47| Que se passe-t-il ?

101 7 0
                                    

Il avance, puis s'arrête. Il regarde autour de lui, puis sourit. Il respire, puis regrette. Devant la porte du couloir d'Irimée, Rudixal vient chercher Katha pour un repas au restaurant. Mais il hésite ; devrait-il entrer ? Avait-il le droit de se tenir aux cotés de Katha, après l'avoir utilisée de la sorte ? Certes, au départ il était pourvut de mauvaises intentions, mais au fil du temps, il avait appris à aimer Katha pour sa personne. Elle était intelligente, magnifique et son cœur était aussi pur qu'une brise d'air montagnard. Désormais, il était amoureux d'elle. Néanmoins la culpabilité de ses actes le rongeait tant qu'il n'arrivait même plus à la regarder dans les yeux. Peut-être aurait ce été plus sage de lui dire la vérité ? Mais, si elle décidait de se séparer de lui ? Et puis, il ne pouvait pas révéler ce dans quoi il s'était lui même impliqué dans le but d'acquérir un pouvoir social inutile qu'il possédait déjà, car sa vie risquerait de lui être retirée... Il s'était montré avide et avait choisi de casser l'œuf : à présent, la coquille demeurait irréparable. Finalement, il songea à rebrousser chemin et tourna les talons.

-Bah, tu vas où ?

Rudixal sursauta. C'était Aoi, qui revenait d'une virée shopping. Les bras croulants sous le poids de ses cinq sacs provenant tous de marques de luxe, elle le dévisageait suspicieusement.

-Tu n'es pas censé déjeuner avec ma sœur ? Reprit-elle.

Il se gratta l'avant bras, signe que quelque chose clochait. Mais Aoi n'était pas Katha et elle ne savait donc pas que Rudixal mentait. C'est ce qui permit à celui-ci de répondre sans craintes :

-Si, mais je me disais que j'aurais peut-être dû porter une veste. Il désigna sa chemise, il fait froid dehors donc...

-Oh, je vois. Mais ne te mets pas en retard pour ça, Katha pourrait croire que tu as oublié votre rendez-vous. Vas d'abord la chercher. Sourit chaleureusement la jeune fille.

-Merci... Merci du conseil, ah ah !

Aoi présenta son bracelet au capteur et la porte se déverrouilla. Elle entra, et voyant que Rudixal ne la suivait pas, se retourna pour lui demander :

-Bah alors, tu viens ?

Dans le couloir, Rudixal angoissait comme jamais. Plus il se rapprochait de la chambre de Katha, plus il tremblait. Il l'imaginait débarquer, furieuse, en lui disant qu'elle avait tout découvert et que c'était terminé entre eux. Aoi toqua à la porte, mais personne ne vint ouvrir. Elle n'attendit pas plus et déverrouilla. Dans la pièce, tout était vide. Pas l'ombre d'une Katha. Le seul être vivant présent était l'oiseau blessé qu'elle avait recueilli la veille, et qui chantonnait mollement, allongé sur son lit de coton.

-Elle n'est pas là, constata la jeune fille en refermant la porte.

Cette absence ne fit que redoubler les angoisses de Rudixal.

Une autre porte se referma. C'était celle des appartements d'Adama. Une employée en sortit, poussant un chariot repas vide. Elle s'arrêta pour saluer les deux jeunes gens et leur indiqua, à la demande d'Aoi, que Katha se trouvait avec son père. Ce fut cette fois ci au tour d'Aoi de s'inquiéter : Katha et son père n'entretenaient pas une relation assez forte pour se retrouver à discuter de la sorte. Quelque chose n'allait pas. D'un pas précipité, elle fonça vers la chambre de son paternel en laissant ses précieux sacs à même le sol. Rudixal la suivit et arriva a sa hauteur alors qu'elle avait déjà toqué à la porte.

-Entrez !

Aoi frissonna, ce n'était pas la voix grave et stridente de son père, mais une voix faible et fatiguée qui lui avait répondu. Elle ouvrit la porte et atterrit dans le bureau. Elle et Rudixal prirent la première porte sur la gauche, qui menait à la chambre. Son père était assis sur le sofa, Katha à ses cotés. Sa fille lui servait de l'eau et il semblait agacé.

Liés à jamais. [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant