immensité sombre. Les silhouettes défilantes à travers les fenêtres, se démarquent comme l'aube par la lueur rougeâtre et rose de la lumière. Pourtant la demeure ressemble à un château sans vie, comme si ceux qui s'y trouvaient n'étaient que des fantômes.

À vrai dire, mon programme avec Hisoka s'est fini à quinze heures, les trois heures supplémentaires étaient la durée du retour. Ça ne me ressemble pas, ralentir ma marche pour faire face à mes préoccupations, mais je dois avouer que je ne pouvais plus aussi, résister au doux désir de liberté, au beau désir de fuir.

Aujourd'hui c'est mon anniversaire, et j'ai négligé l'âge que j'avais. Je suis tellement différent des autres enfants que j'ai oublié que j'en étais un. Je les ai regardés jouer au parc, j'analysai chaque geste qu'ils faisaient mais je ne trouvais rien qui pouvait m'amuser. Les adultes ont tendance à dire que l'on est déjà grand à l'âge de seize ans, mais ils oublient parfois la une différence entre grandir et vieillir.

Des fois, quand je regarde le roux, j'ai l'impression de voir un enfant. Passer par quatre chemins, vouloir jouer encore et encore pour avoir il veut. C'est énervant, mais je n'ai pas à me plaindre. Après tout nous jouons dans la même catégorie, seulement notre façon de faire nous différencie. Sans mentir, j'aimerais savoir dans quel milieu a-t-il grandi pour faire de lui, l'homme désireux qu'il est aujourd'hui. En plus, je sais que je le perdrai si je viens à ne pas être au bout de ses attentes. Enfin, non c'est plutôt lui qui me perdra ! Mes pensées se mélangent, je ne sais plus où elles vont, et puis ce baiser me chamboule encore. Il devrait m'appartenir maintenant, mais c'est vraiment extraterrestre comme sensation. Ça m'effraie... C'était comme si y avait une connexion entre nous, comme si nous étions liées.

Je souffle. Mes émotions me perturbent. Comme un deuil, elles partent mais leur présence semblent toujours être en moi. Je me ressaisis en me frappant la tête. Je n'ai plus de temps à perdre.

Arrivé dans la demeure, je vois la domestique courir précipitamment vers moi. Elle s'arrête essoufflée, ses mains tremblantes se posent doucement sur les miennes. Son visage se relève, inondé par des larmes.

Maître Illumi, j'aimerais vous faire preuve de mes derniers mots, annonce-t-elle d'une voix chevrotante.

Sa respiration est forte, elle prend ma main droite et la place sur son sein. Son geste me prête confusion et me pousse à rester. Je sens les battements de son cœur se multiplier. Elle pousse un soupire remplit de chagrin puis reprend :

Je n'ai jamais cru que cela allait arriver, je vous voyais grandir et je sentais que ce sentiment à l'intérieur de moi prenait le même rythme. Chaque fois que votre présence humait la pièce où je me trouvais, j'oubliais mon rôle de servante et je me sentais libre. Peu à peu vous êtes devenu ma raison de vivre, lorsque vous sortiez pour faire vos entraînements, je sentais ce gros trou noir avaler mon cœur. C'est devenu difficile pour moi de tout contenir toute seule, alors, au lieu de vous dire ce que j'avais sur le cœur, j'en ai parlé, j'ai dit aux autres servantes que je vous aimais hardiment, mais je suis faible hélas, je me suis faite avoir, alors avant que l'on m'achève, je voulais vous dire que je vous apprécie, je vous adore, je vous affectionne, et surtout je vous-

Avant qu'elle puisse finir ses mots, son cœur se stoppe, son corps frêle tombe parterre. Ses dernières larmes encore chaudes coulent doucement le long de sa joue et son sang gorge le tapis blanc. Je me fige entre la surprise et la terreur.

C'est si horrible que ça l'amour ?

Illumi mon fils, tu es enfin rentré, s'étonne ma mère.

The broken Puppet ⟦Illumi Story + Hisoillu⟧ EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant