Ⅲ) Chapitre 57 -Coup de sang🃏-

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14 décembre 1995.

Je me réveille avec un mal de crâne modéré. Des pleurs et des hurlements de femme font écho derrière le mur. Si mon ouïe marche bien, son mari a posé une caméra dans le pommeau de la douche, il s'est permis de partager des vidéos d'elle nue sans son consentement. Mon malaise s'étend, mon corps déjà si épuisé pourtant perd en énergie. Il m'inspire que dédain et dégoût, il n'y a rien dans son acte qui puisse rendre fière.

Je me relève doucement et j'attrape mon téléphone qui bourdonne depuis un certain temps sur la table de nuit. On me demande à la Tour Céleste. Illumi a plus d'importance, donc je préfère décliner poliment. Je comprends mieux ces coups pénibles au crâne lorsque je vois à l'écran qu'il n'est que huit heures du matin. Je n'ai eu que deux heures de sommeil. Je me douche à l'eau froide et me frictionne le ventre pour atténuer la tension de mon corps, mais ça n'a aucun effet.

Je me place devant la fenêtre et j'active mon gyô sous la pression de la douleur qui grandit au fur et à mesure. Ma vision s'attarde rapidement sur Illumi ouvrant les rideaux. C'est parfait. Sa chambre se trouve en face de la mienne. Il ne porte qu'un caleçon, et à en juger ses cernes, il a dû dormir tard lui aussi. Il a les yeux rivés devant alors qu'il se brosse les dents, il ne sait pas qui est caché derrière le rideau voisin. J'ai le corps qui trésaille. Je contemple longuement ses traits de mannequin avant qu'ils ne soient cachés par ses vêtements. Il est dorénavant vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon droit gris. Il sort ses aiguilles et les insèrent dans sa peau. Il développe une capacité que je n'ai jamais vu. Il prend totalement l'apparence d'une jeune femme blonde. Je suis amoureux de cette technique, mais tout de même, elle m'inquiète... Elle me porte à penser qu'il m'a peut-être caché des bleus, des blessures, des griffures. Non, aucune aiguille n'était sur sa peau durant les jours où je m'occupais de lui.

Il s'en va et je fais de même. Je le précède de loin en dissimulant mon nen. Une fois que j'ai capté l'emplacement de l'entreprise dans lequel il travaille, je fais un détour vers un magasin de vêtements pour m'acheter une perruque et un uniforme presque similaire au sien. Je sens que je vais m'amuser ! Cependant cette enthousiaste ne s'infiltre pas véritablement en moi, cette situation me rappelle la mission de Kuroro. Je me demande s'il compte me reparler un jour, ça me démange.

Je me prends un café dans un restaurant situé à proximité du magasin. Je m'attable et le fais tournoyer dans la même direction que mes pensées prendraient s'ils formaient un tourbillon. Ces dualités qui m'habitent me pèsent fortement. Illumi me fait terriblement souffrir par sa négligence à mon égard, alors que Kuroro étant moins égoïste et alors plus faible que moi le fait l'admirer.

Il est faible, mais il domine les plus forts...

Il ressemble légèrement à cet enfant que j'avais rencontré dans ce petit village... J'avais emménagé durant quelques mois avec ma troupe pour la préparation d'un théâtre. J'avais doux ans et lui dix. Il était tellement faible et misérable... mais pourtant fascinant car malgré toutes les atrocités qu'il recevait, il ne pouvait en aucun cas considérer autrui comme son ennemi. Je voulais sortir cette haine secrète parce que je trouvais ça injuste.

Malheureusement il était absent le jour de mon spectacle et donc, le jour de mon départ.

Je vide la tasse en une gorgée. Mon malaise s'efface à moitié. Je me lève d'un bon et hâte mes pas vers l'entreprise.

Une fois à l'intérieur, je me mets à la recherche d'Illumi.

Vous cherchez quelque chose ? demande une petite brune.

Une blondasse... Une grande blondasse misanthrope. 

Ses yeux bleus tentent d'explorer mes pensées.

Ah, finit-elle par dire après quelques secondes de réflexion. Je pense qu'elle est encore avec Darrel au troisième étage.

Mes yeux se plissent et ma mâchoire se crispe.

Excusez-moi, je suis nouveau. J'ignore qui est Darrel.

Elle recule d'un pas en apercevant mon changement d'expression.

Un homme d'un mètre quatre-vingt, c'est un des directeurs financiers de l'entreprise.

Je vois, soufflé-je lentement. Merci.

Je lui lance un bref sourire et je me dirige aussitôt au troisième étage. Mon cœur manque un battement lorsque je le vois assis à côté de ce fameux Darrel. Je me place devant eux, dissimulant mon visage derrière l'ordinateur. Il lui parle d'affaires, avec une voix douce... avec une voix beaucoup trop douce.

Nous formons une bonne équipe ensemble, remarque-t-il. Tu es intelligente, vive, parfaite.

C'est la trente-cinquième fois que vous me le dites, réplique Illumi d'une voix lasse.

Il échappe un rire satisfait. Mes dents grincent. Si seulement je pouvais le sauter dessus et l'étrangler.

Vous avez même calculé ça. Il se rapproche de l'épaule d'Illumi. En fait, pour maintenir le business familial et la hiérarchie de l'entreprise, j'ai besoin d'une femme capable.

Illumi déglutit. Mes envies de meurtres reviennent soudainement, et plus fortes depuis longtemps. J'ai un coup de sang, je ne pourrais pas me retenir plus longtemps. Il pense avoir du pouvoir sur lui, il pense pouvoir me le voler.

Peu importe de quelle manière, je dois le tuer.

Je me retire vivement et me place au fond, les scrutant profondément. Je suis chaque faits et gestes de Darrel. Il se retire enfin et se dirige vers les toilettes. Je le suis discrètement en maintenant au maximum mon aura. Je suis chanceux, la pièce est vide. Je tente d'ouvrir la porte de la cabine mais elle est fermée à serrure.

C'est occupé, s'exclame-t-il avec un léger ton ferme.

La porte s'ouvre avec un léger grincement. Je le coince immédiatement sur la cuvette des toilettes et referme la cabine à serrure. Je pose ma main sur sa bouche avant qu'il puisse entamer le moindre bruit. Je presse mes doigts sur ses joues en me penchant doucement mon visage vers le sien.

Darrel, murmuré-je à son oreille. Je vais glisser ma carte sur ton ventre, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle te coupe les tripes.

Lorsque je sors la carte de ma poche, des coups de pieds s'affalent sur mes genoux, sa salive mouille ma main. Mes lèvres s'étiraient et mes yeux s'écarquillaient.

Je lui tranche une première fois le ventre. Ses mains empoignent ma chemise et le sang gicle sur le tissu. Mon geste était malheureusement trop rapide. Je veux qu'il meure horriblement.

Illumi est mien. Quiconque tentant de me le prendre en subira les conséquences. 

Quelques minutes plus tard, son corps est étendu à terre. Le sang se déploie du mur jusqu'au sol. Ses yeux sont encore grands ouverts et les bulles sanguines glissent doucement sur son menton. 


The broken Puppet ⟦Illumi Story + Hisoillu⟧ EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant