60| Hors de contrôle.

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Rudixal n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Comment avait-il pu ? Comment avait-il pu commettre une telle atrocité ?

Il était vrai qu'au départ, seul l'argent l'intéressait. Pour lui, les d'Irimée n'étaient qu'une bande de prétentieux imbus d'eux mêmes et il était ravi de pouvoir faire fortune grâce à eux. Cela avait été un jeu d'enfant de séduire Katha, la plus jeune, grâce à quelques belles paroles. Elle faisait la dure mais était en réalité, la plus facile des trois.

C'est ce qu'il pensait auparavant.

Car subitement, il s'était heurté contre une réalité qui n'avait pas été prévue dans le plan initial : une famille chaleureuse et bienveillante, un séjour magique et surtout, surtout... Une merveilleuse jeune fille.

Rudixal n'avait jamais rencontré quelqu'un comme elle. Elle avait du caractère, de l'humour et cette façon si originale de voir et de penser. Au final, son plan s'était retourné contre lui et il était tombé amoureux d'elle en un rien de temps, oubliant peu à peu sa mission initiale. Et lorsque les remords avaient achevé de le ronger de l'intérieur, il avait pris la décision de tout raconter à sa bien aimée et de la laisser juger quelle sentence était appropriée. Mais ce foutu prince l'en avait dissuadé. Il l'avait menacé pour être correct, et donc par la suite, empêché de se libérer. Désormais, il n'y avait plus de retour en arrière car Adama était mort. Ni Katha ni personne de sa famille n'avait montré signe de vie. Rudixal venait de briser le cœur de celle qu'il aimait, en tuant son père avec un sourire déconcertant, et c'était désormais trop tard pour arranger les choses. Il se répugnait au plus haut point. Comment avait-il pu ? Il n'était qu'un lâche qui n'avait ni le courage d'avouer la vérité, ni le courage d'affronter le prince.

Il avait l'impression d'étouffer dans son propre corps, souhaitait s'arracher la peau pour devenir quelqu'un d'autre, disparaître dans l'ombre, et mourir d'agonie.

Mais il n'avait pas le courage de faire tout ça, tout simplement parce qu'il était lâche, terriblement lâche.

Peut-être était-il temps pour lui de devenir courageux, d'aller se rendre ? Oui. C'était ce qu'il devait faire, ce qu'il convenait de faire. Se rendre, être honnête et accepter sa punition.

Décidé, Rudixal se leva de son lit, et se dirigea vers la porte d'entrée. Étant venu au palais seul, il n'avait pas de couloir attribué et sa chambre était directement accessible par n'importe qui. Ce n'était peut-être pas une bonne chose pour Rudixal, car quand il ouvrit la porte avec toute la conviction du monde, quelqu'un de bien plus déterminé l'attendait de l'autre côté.

Son regard rouge sang était à peine reconnaissable, tant la haine recouvrait ses iris flamboyants.

-Salut, Rudy. Fit Yros.

Rudixal n'eut même pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, qu'un horrible coup de poing s'abattit sur son visage. La force de frappe avait été telle que du sang coulait de son nez. Il vacilla, s'appuya contre un des meubles hors de prix de sa chambre, et tenta d'aligner deux pensées cohérentes.

Mais Yros fonça droit sur lui pour enfoncer son poing dans l'estomac. Le souffle de Rudixal se retrouva coupé pendant un court moment où il crut que c'était la fin. Il tenta d'articuler un faible "arrête" mais le brun revint à la charge, déchaîné.

-Je vais te tuer. Dit-il.

Et Rudixal comprit qu'il ne pourrait jamais s'excuser auprès de Katha.

***

Thomas arriva devant le château et pris le temps de respirer un peu car il avait effectué une téléportation extrêmement rapide sur une longue distance. Après avoir perdu presque dix minutes à suivre le protocole de sécurité, il s'engagea à l'intérieur. Les plates-formes luisantes étaient sagement garées dans un coin, attendant que quelqu'un daigne les utiliser. Thomas hésita à continuer de se déplacer par le biais de la téléportation, mais songea qu'il ne savait pas où résidait Rudixal. Si celui ci vivait dans un couloir, la porte anti-téléportation obligerait Thomas à toquer. Hors, le seul accès à la majorité des couloirs résidentiels du château était la voie des airs. Thomas ne pouvait pas attendre qu'on vienne lui ouvrir en restant suspendu dans le vide. Il conclut donc que voyager avec la plate-forme était bien plus que nécessaire.

Liés à jamais. [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant