Liés à jamais. [bxb]

58| Machinations.

Ofos entra dans sa chambre et se laissa tomber sur son canapé. Devant lui, la petite table et même le sol étaient recouverts de photos et d'informations qu'il avait récoltés durant le temps qu'il avait passé enfermé dans sa chambre. Chari vint vers lui et il le prit dans ses bras avant de l'embrasser sur le front. L'animal se mit en boule sur ses genoux et le mage le caressa, les yeux perdus dans le vide.

Il venait comme la plupart des invités, d'assister à l'annonce du décès d'Adama d'Irimée. Cette nouvelle avait bouleversé tout le monde, et il fallait être aveugle pour ne pas remarquer la tension plaquée sur le visage du roi. Ni Thomas, ni Yros et ses sœurs n'étaient venus assister à cette annonce, ce qui était en soi, assez compréhensif. La dernière fois qu'Ofos avait parlé à Thomas, celui-ci s'était inutilement énervé, lui reprochant de ne pas savoir être là pour ses amis. Peut-être faudrait-il qu'il pense à aller se réconcilier avec cet idiot, car sans lui et son âme sœur surprotecteur, Ofos s'ennuyait beaucoup.
La seule personne qu'il avait vue après cela était Zollie qui la veille au soir, était venu le voir sans raison particulière. Il avait bégayé quelques bêtises avant lui demander de ses nouvelles. Ofos n'avait pas compris et n'avait pas essayé de comprendre. Il n'avait pas que ça à faire.

Effectivement, il n'avait toujours pas trouvé qui était à l'origine du prélèvement d'écaille sur Chari. Certains pourraient voir cela comme excessif, de ne pas avoir tiré un trait sur cette affaire. Mais Ofos était têtu. Têtu et très doué pour retrouver une trace. Non seulement il avait accès à un grand nombre d'endroits et d'informations confidentielles, mais en plus, sa magie permettait beaucoup de choses. Ce n'était donc pas normal qu'il ne trouve rien sur la personne qui avait miraculeusement réussi à s'introduire dans le palais. D'ailleurs, ce n'était pas normal non plus qu'elle ait pu entrer dans le château surprotégé du roi sans laisser aucune trace. Il n'y avait qu'une seule réponse qui justifiait un passage si facile ; quelqu'un à l'intérieur du palais était de mèche avec cette personne.

Mais pourquoi vouloir aider à voler des écailles de dragon ? Il y avait réfléchi avant d'en conclure que c'était probablement parce que les écailles d'un dragon étaient magiques, et que celles de Chari possédaient des propriétés toxiques. L'avantage de la magie a toujours été son éphémérité. En clair, si quelqu'un venait à se faire empoisonner par la magie de son dragon, toute trace de cette magie aurait disparu quelques heures après le décès. Une mort facile qui ne laisserait aucune preuve. Voilà ce qu'Ofos en avait conclu. Et peu après cela, Adama d'Irimée perdait la vie ? Quelque chose clochait. Alors il en valait de soi qu'étant friand d'énigmes, le mage veuille découvrir la vérité.

De plus, ce que Thomas lui avait révélé le tracassait au plus au point. Quelqu'un s'amusait à recruter des habitants de l'Abandon pour en faire des agents professionnels capable de tuer ? Beaucoup d'ischiriens en avait les moyens, mais peu d'entre eux oserait faire une telle chose. Si, comme Thomas l'affirmait, le prince Élie en était à l'origine, que pouvait-il bien gagner à faire tout ça ?

Que se passait-il ?

La respiration de Chari ralentit. Il s'était endormi, et Ofos sourit inconsciemment en observant le petit dragon roupiller tranquillement.

C'est alors qu'il entendit du bruit près de sa fenêtre. Il prit son dragon endormi dans ses bras et se leva pour aller voir, sur ses gardes. Néanmoins ses muscles se détendirent de suite lorsqu'il vu quel petit animal lui demandait d'ouvrir la fenêtre. C'était un oiseau turquoise, dont le corps légèrement transparent lui donnait des airs d'hologramme. Des spirales blanches étaient dessinées sur son torse ; il ne pouvait être qu'un messager de la Grande Fée.

Celle-ci n'aimait pas envoyer des messages virtuels et ne faisait pas confiance aux lettres. Alors elle transformait toujours son message en oiseau, et peu de gens savait cela. Elle réservait toujours ce type de message pour les destinataires importants (bien qu'elle n'aurait jamais avoué à haute voix, considérer Ofos comme important) ainsi que pour les grandes occasions.